Lacoste et le nageur Laurent Chardard réunissent athlètes olympiques et paralympiques avec le concept 9ᵉ couloir

Attaché aux valeurs d’inclusivités et d’égalités, Lacoste a organisé en partenariat avec le nageur paralympique Laurent Chardard une course inédite. Baptisée 9ᵉ couloir, elle a permis à ce nageur amputé en 2016 d’un bras et d’une jambe, de se confronter aux nageurs olympiques qui s’élançaient au même moment à Tokyo pour la finale du 50 mètres nage libre. Quelques heures après cette course inédite et juste avant de prendre son avion pour rejoindre Tokyo, Laurent Chardard a répondu à quelques une de nos questions :

Comment tu te sens avant cette échéance olympique ?

Écoute plutôt bien, je suis à l’hôtel avec les autres athlètes. On s’envole ce soir, et j’ai eu un avant-goût de ce que va être la compétition (la cérémonie d’ouverture se tient le mardi 24 août, ndlr) avec ce projet Lacoste. Donc j’ai qu’une seule hâte, c’est d’y être maintenant ! 

Comment s’est déroulée la préparation pour les jeux ?

C’est assez dur, assez intense ! Surtout à cette période, c’est l’été les copains organisent des barbecues, des apéros, mais je suis obligé de ne pas céder en mangeant trop ou en rentrant tard même si c’est tentant.

Le report de la compétition n’a pas été trop compliqué à gérer ? 

Honnêtement, c’était une sorte de soulagement pour moi. Je suis nageur depuis 2017 donc ce report d’une année m’a permis de me perfectionner et d’habituer mon corps à la nage quotidienne. J’arrive mieux préparé donc c’est bénéfique.

Justement, tu es assez jeune sur le circuit, tu peux nous raconter ton parcours ?

De base, je suis un fan de surf. En 2016, je surfais à la Réunion et j’ai été attaqué par un requin, j’ai perdu un bras et une jambe. Après une longue période de rééducation, j’ai souhaité me remettre au surf. Forcément, j’ai eu du mal à retrouver mes sensations et je me suis dit que ça pouvait m’aider de me mettre à la natation. J’ai commencé à nager pour mieux surfer et il se trouve que je me suis découvert de bonnes capacités en nage. Du coup, j’ai continué à me perfectionner et me voilà athlète pour les jeux olympiques, c’est plutôt cool.

Le fait de remonter sur un surf après ton accident et de continuer à faire du sport c’est une forme de thérapie ?

Je ne sais pas si on peut parler de thérapie, mais la résilience, c’est un truc qui me définit clairement. Après mon accident, j’aurais très bien pu rester dans une phase de plainte et me lamenter. J’ai perdu un bras et une jambe, je suis handicapé, ma vie ne sera jamais plus comme avant. C’est une réalité. Je ne souhaite pas être défini par cet handicap. Dès que j’ai pu me remettre au sport, j’ai foncé, ça m’a aidé à aller mieux. Finalement, l’important est d’accepter les choses, les situations difficiles. Il faut tenter de s’en servir pour continuer d’avancer. 

Peux-tu nous expliquer le projet 9ᵉ couloir de Lacoste ?

Ils m’ont contacté il y a un an, c’est un projet qui a mis du temps à se mettre en place, au début, c’était assez flou dans mon esprit. Ils m’ont dit : « Tu vas nager en même temps que la finale du 50 mètres nage libre. » J’ai répondu : « Mais les gars sont à Tokyo, moi je suis en France  » (rires). Et finalement quand j’ai vu l’installation, les lasers en direct calés sur les temps des athlètes, c’était impressionnant. Ça m’a aidé à me projeter sur ma compétition paralympique fin août et c’est une bonne chose que Lacoste cherche à casser les barrières entre les compétitions.

On parle de plus en plus d’inclusivité dans le sport ou dans les campagnes publicitaires. Tu te sens investi d’une mission ?

Je trouve ça bien, on voit de plus en plus de fauteuils roulants, de prothèses et c’est une bonne chose. Ce ne sont pas des choses à cacher, il faut les montrer. Je suis un cas particulier parce que je suis handicapé depuis 2016 seulement. Il y a une forme de mission oui : inspirer les générations futures de valides ou d’invalides en leur montrant que l’handicap n’est pas une fatalité. Ça me paraît important. L’handicap ne doit pas définir qui l’on est ou ce que l’on fait.