Joseph Ekoko est un jeune de 20 ans originaire de banlieue parisienne, à Argenteuil. Il se définit comme étant un jeune artiste, penseur, inspiré par les rues et par la rue qui tente de combiner sa passion pour la littérature et l’art avec sa culture. Il est notamment membre du collectif Outcasts Rules.
Views : Aurais-tu un mot à dire en préambule, une pensée à partager avec nos lecteurs ?
Joseph Ekoko : Voyez du beau et du grand même dans les petites choses, tel est le message de cette petite prose.
Quel a été ton parcours ?
Rien de grandiose. J’étais au lycée en filière scientifique, j’ai détesté mais j’ai eu mon bac sans trop de problèmes. Aujourd’hui je suis à la fac de Nanterre, en Humanités-Droit-Economie/gestion.
À quel âge as tu écris ton premier poème ?
Tout le monde a déjà écrit un poème à l’école en maternelle (Rires). Mais mon premier « vrai » poème, je l’ai écrit à 17 ans sans trop savoir pour quelle raison.
Es-tu un grand amateur de littérature ?
Oui.
Que lis tu, par exemple ?
Il m’est impossible de citer tous les auteurs que je lis, en voici quelques parmi la littérature connue, Baudelaire, Césaire, Zamiatine, Orwell, Duras, Machiavel, Tolstoî, Malraux, et j’en passe… Mais je lis aussi beaucoup d’essais, philosophiques, économiques, sociologiques, anthropologiques etc… de Frantz Fanon, Placide Tempels à Métivier, ou encore Levi-Strauss, Hobbes, Marx, Smith à Cheick Anta Diop…
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Je m’inspire, bien sûr, de beaucoup de poètes, français comme étrangers ; mais au delà de ça, l’environnement urbain et ma culture originelle prennent une place conséquente au sein de mes inspirations, qui restent cependant infinies. Je puise partout. C’est l’ensemble du monde vivant ou non-vivant et la métaphysique ; couplé au savoir que j’emmagasine progressivement.
Quel est ton processus d’écriture ?
Les mots, comme les pensées viennent seuls, sans avoir à forcer les choses. Il n’y a pas de processus, ni de temps pour écrire, même s’il est vrai que j’écris beaucoup plus quand je suis seul, le soir. Mais j’ai tout le temps un carnet et un stylo sur moi. J’observe et je pense, ni plus ni moins que tout le monde. Quand il le faut, sans trop savoir pourquoi, j’ouvre mon carnet et j’écris. Je peaufine ensuite cette ébauche quelques heures ou jours plus tard. C’est un plus un automatisme, un état d’âme, qu’une activité que je m’impose.
Tu associes tes poèmes à des photos sur ton site. Est-ce que tu traduis dans tes poèmes des situations particulières, ou fais-tu le lien entre les photos et les poèmes après coup ?
Je ne photographie pas pour ma poésie, et je n’écris pas pour mes photos. Je suis le même quand je fais les deux, donc les choses que je veux exprimer à travers les deux disciplines sont sensiblement les mêmes. Le lien se fait naturellement.
On sent une grande liberté dans tes écrits, peux-tu me dire ce qu’est à ton sens la liberté dans l’écriture ?
Question trop profonde pour répondre brièvement, mais je considère que l’écriture aspire à être aussi libre que la pensée. Je considère que l’humain est libre de tout penser, et donc qu’il devrait être libre de tout écrire. C’est une conception très anglo-saxonne de la liberté d’expression, je le reconnais, mais c’est mon opinion.
À quoi ça sert d’écrire (de la littérature) si ce n’est en étant totalement libre d’exprimer sa pensée ?
Te considères-tu toi-même comme un poète ou un auteur libre ?
Mon écriture est la traduction concrète et matérielle de ma pensée. Je fais tout pour m’instruire un maximum, être ouvert d’esprit, et ainsi avoir la liberté dans le choix dans mes points de vue ou mes prises de positions.
Je ne suis pas un poète, je ne suis pas un auteur, juste un jeune homme qui essaye de penser le plus librement possible.
Pourquoi écris-tu sous forme de vers ?
Les plus grands poètes selon moi, responsables du rayonnement de la poésie française à travers le monde ont pour beaucoup écrit leurs plus grandes œuvres en vers. C’est peut-être pour ça que je ne peux m’empêcher d’écrire en vers, même si je n’atteindrai certainement jamais la qualité de leur plume…
As-tu d’autres projets en perspectives ?
J’ai mon collectif, tout jeune, Outcasts’Rules, qui compte huit autres jeunes créatifs. On a des influences et des activités différentes, mais il y a une réelle cohésion. On se concentre en premier lieu sur la musique, mais beaucoup d’autres choses sont à venir… On fait ce qu’on aime et on verra où ça nous mènera. C’est le seul projet concret que je peux dévoiler, mais je suis constamment entouré de frères et sœurs en ébullition créative, d’autres choses prendront formes bientôt, je n’en doute pas.
Il y a un poème dont tu es le plus « fier », qui te représentes le plus ?
Mes poèmes me représentent tous les uns autant que les autres. Les poèmes dont je suis le plus fier ne sont pas encore publiés.
Que dirais-tu à un jeune pour lui donner envie de lire, de se cultiver voire d’écrire ?
Commence tout seul à te cultiver à partir de tes centres d’intérêt, puis tu verras par toi même que tu en voudras toujours plus. C’est comme la clope sauf que c’est une addiction saine. Tu vas peut-être te forcer à ouvrir le premier livre comme on se force à fumer la 1ère clope, puis tu pourras plus t’arrêter. Fais-le pour toi, pas pour les autres.
Le mot de la fin ?
Paix.
Vous pouvez retrouver les poèmes de Joseph Ekoko sur son site et le suivre sur Instagram.
Propos recueillis par Selim Moundy. Photos : Joseph Ekoko