Shaz a composé dans l’ombre des morceaux pour SCH, Migos, Kerchak, Kalash, Damso ou Alonzo. Producteur et musicien, il aime mêler instruments organiques et numériques.
“Je faisais de la musique de base, des instruments ; piano, guitare, violon. Et après, naturellement, comme j’étais à fond dans le hip-hop, je me suis mis à la production en 2013, comme ça, pour le plaisir. Puis professionnellement en 2018, quand j’ai signé avec Warner.
J’aime bien tout ce qui est trap mais après je suis très musical aussi donc j’aime beaucoup mélanger les instruments, la guitare, la basse… avec du numérique, une production qui pète, plus club en fait. J’aime bien ce mélange d’organique et de numérique. Je dirais que c’est ça ma patte.
La session studio, c’est là où la magie se passe. Moi ce qui me fascine c’est qu’on est deux ou trois à créer quelque chose et après tu vois des millions de gens danser, chanter… ça c’est incroyable, c’est peut-être ce que je préfère dans la musique. De créer quelque chose ensemble et ensuite de propager, que ça ne nous appartienne plus.”
Damso x Kalash, “Malpolis”
“Kalash c’était vraiment une de mes plus belles rencontres artistiquement, dans la vie, dans la musique.
On a fait des centaines de morceaux ensemble qui ne sont jamais sortis. On teste, on s’amuse, comme deux potes qui font de la musique ensemble.
‘Malpolis’ ce qui est marrant, c’est que c’était pour Damso à la base.
Kalash allait à Bruxelles bosser avec Damso pour l’album de Kalash. Donc je pense que Damso a dû lui dire ‘Ah mais attends c’est ton gars Shaz, il m’a envoyé un truc’. Et du coup Kalash m’a dit ‘On a fait un truc sur ta prod avec Damso’, et il m’a envoyé ‘Malpolis’.
Il faut savoir que Damso, c’est un peu comme Rilès là-dessus je trouve, c’est vraiment des producteurs eux-aussi, donc ils ont une vision vraiment de DA. Et il a amené un truc vraiment unique dans les effets, la batterie qui tape de cette manière, la structure il l’a un peu changée… Et il a sublimé ma production. C’était une collab’ avec The 9AM et Gancho, qui m’avaient envoyé cette boucle de piano de base.
Ça fait du bien que Kalash ait sorti ça en single alors que c’est un son qui n’est pas format single, pas facile à aborder, il n’y a pas de refrain, c’est grave un morceau un peu évolutif où ils se livrent dedans, ils disent de vraies choses, ils parlent de leurs enfants, ils ont tous les deux des fils à peu près du même âge… Donc ça m’a touché ce titre-là.”
SCH, “Plus rien à se dire“
“Premier truc que j’envoie, il a pris. Et ça a donné ‘Plus rien à se dire’ sur JVLIVS II.
J’aime bien ce titre parce que ça change un peu du SCH de d’habitude, c’est plus ouvert. Et ça annonce, sur le track d’après, le son avec Jul, qui s’appelle ‘Mode Akimbo’.
Je revenais, je crois, d’un séminaire avec une chanteuse plus pop, qui n’est pas connue. Et du coup j’avais une vibe plus ‘house’, dansante. Donc première partie du son c’est plus trap et deuxième partie c’est plus house. Un côté plus rappé, un côté plus club.
Souvent je pars d’une mélodie, que ça soit de la guitare, du piano, ou même une boucle, donc quelque chose de déjà existant, que je transforme, et après je rajoute les rythmiques en général.
Dans ce milieu, tout est une affaire de crédibilité. C’est le truc numéro 1. Et quand tu es sur un album, tu es dessus et on ne pourra jamais te l’enlever. Tu as fait ce truc qui a marqué la carrière d’un artiste, donc des millions de personnes qui ont écouté, donc en fait c’est de la crédibilité.”
Kerchak, “McFlurry” (808CLUB)
“L’idée derrière 808CLUB c’était vraiment de faire une performance studio avec un rappeur, et d’inviter le rappeur dans notre univers avec Alex Grox. On fait un titre exclusif et on invite le rappeur à faire le titre en studio.
Pour Kerchak ‘McFlurry’, on a samplé Edith Piaf. On s’est dit ‘Viens on prend un truc classique de la musique française et on le réadapte en mode 3.0, 2023.’ On a pris un truc iconique pour en faire quelque chose de jersey, qui est le truc le plus tendance actuellement.
La jersey c’est un pattern et sur ça tu mets ce que tu veux. Ce qui est cool dans le hip-hop c’est que c’est peut-être le seul genre musical qui n’est pas codifié en termes de mélodie. Tu prends le rock, il faut la guitare. Tu prends la musique classique, il faut le violon, les cordes. Le hip-hop, tu as la rythmique et après tu mets ce que tu veux dessus.
J’ouvre Twitter un jour et je vois un média qui partage ‘Kerchak, le nouveau rappeur qui amène la jersey’. J’ai vu ce tweet passer, j’ai DM Kerchak ‘On fait une émission qui s’appelle 808CLUB, t’es chaud?’
Il s’avère qu’il a 18 ou 19 ans et j’arrive je vois un mec avec une grosse barbe, costaud, je me dis ‘Mais c’est pas lui Kerchak’. En fait c’était lui. Je vois un bonhomme je dis ‘Comment ça? T’as pas 18 ans toi!’.
On a tout fait en 30 minutes. Kerchak maitrise vraiment son karaté comme on dit. Il va très vite.
Et c’était une énergie pure. Kerchak c’est la spontanéité, c’est le truc vraiment instinctif.”
Migos, “Working a Fool“
“Je bosse avec Dun Deal. Dun Deal qui a fait ‘Hannah Montana’ et d’autres titres pour plein d’artistes américains. Il m’envoie un message et me dis ‘Il y a Migos qui vient demain soir, envoie-moi des trucs.’
Je cherchais un truc qui pouvait les toucher. Et j’ai pensé à Outkast. Parce qu’Outkast c’est le groupe phare d’Atlanta des années 90-2000. Je me suis dit ‘Autant essayer de voir s’il n’y a pas un truc à sampler d’Outkast’. Je commence à écouter des projets et là je tombe sur une interlude d’un album qui s’appelle ‘Kim & Cookie’, où il y a vraiment 4 secondes de magie au début. Donc je prends ce bout-là et je commence à travailler autour de ça. J’ai vraiment samplé et de ça, j’en ai fait tout autre chose.
Le son devait être sur l’album, il est sorti sur le deluxe, sauf que moi je n’étais pas du tout au courant. Je croyais que c’était pour l’album. Le projet sort et il n’est pas dessus. Alors là tu es au fond du trou, parce que je me disais que ça pouvait changer ma carrière. Même au-delà de la carrière, c’était un rêve de passionné. Et cinq jours après, un deluxe sort. Et boum il est dessus.
En plus j’écoute le titre et à la fin il y a un solo de Mike Dean, 1 mn 30 de piano, de clavier etc. Mike Dean, c’est le producteur de Travis Scott, de Kanye West, de Madonna… C’est une légende de la musique, il a même bossé avec Tupac à l’époque. Donc avoir Mike Dean, Migos sur le même track, pour moi c’est incroyable.”
