Comment En Marche ! s’est implanté en régions

[dropcap size=big]L[/dropcap]e 6 avril dernier, Emmanuel Macron créait son mouvement En Marche !, ayant pour objectif de rebattre les cartes de la politique et de “remettre la France en mouvement” en rénovant les formes d’engagement politique. À la suite du succès de l’opération “La grande Marche”, campagne de porte-à-porte qui visait à recueillir le témoignage de 10 000 Français durant l’été, l’organisation, qui se veut transpartisane, s’est implantée en régions grâce à de nombreux comités locaux. Rencontre avec des “Marcheurs” et analyse du développement fulgurant de ces comités.

Des plateformes locales, gérées par des adhérents

Ils s’appellent Isabelle, Romain, Rachid, Corinne, ont des âges et des origines sociales différentes,  mais ont un point commun : ils participent tous à un comité local non loin de chez eux.  Sorte de cellule de quartier, ces comités locaux sont des lieux de rencontre où les adhérents d’En Marche ou de simples curieux viennent échanger et débattre autour de questionnaires envoyés par le QG du mouvement aux animateurs locaux.

Ces derniers, responsables de leur propre comité, fixent la date du rassemblement de sorte à ce que les échanges aient lieu au moins une fois par semaine. Ces réunions sont principalement des ateliers de restitution, qui ont pour base les données recueillies lors de “La grande Marche”. Les trois grands thèmes autour desquels les participants échangent sont principalement la vie quotidienne, la vie engagée et la vie ensemble – thèmes porteurs des trois grands meetings d’Emmanuel Macron au cours du mois d’octobre dernier.

L’objectif du comité est de répondre à ce questionnaire de la façon la plus unanime possible et de l’envoyer aux responsables d’En Marche. Ces réponses sont censées composer le programme d’Emmanuel Macron, candidat à l’élection présidentielle de 2017.

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Des rencontres-débat qui rappellent le fonctionnement des partis politiques… mais s’en démarquent

Les “marcheurs”   se retrouvent hebdomadairement dans un bar, un restaurant ou chez l’animateur local lui-même. Ugo, animateur local du comité Esplanade à Strasbourg nous explique qu’il ne faut pas avoir peur de « franchir le pas ». Se retrouvent à ces réunions des « adhérents, des jeunes qui passaient là par hasard, des personnes politisées, mais avant tout des personnes désireuses de faire avancer le débat ».

Et du débat, il y en a : “ on assiste parfois à des discussions musclées entre des fortes têtes qui s’affrontent et défendent leurs idées, mais tout le monde a son mot à dire…”

Les comités locaux ne sont pas seulement des réunions de travail. Parfois les adeptes se réunissent pour partager des évènements politiques, à l’image du débat de la droite et du centre, ou assister à des conférences. « C’est une véritable communauté, beaucoup de contacts se créent entre les adhérents qui se retrouvent bien plus souvent que pour les seuls évènements En Marche » nous explique Ugo.

Les comités locaux se sont multipliés (Capture d’écran en-marche.fr)

Ces plateformes locales sont une opportunité pour des personnes de bords politiques très différents d’échanger.  Des hommes et femmes, de tout âge, politisés ou non, se rassemblent pour débattre. C’est ainsi qu’Ugo retrouve dans son comité un jeune ayant participé à la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, désireux de changer les codes de la politique et qui adhère totalement à l’essence d’En Marche. Cette pluralité des pensées et conviction permet “d’alimenter le débat” , nous affirme-t-il.

Cette diversité d’opinions fait la singularité du mouvement, en rassemblant des individus qui n’ont fondamentalement pas les mêmes idées, mais qui disposent tous d’une même envie de changer les choses, ce qu’ils pensent réaliser en rejoignant Emmanuel Macron et en lui permettant, peut-être, d’accéder à la Présidence de la République.

En Marche !, qui compte déjà plus de 120 000 adhérents en ligne (l’équivalent du Parti socialiste), apparaît comme un mouvement qui innove dans les formes de l’engagement politique, sans pouvoir échapper aux formes traditionnelles des fonctionnements partisans. Adhérents et curieux étaient plus de 12 000 à répondre présents ce samedi lors du premier meeting de campagne d’Emmanuel Macron.