Avec “Mégatron”, Laylow s’affirme un peu plus comme un ovni du rap français

On a interviewé le réalisateur de ce nouveau clip.

Son retour était attendu. Et force est de constater que Laylow n’a pas déçu. Le rappeur toulousain vient de dévoiler le single “Mégatron”, qui constitue le premier extrait de ce qui sera son premier album. Nerveux et oppressant, ce morceau s’accompagne évidemment d’un visuel fort, comme c’est souvent le cas avec les créations de l’artiste français. À l’origine de ces transpositions en image, on retrouve Osman Mercan, réalisateur attitré de Laylow et membre du collectif TBMA. L’homme derrière les clips de “Maladresse”, “Vent de l’Est” ou encore “Ciudad”, c’est lui. Et c’est encore lui que l’on retrouve aujourd’hui pour “Mégatron.” Lorsqu’on lui téléphone mardi en fin d’après-midi, le réalisateur est néanmoins dans le rush. Osman peaufine encore les derniers détails du clip de “Mégatron”, retravaillant certaines couleurs et autres effets. Jusqu’à la dernière minute, le réal’ souhaite rester concentré.

“On est un peu chiant. On repasse derrière plein de détails pour rendre le clip encore plus prenant” nous explique Osman, avant de poursuivre : “C’est des petits riens pour la plupart des gens, mais c’est ce genre choses qui font qu’on accroche encore plus au clip.” Monté en seulement une semaine, le visuel de “Mégatron” nous plonge comme souvent avec le toulousain dans un univers futuriste, au sein duquel Laylow incarne “un criminel pirate informatique un peu psychopathe sur les bords” selon les mots du réalisateur. Ultra efficace sur les plans musicaux et visuels, ce morceau ne se destinait pourtant pas à être le premier single de l’album de Laylow. En effet, le rappeur souhaitait clipper un autre titre de son projet, sans que l’expérience ne s’avère réellement concluante. Laylow et Osman décident finalement de se pencher sur “Mégatron.” Le toulousain va alors avoir l’idée dont tout découlera. “Il a rajouté ce chuchotement archi sombre dans le morceau” confie le membre de TBMA, “à partir de ce chuchotement, on a construit tout le délire du clip.”

“À chaque clip, on essaie de créer un personnage avec Laylow” développe Osman, “on part de l’univers visuel qu’on a construit ensemble et bien sûr, de l’univers musical qu’il crée continuellement.” Selon lui, les différents alter-ego visuels de Laylow partagent toutefois une constante : la folie. Une fois le pitch du clip présenté et validé par le reste de l’équipe, le crew décide de s’envoler pour la Côte d’Ivoire afin de tourner une partie du visuel de “Mégatron.” Un choix important pour Laylow, qui souhaitait depuis longtemps clipper un morceau là-bas, ce pays étant celui de ses racines familiales. La seconde moitié du clip est tournée à Kiev, en Ukraine. “On a voulu aller à l’opposé. Montrer un côté glacial, créer un contraste avec la chaleur de l’Afrique. On était en plein dedans avec cette identité post-soviétique” explique Osman. Séduit par les “gueules de l’Est, froides, dures”, le réalisateur imagine alors la séquence du tribunal avec de nombreux figurants. “On a jamais vu Laylow dans ce contexte, dans cette ambiance un peu à la Scorsese” poursuit-il. “Avant de tourner un clip, je fais des propositions d’images marquantes à Laylow, des instantanés. Pour ‘Mégatron’, ça a été le tribunal.”

L’autre image forte du clip pour Osman est assurément le plan de Laylow dans son bureau. “C’est un vrai pirate informatique ! Cette relation entre le pirate et son logiciel est amenée à revenir fréquemment dans l’album. On veut qu’inconsciemment les gens s’imaginent que Laylow crée sa musique dans un environnement comme celui-ci” confie le binôme du rappeur. Outre son talent musical certain, la force de Laylow réside bien évidemment dans son univers visuel. Un univers qu’il a construit à deux avec Osman Mercan, les deux hommes étant amis de longue date. “On a formé notre duo quand il était tout seul, je le conseillais sur l’aspect visuel de sa musique. Au bout d’un moment, je me suis dit : ‘autant acheter une caméra et essayer de le faire moi-même'” se rappelle le réalisateur. Impliqué dans la direction artistique, la production et la réalisation des clips du premier album de Laylow, le membre de TBMA souligne l’éthique de travail du rappeur : “C’est une force pouvoir échanger avec lui, de pouvoir se chauffer sur un projet. Il est archi-présent sur ce genre de projet. Il aime ça et par dessus tout, c’est un bosseur.”

La question qui se pose désormais est simple : jusqu’où peut aller Laylow visuellement ? Osman ne cache pas son ambition : “La démarche cinématographique est là depuis le début. À chaque clip, on veut créer une sensation nouvelle pour le public. On ne veut pas prendre les fans pour des cons et leur mâcher le travail. On veut qu’ils s’imaginent plus que ce qu’on leur donne, qu’ils interprètent les choses à leur manière.” Pour le réalisateur, voir prochainement Laylow à l’affiche d’un moyen ou d’un long-métrage est inévitable. Premier extrait du futur album de Laylow, “Mégatron” lance le début d’une nouvelle ère pour le rappeur. “C’était un pari artistiquement, il est sorti de sa zone de confort. On voulait que ce soit aussi le cas à l’image” conclue Osman. Pari réussi haut la main.

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