PSG-Istanbul Basaksehir, quand le football se décide enfin à dire non

Ce PSG-Istanbul Basakeshir doit constituer un acte fondateur de la lutte contre les discriminations dans le sport.

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Ce devait être un match anodin. Une rencontre qui pouvait permettre au Paris Saint-Germain de valider la première place de son groupe de Ligue des Champions ou à Basakeshir de sortir avec les honneurs. Un match qui, en clair, ne devait pas rester dans les mémoires. Et pourtant, personne n’oubliera ce mardi 8 décembre. Ce mardi soir glacial restera dans l’histoire du football, et du sport en général, comme une avancée cruciale dans la lutte contre le racisme.

Le “Ala negru !“(ndlr : “ce noir-là”) clamé par Sebastian Coltescu pour désigner Pierre Achille Webo auprès de l’arbitre central pourrait en effet bouleverser le paradigme du football mondial. Les 22 acteurs de la rencontre d’hier ont peut-être posé de nouvelles bases : si le racisme prend le pas sur le jeu, alors ce sera sans eux. Eux qui sont l’essence même du football, sans qui le ballon ne prendrait pas vie. Demba Ba en tête, les parisiens et les stambouliotes ont ainsi décidé de rentrer aux vestiaires dans le calme, pour ne jamais en ressortir.

Devant le dérapage du dépositaire de son autorité, la solution de l’UEFA aura été d’imposer un ultimatum aux deux équipes. Oublions le racisme, place au jeu ! Culotté de la part d’une entité qui n’a cessé de rabâcher son “NO TO RACISM, RESPECT” à grands coups de spots TV, sans jamais prendre ce problème à bras le corps. Déjà lunaire, l’idée de l’UEFA a ensuite sombré dans le grotesque, en proposant de recaser Sebastian Coltescu dans le camion de la VAR.

Quid de l’arbitre central, ayant entendu les propos racistes de son assistant sans réagir ? Le mutisme de l’UEFA sur ce point, comme sur beaucoup d’autres, en dit long sur son incohérence. Car avant de penser à réformer la Ligue des Champions pour que la soupe soit toujours plus bonne, il semble important de se se pencher sur les agissements qui gangrènent le foot depuis trop longtemps. Et pas seulement dans les tribunes, les événements du 8 décembre ayant prouvé que ce problème ne touchait pas que les stades.

Pour la première fois de l’histoire, deux équipes ont donc décidé de prendre leurs responsabilités face à un acte odieux. Ils ont ainsi rappelé des valeurs fondamentales du sport, la solidarité en tête. Capables de se faire la guerre pendant 90 minutes sur le terrain, les joueurs des deux équipes se sont finalement unis pour le bien commun. Ils ont ainsi transcendé le football, qui a une nouvelle fois démontré sa formidable caisse de résonance sociale. Demba Ba, Neymar, Kylian Mbappé, Presnel Kimpembe et tous les autres ont accepté leur rôle de modèles, notamment auprès de la jeune génération. Surtout, ils viennent de définir des nouveaux standards pour tous les terrains de foot du monde, prolongeant parfaitement le combat du mouvement Black Lives Matter.

À l’heure de saluer une dernière fois le comportement irréprochable des joueurs et du staff des deux équipes, ayons une pensée pour tous les joueurs victimes de cris de singe, d’injures racistes et autres discriminations sur une pelouse. Avant ce 8 décembre, leurs coéquipiers tentaient de les calmer, de les consoler, de leur expliquer l’inexplicable. Les mentalités évoluent dans le bon sens et ce PSG-Istanbul Basakeshir doit constituer un acte fondateur de la lutte contre les discriminations dans le sport. Ce match n’avait finalement rien d’anodin.