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Comment le défilé apocalyptique de Balenciaga est devenu emblématique

Retour sur l'un des shows les plus marquants des dernières années.

Alors que toutes les Fashion Weeks à venir ont été annulées du fait de la pandémie de Covid-19, il est toujours possible de se replonger dans d’anciens défilés spectaculaires, pour patienter dans l’attente des prochains. Le défilé Balenciaga Automne/Hiver 2020 fait assurément partie de ces shows marquants, qui a su faire parler de lui au-delà du microcosme de la mode. De par son message, son aspect visuel, son originalité et son histoire, ce défilé apocalyptique est l’un des shows les plus emblématiques des dernières années.

Demna Gvasalia, la tête pensante de Balenciaga, avait planifié son défilé le dimanche 1er mars 2020 à 11h30. Une heure qui ne doit rien au hasard, puisqu’elle coïncide au début de la messe. Pensé comme un hommage à la ferveur catholique de Cristobal Balenciaga, ce défilé va alors multiplier les références ecclésiastiques et apocalyptiques. C’est au sein de la Cité du Cinéma de Paris que Gvasalia a installé son ambiance sombre, avec un catwalk recouvert d’eau et des mannequins défilant sous un ciel grondant. Dans ce défilé, chaque détail revêt une importance particulière. Les 3 premiers rangs de sièges sont vides et donnent l’impression d’être immergés dans l’eau. Même l’odeur à été prise en compte, avec une odeur d’essence omniprésente pour appuyer la notion de danger.

Les pièces et le défilé sont en effet imprégnés d’une saveur menaçante. La collection est principalement composée d’items full black et de vêtements religieux. Une énième référence à Cristobal Balenciaga, qui était obsédé par le costume religieux. On retrouve alors des maxi-robes en velours, des manteaux à capuche, des habits longs évoquant les soutanes des prêtres, déclinés en ensembles avec jupes pour les hommes. Le noir domine, dévoilant un vestiaire néo-gothique souligné par des yeux rouges de vampires ou des ongles triangulaires, longs, vernis de noir ou de rouge. La signature de la collection “La mode comme religion” marquera le public présent longtemps après le défilé.

Ce qui marque également, c’est la variété des mannequins, qui n’en sont pas tous officiellement. Femme de ménage, assistante en santé mentale, fondatrice d’un abri pour les animaux, galeriste, gymnaste, étudiants, on retrouve de nombreuses de profils atypiques aux côtés des mannequins professionnels. Tandis que ces derniers défilent les pieds dans l’eau, le plus gros du spectacle se déroule sur l’écran placé au-dessus de leur tête. En concordance avec la musique et le son du tonnerre, l’écran affiche des nuages de fumée noire et rouge, des flammes, des oiseaux sinistres ou encore des visuels de déferlantes de vagues. Balenciaga offre ici message contre le réchauffement climatique. Tout droit inspiré par l’Apocalypse, ce défilé nous met en garde et prévient des dangers possibles. Ce n’est pas la première fois que l’enseigne de mode aborde ce sujet. Pour sa collection Printemps/Été 2020, Balenciaga avait déjà marqué les consciences avec sa campagne préventive.

Le réchauffement climatique prend ainsi place durant tout le défilé. La présence de l’eau est par exemple primordiale. Pour le créateur Demna Gvasalia, l’eau représente la montée du niveau des mers, une conséquence déjà palpable du réchauffement climatique.

Enfin, il semble impossible de dissocier un défilé de mode de la musique qui l’accompagne. C’est en effet ce qui permet de rythmer le récit du défilé, ce qui le fait avancer. Balenciaga présente ici sa collection avec une bande-son industrielle et dramatique. Puis, tout doucement, la musique change en même temps que le visuel projeté sur le grand écran. L’image et le son se complètent, soulignant la progression du défilé et les étapes de dangers qui nous attendent. Au départ, l’ambiance est sombre et accompagné d’une musique dramatique. Plus le défilé avance, plus la musique devient forte et agressive. Au moment où l’écran affiche une fumée rouge, une musique de deuil résonne dans la salle. Les flammes sont accompagnées d’une musique hardcore. Le défilé prend alors tout son sens, atteignant son point de non-retour. Avec ses visuels métaphoriques et ses pièces sinistres, Balenciaga dessine l’extinction du monde. À la fin du défilé, l’écran affiche la terre. Petit à petit, cette terre s’efface, comme une éclipse, laissant la salle dans un noir complet. Le silence se fait roi.

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