Émir Shiro est un designer graphique et sonore originaire de Grenoble, formé à l’École des Beaux Arts de cette même ville. Il produit essentiellement des collages ainsi que diverses illustrations. Il est devenu l’un des phénomènes d’Instagram ces derniers mois grâce à ses visuels décalés et aux connotations souvent sensuelles.
En quoi ça consiste d’être designer graphique et sonore ? Qu’est-ce que tu es amené à faire de façon professionnelle ?
Je m’affirme en tant que designer graphique par déjà ma production personnelle (expositions, collaboration pour des projets musicaux…)
Ma production sonore se limite pour l’instant à la création d’instrumentales, et parfois à quelques morceaux. Dans le futur, je pense être amené à travailler en agence de communication, enfin, dans tout ce qui touche aux métiers de l’image. C’est encore très vague. Je suis également en train de monter un business autour de la mode et du graphisme, à travers la création d’une marque de vêtement.
Comment en es-tu arrivé à travailler le design ?
Mon envie de créer quelque chose de personnel m’a amené à construire par mes propres moyens des images que j’avais en tête. Je fais du design parce que j’ai des idées que je trouve tout simplement différentes de ce qui se fait, de ce que l’on peut voir.
Mon but dans ma pratique artistique n’est pas simplement visuel : j’aime faire réfléchir les gens en provoquant des réactions.
Tu penses que le design, le graphisme, ça consiste en une forme d’art un peu nouvelle avec des possibilités encore plus multiples ?
Aujourd’hui je pense que n’importe quel outil peut être le pinceau du peintre d’hier. Si un artiste dit qu’il fait de l’art avec Photoshop ou par un autre moyen, la pièce qu’il produit doit être considérée en tant que tel. Le graphisme, pour ma part, est actuellement mon moyen d’expression artistique. Demain, ce sera peut-être autre chose, qui sait… Je suis un enfant d’internet et le graphisme s’inscrit parfaitement dans le paysage artistique d’aujourd’hui. Je pense que c’est un média qui n’a aucune limite.
Pour tes collages par exemple, c’est manuel ou par Photoshop ?
Je travaille à la main pour environ 80% de mon travail, et d’autres sont réalisés également sous logiciel. Tout dépend de la source.
Le matériel dont tu te sers, ta source, tu la choisis d’abord avec une visée esthétique ou plus pour s’accorder au message que tu veux faire passer ?
La plupart du temps, j’ai déjà l’image en tête, et ensuite le message peut se construire autour de celle-ci. Pour autant, l’inverse s’est déjà produit. Je travaille beaucoup par instinct. Parfois, sans chercher je vais tomber sur quelque chose dont je n’avais pas idée au départ.
Je laisse de la place au hasard : c’est très cool ce qui peut se passer par “erreur” ou par inattention.
Donc tu fais confiance à ce que l’on pourrait appeler un inconscient artistique ?
Exactement. Je n’aime pas trop les calculs, de base… Même si d’un oeil extérieur, mes collages semblent recherchés esthétiquement, la plupart sont dus à des rencontres visuelles hasardeuses.
Aujourd’hui on voit énormément de designers avec le développement de Twitter, Instagram… Qu’est-ce que tu en penses, et comment penses-tu que tu réussis à tirer ton épingle du jeu ?
Je trouve ça cool de voir autant de jeunes designer proposer leurs créations sur l’internet. J’ai commencé moi aussi comme ça, mais avant le créneau n’était pas aussi saturé que maintenant.
Aujourd’hui je réussi à tirer mon épingle du jeu en restant moi même. Beaucoup se brûlent les ailes en servant la même chose que leurs voisins. Mes divers travaux visuels, notamment ceux que j’ai réalisé pour des artistes de la scène hip-hop comme Slim-K, Danitsa, Freshberry ou encore Jeune Slow, pour citer les plus récents, m’ont servi de carte de visite et m’ont permis d’installer une forme de notoriété qui est toujours bonne à prendre. Les médias ont joué et jouent toujours un rôle essentiel à cette “notoriété”. Quand Konbini ou Montreality m’ont mis en avant sur leurs réseaux sociaux, cela n’a pu que renforcer le nom que je suis en train de me faire.
Justement, en parlant de hip-hop, quelles sont tes inspirations ?
Je suis un grand consommateur de hip-hop. Mes inspirations vont d’Erykah Badu, Notorious B.I.G. en passant par Gucci Mane, Drake, Kendrick Lamar…
Je suis un garçon assez éclectique sur mes gouts musicaux et visuels. Niveau rap francophone, j’aime pas mal ce que font les gars comme Krisy et Vald. Dernièrement je me prend en pleine face la musique de Laylow : son univers sonore est incroyable.
Quel est ton processus de création ?
J’ai une phase de recherche d’images, d’abord. J’aime me ré-approprier des visuels existants pour les détourner. Ensuite, il y a un travail de découpe et de collage. Si je ne trouve pas d’images existantes, je prends également mes propres clichés.
C’est quoi ton objectif, en tant qu’artiste ?
Mon objectif serait, dans un premier temps, d’agrandir ma notoriété, de toucher plus de gens avec ce que je fais et dans un second temps de pouvoir vivre pleinement de mon savoir-faire de graphiste.
Tu envisages la suite de quelle façon ?
J’espère pouvoir exposer mon travail artistique bien plus souvent. Sur un point de vue professionnel, ce serait d’intégrer pourquoi pas un média, que ce soit un magazine, un label de musique ou une agence de communication en tant que que graphiste. Le monde du vêtement également me plait énormément. Ce serait cool de pouvoir designer pour des marques de prêt-à-porter.
Qu’est-ce que tu vas tenter d’accomplir au plus vite ?
Au plus vite, j’ai des grosses collaborations sur le feux à finir (Rires). Et de façon plus générale, j’aimerais me faire un réel nom, dépasser les frontière de l’internet serait pas mal !
À quels artistes voudrais-tu donner un peu de force pour conclure cette interview ?
Ah oui alors, je valide et j’invite fortement à découvrir notamment IamHoveh, Michel de Novembre, IGN-S, Seas, Pej et ugly.
Vous pouvez retrouver Émir sur Instagram, Twitter et sur son site internet.