green montana interview SAUDADE photoshoot

Green Montana : “La mélancolie, c’est mon mood quotidien”

D’ordinaire, Green Montana laisse sa musique parler pour lui. “Il n’aime pas les interviews” confie SIX, son directeur artistique et fidèle acolyte depuis ses débuts en solo en 2018. Cet exercice de l’entretien qu’il esquive tant, Green s’y plie pourtant volontiers pour nous, entre deux changements de looks pour la séance photo. Shooting pour lequel il choisit d’ailleurs minutieusement les pièces qu’il souhaite porter. Derrière une nonchalance apparente, le natif de Verviers dissimule un véritable perfectionnisme.

Green Montana est un artiste obsédé par les détails. Il prend son temps. Pourtant, dans l’industrie musicale, où la vitesse est de rigueur, il faut être présent continuellement. Sustenter une fanbase insatiable, en quête de toplines mélancoliques dont il est l’un des seuls à tenir la recette parfaite sur la scène rap francophone. Après un EP de deux titres dévoilé l’année dernière, Rouge Néon, Green est de retour avec un nouvel album. Dans SAUDADE, il continue sur cette voie dans laquelle il excelle, avec un style qui s’inscrit dans la lignée de ses artistes fétiches d’outre-Atlantique. Du mumble rap, des enchaînements de mots difficilement compréhensibles posés sur des prods aériennes. Il laisse place aux vibrations.

Tu es de retour avec ton album SAUDADE. L’année dernière, tu avais sorti un EP de deux titres, ROUGE NÉON, mais ça faisait deux ans que tu n’avais pas dévoilé de projet plus long. Tu as senti qu’en annonçant ce nouvel album, il y avait une attente, peut-être plus grande que pour les projets précédents, de la part de ton public ?

Ouais, franchement, je l’ai senti ! Parce qu’à partir d’un moment, sous tous mes posts, les gens me rafalaient, genre : “Sors de la musique, sors quelque chose !”. Donc je trouvais ces réactions un peu bizarre parce que deux ans, c’est pas si long, en vrai. On dirait que la musique a changé. Il faut sortir des trucs vraiment rapidement. Et donc ouais j’ai senti que ma fanbase, étaient en mode “On attend !”. Même si, comme t’as dit, l’année passée j’avais sorti un deux titres. Mais ça suffit pas.

Cet EP sorti l’année dernière c’était une façon de “rassasier” un peu les gens ?

Ouais un peu. C’était pour envoyer quand même quelque chose. Ces deux titres étaient issus du projet SAUDADE. Mais on les trouvait moins fort. Donc on les a sorti en EP. Ils étaient bons, mais on ne savait pas quoi choisir comme titres. Donc les deux sont sortis.

Stylisme : Underthesign / Parts of four


Les morceaux définitifs que l’on retrouve dans SAUDADE étaient déjà choisis au moment où ROUGE NÉON sort?

Une partie des titres, ouais. Tu connais, ça change tout le temps. Il y a des sons qui se rajoutent. Mais, on avait déjà un bon squelette et les deux sons en faisaient partie. Finalement ils se sont fait remplacer.

Tu ressentais une pression pour sortir de la musique rapidement et être toujours présent ?

À ce moment-là, non. Moi je kiffais en vrai. NOSTALGIA+ avait fonctionné. Il a été certifié, j’étais content. J’ai envoyé ROUGE NÉON parce que j’avais envie de donner de la musique aux gens qui m’écoutent. Donc j’ai sorti ça en attendant. Mais il n’y avait pas vraiment de pression.

Je n’aime pas regarder des photos, des trucs d’avant. Ça me fait réaliser que c’est des choses qui ne reviendront plus. Et qu’on avance vers la fin.

SAUDADE c’est “un sentiment complexe où se mêlent mélancolie, nostalgie et espoir”. Ça te correspond bien. Qu’est-ce qui te rend mélancolique ?

La vie en général, je pense. C’est mon mood quotidien, en fait. Je suis nostalgique d’un peu de tout. Du temps qui passe. Ça influence beaucoup ma musique. Je n’aime pas regarder des photos, les trucs d’avant. Ça me fait réaliser que c’est des choses qui ne reviendront plus. Et qu’on avance vers la fin, en vrai. C’est peut-être ça qui me rend mélancolique.

Tu fais beaucoup référence à ce que tu consommais culturellement étant enfant. Aux mangas, aux animés… Il y a notamment un son qui s’appelle “Inspecteur Gadget” sur ce projet. C’est souvent lié à ton enfance…

Bien sûr !

Tu te replonges, peut-être malgré toi dans ce passé, dans ce qui t’as construit. 

C’est ça. Je crée à partir de cette nostalgie d’avant. Il y a plein de choses qui me reviennent et je les utilise. C’est toutes mes ref’ d’avant, en fait.

Et qu’est-ce qui te donne de l’espoir ?

J’ai pas trop d’espoir. Le monde est foutu, pour moi. Je suis plutôt pessimiste.

Il n’y a pas de solution ?

Je pense pas. Selon moi, il y en a pas.

Il y a un mouvement dans le rap qui est très mélancolique avec des artistes qu’on catégorise dans la “New Gen”. Tu as le sentiment d’avoir influencé certains rappeurs qui ont aussi cette fibre nostalgique et mélancolique dans leur musique ?

Je me jetterais pas ces fleurs mais je sais juste qu’il y a des gens avec qui j’ai collaboré qui m’ont dit qu’ils m’écoutaient avant même de faire de la musique, pour certains. Donc je pense que j’ai peut-être dû influencer quelques personnes, comme moi j’ai été influencé par plein de choses. Mais oui, au fond de moi je pense quand même que j’ai apporté quelque chose.

Est-ce que tu les écoutes ces artistes ? Je pense par exemple à Khali, Rounhaa…

Ouais, je les écoute ! Par exemple J9ueve j’écoute. Rounhaa aussi, j’ai écouté. Khali je connais moins mais j’écoute aussi La Fève, même si c’est moins deep. Mais y a quand même ce truc. Donc j’écoute un peu, ouais. Après, je me bute pas trop, j’écoute vraiment beaucoup d’Américains. J’écoute quasiment pas de rap français.

Stylisme : Underthesign / Parts of four / ROA


Quand tu préparais SAUDADE, qu’est-ce que tu écoutais ?

En fait, moi j’ai toujours les mêmes influences pour ma musique. En tout cas, j’écoute toujours les mêmes choses. J’écoute Young Thug à fond. Je suis un peu bloqué en 2015, 2016. J’écoute la nouvelle génération aussi. Là j’écoutais aussi un peu Opium, la scène d’Atlanta. Beaucoup 21 Savage. J’écoute aussi Drake. Tout ce qui se fait aux States, je suis très branché. Leur son est différent. C’est ça qui m’inspire. Après je trouve pas que j’ai leur niveau.

Est-ce que tu aspires à atteindre ce niveau-là ?

Pour moi, la barrière de la langue met beaucoup de frein. Le français c’est beaucoup plus compliqué, j’ai l’impression. Peut-être que je me trompe mais la littérature, la poésie, et tout… ça joue beaucoup sur ce que les gens attendent dans le rap français. Donc, moi ça me parle pas forcément. Et c’est pour ça que je me bute au rap cainri, parce que la musique je la vie. Je vibre. Il peut ne pas y avoir de paroles, les vibrations me touchent.

C’est justement la vibe qu’on recherche avec toi. Quand tu as annoncé ton album en dévoilant le premier extrait, les réactions que j’ai lu c’était « on comprend pas un mot sur deux, l’album va être un classique ! ».

C’est des fous les gens ! (rires)

Le français peut être un peu bridant parce que c’est une langue moins mélodieuse ?

Ouais. Et même les assonances et tout, t’as vu. Genre l’anglais c’est beaucoup plus rond le français c’est plus carré et rigide.

Tu parlais de littérature. L’intro du projet c’est “Phileas Fogg”. C’est le nom du héros du livre Le Tour du monde en 80 jours de Jules Verne. Les caractéristiques de ce personnage c’est qu’il est calme méthodique, réfléchis, imperturbable. Tu t’identifies à lui ?

Oui à fond ! Et puis en vrai, c’était plus pour le principe de faire le tour du monde. Déjà voyager c’est une chose qui me parle de ouf. Et même le personnage, comme tu le dis, je me retrouve en lui. Je suis quelqu’un qui à la fois calcule beaucoup et à la fois calcule pas. Dans ce côté calculateur et réfléchis il y a des similitudes avec ce personnage, c’est sûr.

Est-ce que tu voyages plus qu’avant ? Qu’est-ce que le voyage t’apporte ?

Je voyage à cause du taf, en vrai. Je voyage à cause de la musique. Et franchement, ça me marque pas tant que ça. Parce qu’on travaille. Je dois apprendre à voyager pour voyager. Mais, j’ai l’impression que j’ai jamais le temps. Je ne sais même pas ce que voyager a pu m’apporter. Je m’en rends pas vraiment compte parce que tout va vite. Je pense que le dernier voyage qui m’avait marqué c’était a Dubaï. Et j’ai voyagé dans plein d’autres endroits depuis, mais c’était en 2021 Dubaï. Pour le nouvel an 2021, on a fait une semaine là-bas.

C’était une période particulière en plus. C’était en plein COVID et il est quasi-impossible de voyager à ce moment-là.

T’as raison, c’est ça aussi ! Le fait de me dire que les gens étaient bloqués. En Belgique en France… tout le monde était bloqué. Et nous, on était là-bas, à Dubaï, sans masque… showcases… soleil, liberté totale. C’était la première fois et la seule fois que j’allais à Dubaï. Je trouvais déjà la ville incroyable. Il y avait tout un mood. Je me sentais libre.

Le serpent est présent dans tous les visuels autour de SAUDADE. Qu’est-ce que cet animal symbolise pour toi ?

Le serpent, c’est un animal que j’aime bien, déjà. J’ai toujours aimé le concept (rires). Je le trouve spécial. Et surtout, ça peut représenter le snake. Les personnes un peu toxiques qui peuvent entourer. C’était pour illustrer les problèmes, les gens autour. C’est quelque chose de négatif sur la cover, mais j’aime bien les serpents.

J’avais pensé à la notion de renaissance que peut symboliser le serpent aussi. Ce qui pour moi faisait sens, dans la mesure où tout le monde était très content de ton retour même si t’es pas parti longtemps on avait l’impression d’un come-back.

Oui, j’ai pas compris non plus pourquoi les gens ressentaient ça !

C’est bon signe, ça veut dire que tu manquais aux gens.

Tant mieux, les gens me manquent aussi (rires).

Est-ce qu’il y a des top liners ou des artistes dont les mélodies t’ont inspiré en particulier ?

En France c’est Booba qui m’a beaucoup inspiré dans les textes mais aussi dans les mélodies. Mais je t’avoue que ce qui m’a inspiré le plus encore une fois c’est les Américains. Toute la vague Young Thug, YSL… C’est des choses qui m’ont marqué. Drake aussi beaucoup dans les mélodies c’est fort. Don Toliver aussi. C’est pas des artistes que je vais écouter énormément parfois, mais sur deux ou trois sons je me dis : “c’est chaud“. Ils utilisent leurs voix comme des instruments, donc ça fait réaliser qu’on peut aller plus loin dans l’interprétation et dans la façon de vivre une topline.

Stylisme : Xander Zhou


Sur cet album il y a Tiakola qui lui aussi est très fort en termes de mélodie. En feat également avec Josman. Comment s’est fait ce son à trois, “Bank” ?

Avec Tiako, à chaque fois on se croisait souvent. Quand j’allais à un studio, il en sortait. On ne se connaissait pas, mais on s’est toujours bien appréciés depuis la première fois qu’on s’est vus. Et puis, on se revoyait… on se recroisait. Et à chaque fois, on se disait qu’il fallait qu’on fasse un son ensemble. Mais lui, il est occupé de ouf. Et moi, je suis quelqu’un qui n’aime pas trop le studio. Je n’aime pas vraiment me caler avec quinze personnes au studio. J’aime bien créer seul en général. Je crée mon truc, je vais jusqu’au bout de mon truc et on me donne des retours. Mais du coup, on s’est enfin branchés. On s’est vus à Bruxelles. Je lui ai fait écouter une partie du projet et il a beugué sur le son. Donc je lui ai proposé de poser. Je lui ai envoyé, il me l’a renvoyé. On l’a pas fait ensemble parce que généralement, mes sons ils sont déjà faits quand je les propose. C’est rare qu’on parte de zéro parce que j’aime pas perdre de temps. Parce que c’est de l’art, en vrai. Si je peins quelque chose, je ne vais pas avoir envie qu’il y ait vingt personnes autour de moi en train de me regarder peindre. Je préfère aller au bout de mon truc et pas regarder à gauche à droite les réactions des gens. Donc voilà, ça c’est fait comme ça ! Moi j’ai kiffé son couplet direct. Et après, on a peaufiné. On s’est appelés beaucoup. Et puis après on s’est dit que ce serait sympa d’inviter un kickeur dessus. On a pensé à Jos, et il a accepté direct. Il a fait ça à distance aussi. Il était en voyage. Il a été hyper réactif. Il m’a envoyé sa partie. C’était carré, structuré.

La collaboration sonne vraiment naturelle.

Ouais ils sont trop bien rentrés, en vrai ! Tu t’imagines toujours un truc, en mode : “Si lui il posait sur tel son ça te donnerait quoi ?” Et t’as une petite idée, et tout. Et là, c’était exactement ce que je voulais. Comme avec Théodore, sur le projet. Je lui avais envoyé le son en ayant une idée de ce qu’il allait faire et c’est exactement ce que je pensais. Sans même lui avoir dit : “fais ci, fais ça“. C’est la beauté de la musique.

Je pense qu’après ce projet, je vais vraiment commencer à creuser et à me réinventer. Parce que là, je crois que je suis arrivée au pic de ma technique.

Quand tu dis que t’aimes pas trop le studio, est-ce que c’est le cas uniquement quand tu collabores ou est-ce que c’est aussi le cas quand tu travailles avec des beatmakers ?

C’est pareil avec les beatmakers. J’aime bien savoir où je vais, en fait.

Tu t’enregistres où ?

Dans mon home-studio. J’enregistre avec mon matos. D’ailleurs y a plein de morceaux où ça s’entend parce que parfois je repose et parfois je repose pas. Et on laisse les sons bruts comme. Même si on essaie d’éclaircir la voix un peu. Je pense que 90% du projet je l’ai fait comme ça. Et après on a été au studio pour mixer, faire des arrangements, etc. Mais le produit brut je le fais seul tout. Sur SAUDADE il a Myth Syzer, SHK, Koji… j’allais dire Kosei mais il y a pas Kosei sur le projet mais on doit se faire une session d’ailleurs, on est branché. Il y a aussi Evi Beats avec qui je collabore depuis avant ALASKA. On s’est jamais vus. Il habite dans le sud et c’est un compo qui poste beaucoup sur YouTube. Et moi, les premières prods que j’ai prises de lui c’était sur YouTube. Genre, “FUM22 NOCIVE”, c’est lui. Je suis tombé sur la prod sur YouTube et je lui ai dit : “Bloque ça pour moi“.

Est-ce que tu as voulu apporter quelque chose de plus avec cet album ?

J’ai pris quelques risques, je pense. Par rapport à ce que j’avais déjà proposé. Après, je trouve qu’à chaque projet je prends certains risques. C’est des risques que je suis peut-être le seul à voir, mais moi je le sais, et ça passe. C’est un peu comme d’habitude mais en mieux parce que c’est plus maîtrisé et plus complet. Mais je pense qu’après ce projet, je vais vraiment commencer à creuser et à me réinventer. Parce que là je crois que je suis arrivée au pic de ma technique.

Quels risques tu penses avoir pris sur SAUDADE ?

Par exemple il y a certains sons, je trouve que c’est des bangers qui seront pas compris en France. “La brique la drogue”, pour moi c’est un banger. Il y a “Alfred Borden”, il est court mais c’est un banger. “Inspecteur gadget” aussi… “Bank”… c’est des bangers.

Selon moi, quelqu’un qui écoute ma musique la première fois, il va rien comprendre. Par contre s’il écoute deux projets, trois… il capte. Il faut rentrer dedans, je pense. Sans disrespect, c’est un peu de l’éducation, en fait.

Les auditeurs de rap sont plus en plus habitués à ces sonorités, peut être que ce sera compris ?

C’est ça ! En vrai, tu vois, SIX, c’est mon directeur artistique depuis le début. Et son oreille elle s’est habituée à ma musique et à ce que je dis. Parce que je me trouve pas audible. Selon moi, quelqu’un qui écoute ma musique la première fois, il ne va rien comprendre. Par contre s’il écoute deux projets, trois… il capte. Il faut rentrer dedans, je pense. Sans disrespect, c’est un peu de l’éducation, en fait. Et moi même t’as vu y a des sons de Young Thug avant c’étaient des sons sur lesquels j’avais l’impression qu’il était solo. Et après quelques écoutes je me rendais compte qu’ils étaient deux ou trois sur le son. Donc à force d’écouter la musique de quelqu’un, tu reconnaîtras direct le changement.

Quand tu dis que tu veux tenter de nouvelles choses à l’avenir, tu penses à quoi par exemple ?

Je parle en termes de prod, en termes de toplines. Même ma DA, même l’image. Je me remets toujours en question… je creuse. Je suis un chercheur, je fais que chercher. Comment améliorer ? Comment changer sans travestir ou dénaturer ? Je sens que je peux aller plus loin. Il faut que je cherche.

Et ce déclic-là d’aller un peu plus loin, pourquoi il est pas arrivé plus tôt à ton avis ?

Je ne sais pas. J’etais pas prêt, on va dire. J’avais trouvé mon truc. Et je préfère exploiter mon truc et tourner autour de tout une fois que j’ai fait le tour de la maison complète je connais tous les recoins, vas-y je vais chercher une autre maison.

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Stylisme : Underthesign


T’as toujours eu envie de percer et être un big artiste. Est-ce que tu as le sentiment d’avoir atteint ton objectif ?

Pas du tout. Encore une fois, sans disrespect pour tous ceux qui m’écoutent, pour moi la route est encore longue. C’est pas que je suis pressé… mais la route est longue. Donc ça met une certaine pression de faire bien les choses et rapidement. J’ai pas 20 ans devant moi, personne n’a 20 ans devant lui dans la musique de toute façon… À part Kopp. Et moi, je suis un éternel insatisfait dans tout. Je prends quelque chose, je l’utilise et à un moment donné, je sens que je peux avoir mieux.

Tu aimerais toucher un public plus large ?

Oui, mais je ne veux pas prendre le public d’un autre. Je veux que mon public s’élargisse par la conversion, une conversion à ma musique. Les fidèles qui m’écoutent, pour moi, ils font déjà un boulot de forcing pour convertir les autres. Je dois faire mes preuves pour montrer qu’ils sont dans le bon.

Ma vision change. Mon ambition aussi. Je vise toujours plus haut. Quand je vois que j’arrive là où je voulais, j’enlève et je mets la barre plus loin.

Les auditeurs de rap sont aussi de plus en plus curieux beaucoup de gens te découvrent avec SAUDADE, ton public s’élargit naturellement.

Logiquement oui. Après est-ce qu’ils iront jusqu’où je veux aller… on verra.

C’est quoi ton objectif ultime ?

Être multimillionnaire. Des villas partout dans le monde, voyager toute ma vie et passer juste des coups de fil. Ça c’est mon goal. Après je sais que quand je m’approcherai de ça… mon goal ce sera plus ça. Parce que mes objectifs d’ALASKA, ils sont remplis donc c’est comme si je n’avais jamais eu ces objectifs là. Alors que je les avais. Mais avec l’évolution, les objectifs ont changé. Ma vision change. Mon ambition aussi. Je vise toujours plus haut. Quand je vois que j’arrive là où je voulais, j’enlève et je mets la barre plus loin.

C’était quoi ton objectif sur ALASKA ?

Je voulais être disque d’or. Je voulais avoir un disque d’or dans ma vie à la base et être riche. Mais être riche c’est subjectif.

Cet argent servirait aussi à voyager ? Faire des choses qui dépassent le matériel ?

Il va me servir à faire plein de choses. Mais premièrement matérielles. En fait, moi j’ai eu beaucoup de frustration dans ma vie de beaucoup de manque d’argent. Donc maintenant, je me fais plaisir. Mais à chaque fois c’est des paliers différents à franchir. Tu peux acheter des petites maisons, puis des grandes, puis des palaces.

Pour choisir tes looks pour la séance photo, tu étais très minutieux. Tu as pris ton temps. À quel point la mode est importante pour toi ?

C’est 70 % du travail l’image pour moi aujourd’hui. C’est trop important ! Tu peux être nul, mais si t’es une bonne image, ça passe. Tu peux avoir une mauvaise image mais il faut vraiment que tu sois très très très très fort. La première impression c’est ce qu’on voit, donc ce qu’on voit c’est trop important, dans un premier temps. Tout fonctionne à la première impression. Comme des gens qui vont écouter une fois un projet qui vont pas aimer et cancel direct.

Tu t’es basé sur quels critères pour choisir les pièces que tu portes actuellement ?

Ma couleur préférée c’est le noir depuis toujours. Et puis j’ai l’impression que je peux m’habiller de plein de façons différentes donc j’essaie plein de choses. Là j’ai trouvé une DA qui me correspond beaucoup plus, je trouve. Qui reflète bien mon état d’esprit. Je pouvais pas trouver la DA d’aujourd’hui il y a trois ans. Parce que je ne comprenais pas… C’était nouveau la musique et l’industrie pour moi. Je découvrais les clips, je découvrais tout. Et là, maintenant, je suis un peu rodé donc je capte. Sans pour autant me déguiser. J’adapte et je change petit à petit. Mais ça me ressemble de plus en plus.

Le confort c’est important aussi ?

Il faut que ça me plaise à moi en premier, en fait. Je me suis déjà fait avoir sur ça. On me proposait des look pas confortables et après je regrettais. Donc si ça me parle je choisis et après il y a toujours des gens pour confirmer si je pars pas en couilles ou pas. Mais si ça me tape dans l’œil, je prends direct.

Il y a des artistes cainri dont les styles t’inspirent ?

Kanye c’est très fort ! Thug aussi, Playboi Carti… C’est ce qui me parle le plus. En fait, c’est cher et c’est noir. Moi, je suis skinny donc ça me va bien, je me sens bien dedans. Après aussi, il faut les moyens. Tu peux pas acheter ça du jour au lendemain, tu dois voir un peu d’oseille.


Interview : Leïla Ghedaifi

Photographe : Felix Devaux
Direction artistique et graphisme : Naël
Gadacha
Assistant photographe : Alexandre Mouchet
Production : Nicolas Pruvost, Alice Poireau-Metge
, Léa Goux-Garcia
Coordination artistique : Iris Gonzales
Retoucheur : Joshua Peronneau 
Styliste :
 Johan Lin
Assistant styliste : TJ Alostom