Entre spontanéité et amitié, Element et Hotel Radio Paris rappellent les bases d’une collaboration réussie

Interview avec le Directeur Créatif d'Element, le fondateur d'Hotel Radio Paris et le rappeur anglais Lord Apex.

Unis autour du vêtement pour prouver la force des communautés créatives unies, émergentes et entreprenantes, Element et Hotel Radio Paris ont décidé de nous faire voyager. Un voyage initié il y a plusieurs années un peu par hasard, qui s’apprête aujourd’hui à réveiller de nombreuses capitales à grands coups de live shows et de Polartec.

Fort de 30 ans d’expérience dans le skatewear, Element s’est donc associé à la webradio parisienne, le temps d’une capsule pensée comme un hommage aux activités outdoor et à la nature. En invitant Lord Apex à incarner cette collection « multicouche » d’entre-saison, l’éternelle marque de skate et Element se plaisent à créer des ponts entre les disciplines, les styles, les cultures, en mettant en avant un artiste passionné et lumineux.

Entre escapades en montagne, sorties pêche ou showcases urbains, le trio créatif va bientôt investir les villes de New York, Milan, Berlin, Brighton, Toronto ou encore Hong-Kong. Il prendra ses quartiers dans diverses galeries, boutiques et autres stations de radio locales partenaires. Rencontre avec les trois principaux visages de cette collaboration inédite : Rey Gautier (Directeur Créatif chez Element), Jean-Charles Leuvrey (fondateur de Hotel Radio Paris) et Lord Apex (égérie et rappeur).

Rey, tu es le directeur créatif de Element. Est-ce que tu peux nous dire comment est née cette collaboration ?

Rey Gautier : J’ai rencontré J-C il y a deux ans, lors du lancement d’une collaboration entre Element et Nigel Cabourn chez NOUS Paris. Il était DJ ce soir-là et on a commencé à parler skateboard, vêtements outdoor, culture… On s’est rendu compte qu’on avait tous les deux longtemps vécu à Londres, qu’on avait pas mal d’amis en commun et qu’on partageait un intérêt pour les activités en extérieur, chose plutôt inattendue. J’étais intéressé par ce que J-C développait avec sa radio. J’ai tout de suite été attiré par son esprit communautaire, sa polyvalence et sa capacité à rassembler les genres. Tout ça se rapprochait beaucoup de l’esprit skateboard et on est tout simplement devenus amis.

Jean-Charles Leuvrey : Je faisais souvent du merch pour la radio, avec des séries très limitées de 40-50 pièces maximum. J’avais fait cette casquette que j’ai donnée à Rey et il l’a direct trouvée incroyable ! Elle a été sold-out en quelques minutes et on a décidé d’en rééditer une version pour cette collab’ avec Element.

Rey Gautier : C’est vrai ! Je me suis dit : “Ce n’est pas possible, cette casquette a des protège-oreilles, c’est du génie ! Maintenant mes oreilles restent au chaud, j’ai même pas besoin de porter mes chauffe-oreilles Hello Kitty !” (rires). Ça a commencé comme ça et c’était plutôt un bon départ.

Le processus était donc lancé ? Comment est-ce que ça s’est articulé jusqu’à la mise en vente et le lancement de cette collaboration aujourd’hui ?

Rey Gautier : J’ai appelé J-C en mars 2020, parce que je ne faisais que ruminer et repenser à cette idée. Je me suis demandé comment on pouvait créer un lien entre les divers éléments. Entre le skate et le vêtement, avec ces notions de communautés et d’indépendance que J-C propose via son projet de webradio. On a cherché comment on pouvait faire pour allier l’urbain et l’outdoor. On a beaucoup réfléchi aux matériaux, que l’on voulait techniques et agréables, au toucher comme au bruit. On voulait que ça soit résistant au vent, à la pluie, à la chaleur, léger. Finalement, c’est la meilleure chose qu’on peut avoir pour faire du skate. Une fois le matériau choisi, tout s’est très vite enchaîné.

Cette collaboration est donc axée autour de la communauté et du savoir-faire ?

Rey Gautier : Au-delà de cette connexion entre nous, on avait envie de proposer quelque chose de versatile : des vêtements qui s’adaptent à leurs propriétaires et à leur époque. Aujourd’hui, on est plus bloqués comme avant dans le “je suis un skater, je ne veux rien d’autre que du vêtement de skate.” Les gens n’ont pas peur de toucher à tout, d’être à la fois cuisinier, rappeur, scientifique… Des fois, ils ont juste envie de retrouver une connexion avec la nature. Le vêtement doit être confortable, mais ce n’est pas lui qui décide de ce que tu es. C’est toi qui décides ce que tu fais du vêtement, avec ta personnalité.

En parlant de personnalité, pourquoi avoir choisi Lord Apex ? Ça a dû être difficile de faire un choix quand on connait l’ouverture et le caractère éclectique de Hotel Radio Paris ?

Jean-Charles Leuvrey : C’est une longue histoire… Mais il faut avant tout savoir qu’Apex a une très grosse communauté de skaters qui le suit.

Lord Apex : Je suis tout simplement identifié comme le rappeur qui adore le skate. J’ai grandi dans un quartier très noir et j’avais un skateboard, mais j’en faisais seulement dans le jardin derrière ma maison. Je ne pouvais pas aller en faire en public parce que les dealers se seraient demandé ce que j’étais en train de faire. J’essayais les jeans skinny de ma soeur mais j’étais forcément bloqué chez moi (rires). Du coup, c’était un rêve pour moi de pouvoir allier rap et skate.

Jean-Charles Leuvrey : Quand on a évoqué pour la première fois l’idée d’avoir un visage pour cette collaboration, j’ai directement dit qu’on avait besoin d’un rappeur anglais. La collection va être vendue partout dans le monde et l’impact ne serait clairement pas le même avec un rappeur français. Lord Apex et sa musique peuvent parler à n’importe qui : on va aller à Hong-Kong, à Milan ou encore à Berlin pour faire vivre cette collection, donc c’était important pour nous que tout le monde puisse le comprendre. Et je ne sais pas… il a une vibe de skater ! Il représente un peu le “Do it Yourself” qui est si important dans le milieu du skate. J’oubliais presque le plus évident, j’adore sa musique, je suis un vrai fan.

Lord Apex : Je me suis fait tout seul et j’ai mis 10 ans à me construire. Et ça n’a pas vraiment changé. Maintenant, je suis dans une meilleure situation, mais je continue de faire mon business pour moi-même.

Rey Gautier : Et il y a aussi les thèmes qu’il évoque dans son rap. J’ai toujours beaucoup écouté de rap et j’ai découvert la musique de Apex avant même de le rencontrer. Quand je l’ai rencontré, je me suis dit : “Wow ce gars est vraiment le fit parfait pour notre marque, il n’y a que de la positivité en lui.” Regardez-le sourire ! Vous voyez ce que je veux dire ?

Lord Apex : Comment voulez-vous que je sois négatif ? Vous m’avez emmené à la pêche pour la première fois de ma vie, c’était fou. Je n’ai pas attrapé de poisson, mais ça m’a mis dans un état d’esprit incroyable ! Même le shooting à Fontainebleau, ou le soleil aujourd’hui, je me sens encore rayonner !

Hotel Radio Paris et Element sont plutôt des marques inscrites dans un milieu alternatif, émergent. Avec cette collection outdoor qui arrive dans un moment fort pour cette tendance, vous cherchez à toucher un public différent, plus large ?

Jean-Charles Leuvrey : C’est marrant que tu nous demandes ça. Il y a un an, quand on a commencé à développer la collection, le délire outdoor n’en était pas encore là. C’était en train de monter, mais ce n’était pas encore une véritable tendance populaire. Quand tu travailles avec des grosses marques comme Element, tout prend plus de temps que lorsque tu produis juste pour ta petite communauté. J’ai quand même presque envie de dire qu’on était en avance !

Rey Gautier : Je rajouterai qu’on ne voulait pas produire une collection outdoor “cliché”. Le vêtement se devait d’être crédible. On n’avait pas envie de mettre des couleurs super vives juste pour mettre des couleurs super vives…

Lord Apex : Les couleurs que vous avez utilisées m’ont fait me sentir à ma place dans la nature. J’avais l’impression de me fondre dans le décor quand on a fait les photos de la campagne.

Jean-Charles Leuvrey : On a aussi réfléchi à comment les gens portaient ce genre d’habits. On s’est dit que tout le monde avait déjà cette veste bleu marine ou cette veste noir qu’il ou elle met tout le temps. On voulait développer cette veste verte que les gens porteraient aussi très régulièrement et longtemps.

Rey Gautier : Par rapport au skate, ce genre de vêtements a toujours été pertinent parce que c’est un sport qui se pratique presque tout le temps en extérieur. Tu ne portes pas forcément une veste Gore-Tex parce que tu en as envie, mais parce que tu dois le faire pour pratiquer ta discipline dans les bonnes conditions. Le lien qui est pourtant évident entre ces deux milieux est rarement évoqué. Le skate a besoin de l’outdoor. Il y a vingt ans, je faisais du skate avec des Salomon aux pieds parce que c’était ce qui me convenait le mieux. C’est aussi ça la mentalité du skater. Aujourd’hui, ils ont toujours une ouverture sur le vêtement qui est grande, ils peuvent facilement mixer des sapes provenant de diverses cultures.

Jean-Charles Leuvrey : j’ai l’impression que des artistes comme Apex font la même chose ! Ils sont souvent dehors et ils adaptent leur tenue.

Lord Apex : C’est clair ! À chaque fois que tu me vois, je suis en pantalon cargo. Je ne sors jamais sans tous mes objets préférés dans mes poches. Et là, avec ce pantalon de la collaboration avec le filet et la fermeture devant, c’est parfait. Je ne me demande jamais où j’ai mis mon masque.

Rey Gautier : Justement. Puisque J-C est un grand amateur de pêche, on retrouve ces éléments sur les vêtements, avec du nylon balistique, des poches qui reprennent l’esthétique des sacoches de pêche. Ça a quand même été une grosse source d’inspiration pour le design.

Aujourd’hui, comment situeriez-vous le skatewear vis-à-vis des tendances et de la mode ?

Jean-Charles Leuvrey : Le skatewear n’a jamais été aussi varié et ouvert. Pendant longtemps, c’était des pantalons baggy, des hoodies oversized…

Rey Gautier : Mais aujourd’hui c’est juste un mix de tout !

Lord Apex : Maintenant, on a des “high fashion skaters”

Jean-Charles Leuvrey : Même si on pense à Virgil Abloh, c’est dingue ce qu’il a fait pour le monde du skate. Il a envoyé des pièces Louis Vuitton à des skaters. Même si on pense à Lucien (ndlr : Clarke) qui ride pour Vuitton maintenant, c’est complètement fou de se dire qu’avant il skatait pour Element ! Les gens l’ont oublié, mais il était chez Element pendant dix ans. Parce qu’Element a toujours su trouver très tôt des représentants très spéciaux avec des fortes personnalités.

Rey Gautier : Pour nous, ça a toujours été important d’avoir des égéries puissantes qui donnaient envie aux plus jeunes de venir chez Element acheter leur matériel et leurs vêtements dès leurs débuts. Certains nous sont restés fidèles, d’autres ont pris des chemins différents et certains sont peut-être revenus chez nous. Notre mission, c’est juste d’introduire les gens au skate, de les initier et de les accompagner.

Si on parle des incontournables Supreme ou encore Palace, quelle place occupent-ils aujourd’hui dans la mode et qu’est-ce qu’ils apportent au skatewear ?

Rey Gautier : Ces marques sont dirigées par des personnes très, très intelligentes. Ils savent exactement ce qu’ils font et ils le font bien. En termes de tendances, c’est difficile de les situer. Je ne les vois pas vraiment comme une tendance, mais plutôt comme une famille qui crée ce qu’elle a envie de créer et quoi qu’ils fassent, ça fonctionne. Ils peuvent mélanger presque n’importe quoi, parce que le skate, c’est un truc cool depuis toujours.

Avec Element vous souhaitez en profiter ou justement vous en éloigner en proposant des collections un peu différentes, inattendues comme celle que vous présentez aujourd’hui ?

Rey Gautier : Chez Element c’est simple. On a trois mots d’ordre : Skate, Culture et Nature. Par contre, on a toujours souhaité explorer des horizons divers.

Jean-Charles Leuvrey : Le fondateur de la marque était un skater, mais aussi un graphiste, un designer de vêtements, il faisait de la musique. Element a toujours voulu voir plus loin et 30 ans après, c’est toujours le cas.


La collection Element x Hotel Radio Paris est dès à présent disponible sur le site de la marque.


Photos : Tony Raveloarison (@tony.r3)

Interview : Johan Lin (@helvetico_thin_bold)