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Pour Martin Scorsese, les plateformes de streaming nuisent au cinéma

"Le cinéma en tant qu'art est systématiquement dévalué, mis sur le côté, rabaissé et réduit à son dénominateur commun le plus médiocre : le contenu."

Légende du septième art, Martin Scorsese n’eu demeure pas moins une grande gueule. Après s’être acharné sur les films Marvel il y a de cela plusieurs mois, le new-yorkais semble avoir une nouvelle cible : les plateformes de streaming. Invité par le Harper’s Magazine pour rédiger une tribune hommage à Federico Fellini, Scorsese s’est quelque peu éloigné de son éloge de l’auteur de La Dolce Vita pour s’en prendre aux nouveaux titans de l’audiovisuel. Pour le réalisateur d’origine sicilienne, les plateformes de streaming nuisent grandement à sa passion. “Le cinéma en tant qu’art est systématiquement dévalué, mis sur le côté, rabaissé et réduit à son dénominateur commun le plus médiocre : le contenu.” C’est bien ce terme de “contenu”, qui remplace petit à petit le mot “oeuvre” qui dérange Scorsese.

“Avant, le mot ‘contenu’ était uniquement utilisé pour parler de cinéma sérieusement, mais les personnes qui dirigent les nouveaux grands médias se le sont appropriés. Ce sont des personnes qui ne sont pas familières avec l’histoire du cinéma ou qui n’en ont tellement rien à faire que ça leur passe au dessus de la tête” poursuit le réalisateur new-yorkais. Selon lui, “le contenu est un terme commercial qui peut coller à n’importe quelle image animée : un film de David Lean, une vidéo d’un chat, une pub du Super Bowl, une franchise de super-héros, un épisode de série…”

Visiblement remonté, il se livre ensuite à un plaidoyer en faveur du respect du cinéma en tant qu’art : “Ceux d’entre nous qui connaissent le cinéma et son histoire doivent partager leur amour et leur connaissance avec autant de gens que possible. Et nous devons faire comprendre très clairement aux propriétaires légaux de films (ndlr : ici, les plateformes de streaming), qu’un long-métrage a beaucoup, beaucoup plus d’importance que le fait de le posséder et d’en avoir les droits d’exploitation. Ils font partie de nos plus beaux trésors culturels et ils doivent être traités en tant que tel.”

Le fait que les plateformes de streaming mettent en avant leur offre pléthorique de contenus, au détriment de la qualité, énerve donc Scorsese, au même titre que la toute-puissance des algorithmes. Si il reconnaît avoir bénéficié des plateformes pour mettre en avant ses films, ou même les financer comme ce fut le cas avec The Irishman, il déplore ce changement de paradigme : “Les plateformes de streaming ont créé un environnement qui se veut démocratique du point de vue du spectateur, mais qui ne l’est en fait pas du tout. Si les suggestions de films proposées par les algorithmes se basent sur ce que vous avez déjà vu, et que ces suggestions sont uniquement basées sur un genre ou un sujet spécifique, en quoi cela sert-il le cinéma ? L’industrie du septième art est devenu du un business de divertissement visuel de masse, seulement basé sur le profit qu’un film peut générer.” Apple, qui produit son prochain film Killers of the Flower Moon, est prévenu : Martin Scorsese ne porte pas les nouveaux acteurs du cinéma dans son coeur.

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