La marque allemande est accusé par des historiens d’avoir dégradé des bâtiments inscrits au patrimoine indien en graffant dessus pour les besoins d’une campagne de pub.
Voilà ce qu’on appelle un bad buzz. Le spot de Puma pour la collection Suede Gully (“Gully” = “Rue” en Hindi) met en scène de jeunes talents de l’art indien en train de rapper, graffer et danser dans les vieux quartiers de New Delhi. Même s’il faut avouer que la rencontre entre le hip-hop et Bollywood est plaisante sur les plans auditifs et visuels, la publicité réalisée par Puma est vivement critiquée par des historiens indiens. La campagne de la marque aurait en effet détérioré de manière irréversible plusieurs bâtiments datant du 17ème siècle et constituant une partie du quartier façonné par l’empereur moghol Shâh Jahân, du fait des nombreux graffs aposés sur les murs de plusieurs bâtiments pour les besoins du clip.
Même si Puma explique avoir reçu toutes les autorisations nécessaires au tournage de cette publicité, The Guardian a recueuilli plusieurs témoignages d’historiens indiens montés au créneau pour condamner le manque de respect de la marque envers le patrimoine de leur pays : “Vous ne pouvez pas arriver et peindre tout ce que vous voulez” explique notamment Swapna Liddle, une responsable de l’Indian National Trust for Art and Cultural Heritage. Le propriétaire des bâtiments utilisés lors du tournage s’est justifié en expliquant qu’il ignorait que ses propriétés revêtaient un intérêt historique aussi important, tout en ajoutant qu’ils étaient plus beaux maintenant qu’ils étaient graffés.
L’historienne indienne spécialisée dans l’empire mogole Rana Safvi regrette également le manque de considération des grandes corporations envers l’héritage de son pays : “Je suis vieux jeu là dessus mais pour moi le street-art ne fait pas du bien aux bâtiments historiques. Ils ne les ont pas magnifié. Ils ont dégradé tout ça pour un plan de deux secondes dans une campagne de pub.” Quasi philosophique, la question que pose toute cette affaire est la suivante : Le street-art peut-il être réalisée partout et pour n’importe quelle raison ? Vous avez quatre heures.
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