Le fiasco du festival belge de VestiVille est digne de Fyre Island

L’affiche faisait pourtant rêver. Un week-end de fête et de musique, enflammé par A$AP Rocky, Migos, Future, Meek Mill, Lil Baby, Cardi B, Lil Pump ou encore Niska. Organisé en Belgique, dans la ville flamande de Lommel, le festival VestiVille était attendu par pas moins de 175 000 amateurs de rap US. Il n’en fut finalement rien. Alors qu’il devait démarrer vendredi dernier, cet événement a été mystérieusement annulé par les organisateurs quelques heures avant son coup d’envoi, laissant en plein désarroi les milliers de festivaliers déjà présents sur les lieux. Si cette histoire rappelle évidemment le désormais mythique Fyre Island, immortalisé par un excellent documentaire Netflix, VestiVille suscite encore de nombreuses interrogations.

Il faut avouer que les similitudes entre le non-festival organisé par Billy McFarland et Vestiville sont nombreuses. Outre une programmation de rêve, les trois jours de concert en Belgique n’étaient pas accessibles à n’importe quel porte monnaie. Avec un package VIP à 470 euros et un pass 3 jours à plus de 200 euros, profiter des concerts de la crème du rap US avait son prix. On imagine donc aisément la déception des détenteurs de billets lorsque le bourgmestre de Lommel, Bob Nijs, a officiellement interdit la tenue de VestiVille dans le courant de vendredi après-midi. L’administré a en effet expliqué que la sécurité des scènes et des issues de secours n’était pas suffisante pour assurer le bon déroulement du festival, et qu’il n’était donc pas possible de le maintenir.

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Plus tôt dans la journée, c’était A$AP Rocky qui révélait sur ses réseaux sociaux qu’il ne participerait finalement pas à VestiVille, lui qui était la tête d’affiche de la soirée. Le rappeur new-yorkais a ainsi expliqué à ses fans que les organisateurs du festival n’avaient pas tenu leurs promesses de régler les soucis liés aux infrastructures de sa scène. Du côté du public, de nombreux témoignages sur les réseaux sociaux font état de deux heures d’attente en plein soleil et en pleine canicule, sans aucune information, dans l’après-midi de vendredi. Selon le média belge Moustique, certains employés de VestiVille auraient par ailleurs demandé des suppléments de 20€ aux campeurs pour que ces derniers puissent installer leurs tentes.

Dans l’enceinte et aux abords du festival, des scènes surréalistes se sont succédées, selon les divers témoignages que l’on a pu voir apparaître sur les réseaux sociaux. Des fans bloqués pendant de longues heures dans l’enceinte du festival sans pouvoir boire ni manger (aucune buvette ni stand n’ayant ouvert ses portes), des chants d’insultes adressés aux organisateurs, une absence totale de signalisation ou même de navettes pour quitter les lieux… Le fiasco fut intégral.

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Et comme pour le tristement célèbre Fyre Island, la justice a décidé de se saisir de l’affaire. De nombreux médias belges révèlent ainsi que les services de police ont ouvert une enquête et que les agents en charge de l’affaire suspectent une fraude massive, rendue possible par de fausses preuves de paiement, ainsi que des faits d’abus de confiance et d’escroquerie. L’organisateur de l’événement a été placé sous mandat d’arrêt par la police belge ce lundi, tout comme sa soeur. Le but de cette mesure est clair : les empêcher de quitter le pays et de se réfugier au sein d’un autre état. Comme le rappelle Paris Match, le média digital belge Moustique avait déjà évoqué la malhonnêteté des organisateurs du VestiVille. En effet, ces derniers auraient fait de la publicité pour des fausses tournées d’artistes il y a plus de cinq ans.

Une annonce a toutefois été faite au cours du week-end pour expliquer aux festivaliers qu’ils allaient être intégralement remboursés suite à cette annulation. La seule question reste de savoir quand, aucune date de paiement n’ayant été communiquée par les organisateurs ou par les plateformes de ventes de places. Le “Fyre Festival européen” partage enfin une dernière similitude avec son homologue américain : Ja Rule était présent comme tête d’affiche. On en pensera ce qu’on voudra.