On a classé les 9 albums solo de Booba

À l'occasion de la sortie de son dixième album "Ultra".

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Photo : GQ

Ce vendredi 5 mars, Booba va boucler avec Ultra ce qui est la meilleure discographie (à ce jour) du rap français. En attendant de découvrir ce dixième album solo du rappeur du 92, ce classement est l’occasion de revenir sur des albums qui ont tous marqué au fer rouge le rap en France, au-delà même de leurs qualités respectives. De Temps Mort à Ouest Side en passant par Nero Nemesis, découvrez dès maintenant notre classement des 9 albums solo de Booba.

9. Trône (2017)

Deux ans après l’exceptionnel Nero Nemesis, le neuvième album de Booba est attendu comme rarement il l’avait été au cours de sa carrière. Pourtant, tout avait mal démarré avec un leak obligeant le rappeur à contrecarrer ses plans et avancer la sortie de l’album. Il s’agissait peut-être là d’un sérieux indice du destin puisque l’album s’avérera bien décevant, en tout cas à l’échelle des attentes et de la qualité de la discographie de son auteur.

Marqué par quelques morceaux très efficaces (“Friday,” “Terrain”), l’album manque toutefois beaucoup trop de structure globale et de moments de grandeur comme Booba a su si bien en faire par le passé. Enfermé dans une zone de confort qui le bride, Trône est en-deçà de ce que l’on pouvait attendre.

Booba trône cover

8. Futur (2012)

Un peu à la manière de Trône, Futur est un un bon blockbuster, mais un album qui est assez nettement en dessous des meilleurs de Booba. Aussi bien dans sa globalité que dans ses meilleurs moments. Pire encore, pour la première fois, ce n’est sans doute pas le rappeur originaire de Boulogne qui a le meilleur couplet de son album, puisque Kaaris vient lui voler la vedette avec brio sur le cultissime “Kalash.” À côté de ça, on retrouve un B2O qui oscille entre une trap nerveuse et des singles très mélodieux, deux formules qu’il proposera dans une version plus aboutie par la suite, bien qu’il est déjà ici en contrôle.

Dans son ensemble, l’album profite beaucoup de son excellente réédition (“AC Milan,” “Parlons peu,” “RTC,” et “Billets verts”) pour lui permettre de passer un cap. Bientôt une décennie après sa sortie, Futur est un album qu’il est toujours plaisant d’écouter, mais qui ne sera jamais notre premier choix pour se replonger dans la discographie de Booba.

booba futur cover

7. 0.9 (2008)

Sorti le même jour que le tout aussi clivant 808’s & Heartbreak de Kanye West, 0.9 semble, dans une moindre mesure, partager avec son compère américain le statut d’album mal-aimé à sa sortie, puis rehaussé avec le temps. Assez neuf dans sa proposition, l’album demeure le premier dans lequel Booba se lance dans l’autotune et se tourne pleinement vers le rap sudiste. Si cette transition était perceptible sur Ouest Side, à l’image du son dirty south qui était déjà présent, elle est ici totalement enclenchée. À sa sortie, l’album sera toutefois un échec critique et commercial, ce qui n’empêcha pas Booba de vite rebondir par la suite.

Tout sur cet album n’a pas vieilli comme du bon vin, et certains morceaux ne sont pas de grandes réussites à l’échelle de la discographie de Booba. Pour autant, des titres comme “Game Over” ou “Salades tomates oignons” sont tout bonnement excellents. Remis dans le contexte d’une sortie il y a 13 ans, 0.9 est, malgré ses défauts, un bon album qui témoigne surtout de l’ambition de son auteur à être le précepteur d’un changement de paradigme sonore dans le rap français. Le temps lui a donné raison.

6. D.U.C. (2015)

Dévoilé au Printemps 2015, D.U.C. a été immédiatement une réussite sur le plan commercial, mais également un album qui fait beaucoup débat quant à sa qualité globale. Il faut dire que son extrême éclectisme, pratiquement sous forme d’une playlist, où Booba présente sa large palette musicale, ne pouvait pas plaire à tout le monde. On retrouve parmi ses 19 morceaux, un nombre impressionnant de bons morceaux : “D.U.C”, “Tony Sosa”, “Mon pays”, “Mové Lang”, “LVMH” tandis que l’album se boucle sur un enchaînement de grande qualité avec “Temps mort 2.0”, “3 G”, “La mort leur va si bien” et “OKLM”.

Si D.U.C. aurait pu être un album exceptionnel de 14 morceaux, il est finalement un très bon projet de 19 titres. Et si l’on juge un album d’abord à sa quantité de bons morceaux, alors la présence de D.U.C. devant 0.9, Futur et Trône devient presque évidente.

5. Lunatic (2010)

Après l’accueil très mitigé de 0.9, Booba a fait taire tout le monde avec Lunatic. Si son titre pouvait évoquer une certaine nostalgie sonore, il n’en est rien. Le rappeur exilé à Miami livre un blockbuster moderne, aussi bien dans le fond que la forme. Des bangers imposants croisent des tubes entêtants et une pléthore d’invités prestigieux (Diddy, Akon, T-Pain, Ryan Leslie). Sur cet album, Booba maîtrise beaucoup mieux ce qu’il avait tenté de proposer sur 0.9, et le résultat s’est immédiatement fait ressentir auprès du public : Lunatic est un carton largement justifié.

En proposant une belle dose de mélancolie sur les excellents “Lunatic”, “Comme une étoile” ou “Paradis”, ainsi que des street anthems comme “Jour de paye”, “Jimmy deux fois” ou “Top niveau”, Booba livre un album parfaitement équilibré et de très belle facture. Dans n’importe quelle discographie française, cet album serait top 3. Malheureusement pour Lunatic, la concurrence est affolante de qualité.

4. Panthéon (2004)

Faire suite à un classique immédiat n’est jamais simple, d’une part car les comparaisons seront faites systématiquement, mais aussi parce que faire mieux est pratiquement impossible. Avec son deuxième album Panthéon, Booba s’en est pourtant très bien tiré. Coincé entre deux des plus grands classiques du rap français (Temps mort et Ouest side), Panthéon ne reçoit de ce fait pas forcément l’amour qu’il mériterait, d’autant qu’il a le mérite d’avoir très bien vieilli pour l’époque. Une intro et une outro qui sont des références en la matière, le très bon single “N°10” ou encore le trop sous-estimé “Hors-saison”, l’album possède des moments remarquables.

Encore très inspiré par le son new-yorkais, Booba propose ici un album d’une efficacité redoutable. 53 minutes, 13 morceaux réussis et des sonorités particulièrement bien maitrisées. Si Panthéon n’est pas sur le podium, c’est tout simplement parce que ses meilleurs moments ne sont pas aussi iconiques et uniques que ceux des albums devant lui. Dans sa globalité, il n’y a toutefois pas grand chose à reproche à cet album sophomore.

3. Nero Nemesis (2015)

Nero Nemesis est absolument vital dans la discographie de Booba. Il est son classique moderne, celui qui justifie grandement la qualité de sa longévité et celui qui lui a permis de rester au sommet du rap français, au sein d’une année 2015 où son renouvellement était exceptionnel. Quelques mois après l’accueil timide de D.U.C., Booba fait une fois de plus taire tout le monde en livrant un projet d’une qualité folle. En 13 titres, B2O condense toutes les qualités de sa seconde moitié de carrières : des hits énormes, des démonstrations de force arrogantes, des couplets remplis de punchlines cultes et un vrai talent pour bien choisir ses protégés : Damso et Siboy en tête. Le tout est condensé dans un album marqué par un sentiment d’urgence et une envie de remettre les pendules à l’heure auprès de ceux l’ont pris pour acquis.

L’outro “4G” est un excellent symbole de l’état d’esprit de cet album et de son propos global. Booba toise la concurrence et confirme qu’il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il souhaite prouver quelque chose. En signant avec Nero Nemesis l’un des meilleurs albums des années 2010 dans le rap français, le fondateur du 92i a marqué au fer rouge une nouvelle génération d’auditeur, comme il avait su le faire avec Mauvais Oeil ou Temps Mort 15 ans plus tôt.

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2. Temps mort (2002)

Démarrer une discographie solo avec une telle claque était un bon indicateur de la suite : la discographie de Booba n’allait franchement pas être banale. En 2002, deux ans après le culte Mauvais oeil, B2O se lance en solo avec un album qui symbolise parfaitement l’artiste qu’il était en début de carrière : une plume folle, un son très new-yorkais et un univers ultra-nihiliste, très marqué par son environnement. Dès son intro hargneuse, l’exceptionnel titre éponyme, Booba pose les bases de la distribution de gifles qu’est Temps mort. La suite établit un décor poisseux et une envie jusqu’au-boutiste de grimper l’échelle sociale, dans le but de “devenir ce qu’il aurait dû être”.

Le résumé de son mantra sur “Indépendants”, le récit pudique mais brutal de sa vie sur “Ma définition”, de l’egotrip maitrisé avec aisance sur “Jusqu’ici tout va bien” ou encore une prise de pouvoir sur “Nouvelle école”, aucun morceau de cet album n’est laissé au hasard. Tous sont un chapitre indispensable de l’artiste qu’était Booba à cette époque et une photographie du hip-hop de cette période. Même lorsqu’il se risque à un single radio-friendly sur la réédition de l’album avec “Destinée”, l’exercice est fait un bon goût caractéristique. “J’ai abrégé les études pour sortir des disques” explique-t-il en introduction de ce single. On ne l’en remerciera jamais assez.

1. Ouest Side (2006)

Si Temps mort est le parfait résumé du Booba des débuts et Nero Nemesis celui de la fin de son prime, Ouest Side est celui sur lequel il est au sommet de sa force. Parfait mélange de démonstrations techniques, de morceaux introspectifs et mélancoliques et de bangers qui font trembler le sol, l’album résume tout Booba. Son sens de l’humour, ses métaphores crasseuses, ses références sportives ou politiques, son état d’esprit sans demi-mesure… S’il fallait résumer Booba à quelqu’un qui ne le connait pas, rien ne serait plus efficace que de lui faire écouter Ouest Side.

La lecture de la tracklist provoque un rictus nerveux tant les morceaux cultes s’enchainent. Sur cet album, Booba réussit à condenser toutes les meilleures facettes du rap des années 2000. Le dirty south de “Boulbi” à la grande chanson française qu’est “Pitbull”, en passant par l’ambitieux crossover rock qu’est “Couleur ébène”, la palette musicale est aussi riche que variée. On retrouve également sur “Gun in Hand” ce qui est probablement sa meilleure collaboration franco-américaine, tandis que “Le Duc de Boulogne” est une démonstration de force insensée de facilité. Le Booba prodige du rap rencontre le Booba capable de faire des grandes chansons, et si le premier sera parfois perdu par la suite, le second n’existait pas encore totalement avant. Ouest Side, c’est avant tout la rencontre parfaite entre les deux meilleures facettes de Booba. Un monument.

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