Jean-Jacques Ndjoli, succès à partager

Jean-Jacques Ndjoli, succès à partager 

Jean-Jacques Ndjoli, succès à partager

Créatif au sens large du terme, Jean-Jacques Ndjoli est l’un des nouveaux visages de la mode française. Rencontre avec un artiste protéiforme, pour qui la réussite passe par le collectif.

Bien qu’il ait déjà guidé des dizaines de visites de sa création, Jean-Jacques y met toujours la même énergie. Son plaisir est palpable. « Ça va, vous kiffez ? » s’enquiert-il rapidement, soucieux de connaître notre avis sur le plus gros projet de sa jeune carrière. Volubile et chaleureux, le directeur artistique nous reçoit fin janvier dans l’installation qu’il a imaginée pour la Fashion Week Homme, son Instagram IRL by Jean-Jacques Ndjoli

Créatif au sens large du terme, Jean-Jacques Ndjoli est l’un des nouveaux visages de la mode française. Rencontre avec un artiste protéiforme, pour qui la réussite passe par le collectif.

Bien qu’il ait déjà guidé des dizaines de visites de sa création, Jean-Jacques y met toujours la même énergie. Son plaisir est palpable. « Ça va, vous kiffez ? » s’enquiert-il rapidement, soucieux de connaître notre avis sur le plus gros projet de sa jeune carrière. Volubile et chaleureux, le directeur artistique nous reçoit fin janvier dans l’installation qu’il a imaginée pour la Fashion Week Homme, son Instagram IRL by Jean-Jacques Ndjoli. 

Le réseau social lui avait donné carte blanche pour façonner un lieu à son image, pensé comme une reproduction grandeur nature de l’esthétique recherchée de son feed, fait de jeu sur les couleurs, les formes et les matières. Habitué des collaborations avec les géants de la mode, Jean-Jacques Ndjoli concrétisait ici une idée bien plus intime : rendre aux siens ce qu’ils lui ont donné. Chaque pièce représentait ainsi un membre de sa famille et ses traits de personnalité.
Tout au long de la déambulation, le créatif francilien se montre intarissable sur l’importance qu’il accorde à sa famille, qui, plus qu’une simple inspiration, est son moteur. Après avoir fait le tour du propriétaire, le natif d’Asnières s’installe nonchalamment sur le canapé jaune ayant fait le tour d’Instagram le mois dernier. « Mince, on a loupé mon frère, il était juste là il y a deux minutes ! On aurait pu parler avec lui aussi » s’exclame-t-il soudainement. Le ton de l’entretien est donné. Pour Jean-Jacques Ndjoli, l’aventure se conçoit à plusieurs, étant synonyme de partage et de transmission. Dans le cas contraire, elle ne vaut pas la peine d’être vécue. 

Comment s’est déroulée ta collaboration avec Instagram ? 

Les gens d’Instagram sont venus me dire : “Jean-Jacques, on veut te donner carte blanche sur la direction artistique du 3537 pendant la Paris Fashion Week.” Je suis intervenu sur tout, du début à la fin. Tous les jours, du matin au soir, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus besoin de moi. Je souhaitais être précis sur chaque détail, car il fallait vraiment que ça représente ce que j’avais en tête.

Comment s’est déroulée ta collaboration avec Instagram ?

Les gens d’Instagram sont venus me dire : “Jean-Jacques, on veut te donner carte blanche sur la direction artistique du 3537 pendant la Paris Fashion Week.” Je suis intervenu sur tout, du début à la fin. Tous les jours, du matin au soir, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus besoin de moi. Je souhaitais être précis sur chaque détail, car il fallait vraiment que ça représente ce que j’avais en tête.

Mes parents voient les fruits des semaines où je m’enfermais dans ma chambre pour dessiner, sans quasiment sortir. Ils voient le résultat. 
Jean-Jacques Ndjoli

Mes parents voient les fruits des semaines où je m’enfermais dans ma chambre pour dessiner, sans quasiment sortir. Ils voient le résultat.
Jean-Jacques Ndjoli

Ce que tu avais en tête, c’était un hommage à ta famille ? 

À la base, je n’avais pas réfléchi comme ça. J’étais juste en train d’exprimer mon univers. C’était beau dans ma tête, mais je me demandais quel était le fond derrière tout ça. J’ai commencé à en parler avec mes frères et ma sœur. La réalité, c’est que dans tout ce que je fais, ils sont là. Je voulais absolument les inclure dans ce projet. Donc forcément, j’ai commencé à m’exprimer sur eux, avec mes formes, mes couleurs, mes matières et mon univers. J’ai raconté ce qu’ils représentaient. 

Ce que tu avais en tête, c’était un hommage à ta famille ?

À la base, je n’avais pas réfléchi comme ça. J’étais juste en train d’exprimer mon univers. C’était beau dans ma tête, mais je me demandais quel était le fond derrière tout ça. J’ai commencé à en parler avec mes frères et ma sœur. La réalité, c’est que dans tout ce que je fais, ils sont là. Je voulais absolument les inclure dans ce projet. Donc forcément, j’ai commencé à m’exprimer sur eux, avec mes formes, mes couleurs, mes matières et mon univers. J’ai raconté ce qu’ils représentaient.

Justement, qu’est-ce que ta famille représente ? 

Depuis que je suis petit, c’est toujours pareil : cohésion, fun, compréhension, amour, honnêteté. On a grandi dans cet environnement grâce à nos parents incroyables. Pour moi, c’était la base d’avoir une famille dans laquelle tout le monde s’aime et se sent bien. En grandissant, au fil de mes rencontres, je me suis rendu compte que ce n’était pas la norme. J’ai compris la chance que j’avais, j’en suis plus que reconnaissant. Ce que j’ai connu étant petit, ça n’a jamais bougé. Il n’y a pas de haine, pas de jalousie. C’est juste de l’amour. C’est ce qui me pousse à autant m’exprimer sur ma famille, que ce soit sur Instagram ou dans les projets pour des marques. Je témoigne de l’authenticité de l’amour qu’on éprouve les uns envers les autres. 

Justement, qu’est-ce que ta famille représente ? 

Depuis que je suis petit, c’est toujours pareil : cohésion, fun, compréhension, amour, honnêteté. On a grandi dans cet environnement grâce à nos parents incroyables. Pour moi, c’était la base d’avoir une famille dans laquelle tout le monde s’aime et se sent bien. En grandissant, au fil de mes rencontres, je me suis rendu compte que ce n’était pas la norme. J’ai compris la chance que j’avais, j’en suis plus que reconnaissant. Ce que j’ai connu étant petit, ça n’a jamais bougé. Il n’y a pas de haine, pas de jalousie. C’est juste de l’amour. C’est ce qui me pousse à autant m’exprimer sur ma famille, que ce soit sur Instagram ou dans les projets pour des marques. Je témoigne de l’authenticité de l’amour qu’on éprouve les uns envers les autres.

Dans ton travail, tu mets très souvent ta famille en avant. C’est important pour toi d’emmener tes proches dans ton sillage ? 

Pour moi, c’est simple. Fais ton truc, brille. Après, emmène les gens avec toi pour que vous puissiez briller ensemble. Quand tu réussis et que tu fais des choses, c’est bien, mais si tu es seul au sommet, ça ne sert pas à grand-chose. L’être humain est un animal de meute, on aime partager des choses et être en groupe. Ce n’est pas forcément moi qui guide pour qu’on me suive, c’est plus que j’emmène les gens avec moi, pour qu’ils puissent évoluer selon leurs goûts et leurs univers. C’est quelque chose que j’ai toujours eu en moi, je pense que c’est lié à ma famille. 

Dans ton travail, tu mets très souvent ta famille en avant. C’est important pour toi d’emmener tes proches dans ton sillage ?

Pour moi, c’est simple. Fais ton truc, brille. Après, emmène les gens avec toi pour que vous puissiez briller ensemble. Quand tu réussis et que tu fais des choses, c’est bien, mais si tu es seul au sommet, ça ne sert pas à grand-chose. L’être humain est un animal de meute, on aime partager des choses et être en groupe. Ce n’est pas forcément moi qui guide pour qu’on me suive, c’est plus que j’emmène les gens avec moi, pour qu’ils puissent évoluer selon leurs goûts et leurs univers. C’est quelque chose que j’ai toujours eu en moi, je pense que c’est lié à ma famille.

Quelle a été la réaction de tes parents quand tu t’es lancé professionnellement ?

À la base, j’étais en cours, j’ai passé un Bac STMG et je faisais un BTS MUC (Management des Unités Commerciales, ndlr). Je voulais arrêter, ce que j’ai fait, puis j’ai dit à mes parents : « Laissez-moi deux ans. Vous me laissez faire mon truc et vous me faites confiance. » Le système nous dit que les études sont la meilleure voie pour réussir dans la vie, mais je n’aimais pas ça et je n’étais pas en accord avec ça. J’ai dit à mes parents que si ça ne marchait pas au bout de ces deux ans, j’irais dans l’école de leur choix. Avant ça, je les ai supplié de me laisser faire mon truc et de le faire bien. Si ça marchait, il fallait me laisser continuer. 

Quelle a été la réaction de tes parents quand tu t’es lancé professionnellement ?

À la base, j’étais en cours, j’ai passé un Bac STMG et je faisais un BTS MUC (Management des Unités Commerciales, ndlr). Je voulais arrêter, ce que j’ai fait, puis j’ai dit à mes parents : « Laissez-moi deux ans. Vous me laissez faire mon truc et vous me faites confiance. » Le système nous dit que les études sont la meilleure voie pour réussir dans la vie, mais je n’aimais pas ça et je n’étais pas en accord avec ça. J’ai dit à mes parents que si ça ne marchait pas au bout de ces deux ans, j’irais dans l’école de leur choix. Avant ça, je les ai supplié de me laisser faire mon truc et de le faire bien. Si ça marchait, il fallait me laisser continuer. 

Ils comprenaient ce que tu faisais ?

Pas vraiment. Ils me voyaient faire des photos de temps en temps, c’est tout ! Ils ne connaissaient pas, mais ils ont fait confiance à leur fils. Ça a été la même chose pour mon frère. Maintenant, quand ils voient les campagnes que je fais avec mes frères et ma sœur, ils comprennent. Ils connaissent COMME des GARÇONS, les Congolais aiment trop cette marque (rires). La mode, c’est quelque chose qu’on a dans le sang, c’est inné pour les Congolais. Maintenant, mes parents voient mes voyages, les campagnes que je crée… Quand ils sont venus voir l’événement Instagram, mon père a dit qu’il était fier de moi et ma mère a adoré. Ils comprennent mes choix de vie en voyant les résultats. Ils voient les fruits des semaines où je m’enfermais dans ma chambre pour dessiner, sans quasiment sortir. Ils voient le résultat.

Ils comprenaient ce que tu faisais ? 

Pas vraiment. Ils me voyaient faire des photos de temps en temps, c’est tout ! Ils ne connaissaient pas, mais ils ont fait confiance à leur fils. Ça a été la même chose pour mon frère. Maintenant, quand ils voient les campagnes que je fais avec mes frères et ma sœur, ils comprennent. Ils connaissent COMME des GARÇONS, les Congolais aiment trop cette marque (rires). La mode, c’est quelque chose qu’on a dans le sang, c’est inné pour les Congolais. Maintenant, mes parents voient mes voyages, les campagnes que je crée… Quand ils sont venus voir l’événement Instagram, mon père a dit qu’il était fier de moi et ma mère a adoré. Ils comprennent mes choix de vie en voyant les résultats. Ils voient les fruits des semaines où je m’enfermais dans ma chambre pour dessiner, sans quasiment sortir. Ils voient le résultat. 

Le fait d’arriver à différencier le Jean-Jacques d’Instagram et le Jean-Jacques de ma vie privée, ça permet de conserver un équilibre. 
Jean-Jacques Ndjoli

Comment viens-tu à ce métier de créatif, au sens large du terme ?

En essayant. Partout où je vais, dans tout ce que je fais, j’essaie. C’est la méthode que j’ai utilisée pour en arriver là où j’en suis. Un style que j’aimais ? Je l’essayais. Une manière de faire ? Je l’essayais. Quelqu’un avec qui je voulais bosser ? J’essayais. Tu tombes ? Tu te relèves. À un moment, tu auras tellement appris que tu sauras. Et à partir de là, tu feras.

Comment viens-tu à ce métier de créatif, au sens large du terme ?

En essayant. Partout où je vais, dans tout ce que je fais, j’essaie. C’est la méthode que j’ai utilisée pour en arriver là où j’en suis. Un style que j’aimais ? Je l’essayais. Une manière de faire ? Je l’essayais. Quelqu’un avec qui je voulais bosser ? J’essayais. Tu tombes ? Tu te relèves. À un moment, tu auras tellement appris que tu sauras. Et à partir de là, tu feras. 

Le fait d’arriver à différencier le Jean-Jacques d’Instagram et le Jean-Jacques de ma vie privée, ça permet de conserver un équilibre.
Jean-Jacques Ndjoli

Tu n’as jamais eu d’appréhension face à l’échec ?

Il y a deux manières de prendre le sujet. La première est purement logistique : comment organise-t-on des répétitions dans un contexte pareil ? Les réponses consistent à dire : quand on va répéter sur la Seine, on va répéter des morceaux, jamais l’intégralité du show. La deuxième solution consiste à ne pas répéter en plein milieu de Paris. On va chercher des endroits alternatifs, fluviaux ou terrestres, qui permettront de garder une forme de surprise. Enfin, ce qu’on ne peut pas cacher au public et aux médias, on va s’en servir et le revendiquer. Quand on va répéter au milieu de la Seine de manière non discrète, ça permettra de teaser la cérémonie. On se servira de ses fuites contrôlées comme le font certains grands blockbusters hollywoodiens, pour donner envie au public. Le secret total n’est plus du tout un sujet, bien au contraire. Les indiscrétions peuvent représenter une opportunité.

Tu n’as jamais eu d’appréhension face à l’échec ? 

Franchement ? Jamais. Ma mère m’a dit qu’à chaque fois que je voulais quelque chose quand j’étais enfant, je le faisais. La crainte est là, c’est sûr. Et alors ? La crainte doit te bloquer ?

En grandissant, tu n’as jamais été inquiété par le regard et le jugement des autres, par le fait de t’éloigner d’une forme de normalité dans ce que tu faisais ?

C’est bien d’avoir l’avis des autres. S’il y a des points négatifs qui sont soulevés, ça peut t’aider à modifier ce que tu fais… ou pas. Je peux rester totalement fidèle à ma ligne directrice, même si elle ne plaît pas aux autres. Ce qu’ils vont me reprocher, c’est exactement ce que j’ai voulu faire pour ne pas être comme eux. La différence, c’est génial. Personne ne devrait être pareil. Pourquoi tout le monde devrait forcément porter la même sape ou faire la même chose ? Apporte ce que tu désires apporter. Quand tu grandis, tu découvres le monde et toutes les possibilités qui s’offrent à toi. Tu te dis : « Mais pourquoi je me contente de ça ? Je ne peux pas rester là et m’ennuyer. »

En grandissant, tu n’as jamais été inquiété par le regard et le jugement des autres, par le fait de t’éloigner d’une forme de normalité dans ce que tu faisais ? 

C’est bien d’avoir l’avis des autres. S’il y a des points négatifs qui sont soulevés, ça peut t’aider à modifier ce que tu fais… ou pas. Je peux rester totalement fidèle à ma ligne directrice, même si elle ne plaît pas aux autres. Ce qu’ils vont me reprocher, c’est exactement ce que j’ai voulu faire pour ne pas être comme eux. La différence, c’est génial. Personne ne devrait être pareil. Pourquoi tout le monde devrait forcément porter la même sape ou faire la même chose ? Apporte ce que tu désires apporter. Quand tu grandis, tu découvres le monde et toutes les possibilités qui s’offrent à toi. Tu te dis : « Mais pourquoi je me contente de ça ? Je ne peux pas rester là et m’ennuyer. » 

Dans les faits, comment te lances-tu professionnellement ?

Imaginons que tu as une idée. Tu aimes quelque chose et tu as envie de le partager, mais personne ne te connait. Qu’est-ce qui est une fenêtre ouverte sur le monde ? Instagram. C’est exactement ce que j’ai fait. Je prenais des photos, mais elles restaient dans mon téléphone. Même si la démarche est cool, j’étais le seul à savoir que mes photos étaient belles. Quand j’ai réussi à les partager sur cette fenêtre qu’est Instagram, le monde entier pouvait les voir. Si les gens aiment, ils vont venir vers toi et s’intéresser à ce que tu fais. Pour moi, c’était mes images, la mise en scène que je faisais de moi, de l’architecture et du design. Pour transformer ça en succès, l’authenticité est la clé. Sois toi-même, fais ton truc à fond, sans chercher à copier. Tombe, relève-toi.

Dans les faits, comment te lances-tu professionnellement ?

Imaginons que tu as une idée. Tu aimes quelque chose et tu as envie de le partager, mais personne ne te connait. Qu’est-ce qui est une fenêtre ouverte sur le monde ? Instagram. C’est exactement ce que j’ai fait. Je prenais des photos, mais elles restaient dans mon téléphone. Même si la démarche est cool, j’étais le seul à savoir que mes photos étaient belles. Quand j’ai réussi à les partager sur cette fenêtre qu’est Instagram, le monde entier pouvait les voir. Si les gens aiment, ils vont venir vers toi et s’intéresser à ce que tu fais. Pour moi, c’était mes images, la mise en scène que je faisais de moi, de l’architecture et du design. Pour transformer ça en succès, l’authenticité est la clé. Sois toi-même, fais ton truc à fond, sans chercher à copier. Tombe, relève-toi. 

Et à quel moment sens-tu que ça commence à prendre ?

La toute première marque qui est venue me proposer un contrat, c’était adidas en février 2016. Pour le coup, je n’ai pas pris beaucoup, parce qu’à ce moment, je ne savais pas comment ça marchait (rires, ndlr). Mais j’ai trop kiffé. Je trouvais ça cool qu’une marque aussi importante valorise mon travail, même si je n’étais personne dans ce milieu et que je n’avais presque rien fait sur les réseaux. Il ne faut pas chercher à être gros au niveau des chiffres, mais gros au niveau de l’authenticité et de ce que tu dégages. C’est ça la réalité. À partir de là, ça prendra tout seul. Je n’arrive pas vraiment à exprimer ce que je fais. Je fonctionne à l’instinct, mais j’imagine que les marques viennent chercher une différence.

Et à quel moment tu sens que ça commence à prendre ? 

La toute première marque qui est venue me proposer un contrat, c’était adidas en février 2016. Pour le coup, je n’ai pas pris beaucoup, parce qu’à ce moment, je ne savais pas comment ça marchait (rires, ndlr). Mais j’ai trop kiffé. Je trouvais ça cool qu’une marque aussi importante valorise mon travail, même si je n’étais personne dans ce milieu et que je n’avais presque rien fait sur les réseaux. Il ne faut pas chercher à être gros au niveau des chiffres, mais gros au niveau de l’authenticité et de ce que tu dégages. C’est ça la réalité. À partir de là, ça prendra tout seul. Je n’arrive pas vraiment à exprimer ce que je fais. Je fonctionne à l’instinct, mais j’imagine que les marques viennent chercher une différence. 

J’ai intégré le milieu de la mode par la seule force de ma volonté. Si Virgil et Kanye ont pu le faire, pourquoi pas moi ? Et si j’ai pu le faire, pourquoi pas d’autres .
Jean-Jacques Ndjoli

J’ai intégré le milieu de la mode par la seule force de ma volonté. Si Virgil et Kanye ont pu le faire, pourquoi pas moi ? Et si j’ai pu le faire, pourquoi pas d’autres ?
Jean-Jacques Ndjoli

Quand tu parles d’instinct, on imagine aussi qu’il y une part de réflexion. Comment établit-on la direction artistique de sa propre personne ?

Je ne pourrais pas donner de « guide » pour construire une identité forte en ligne. Mon feed semble très organisé, et, c’est vrai que ça l’est. C’est très épuré, tout va bien ensemble, mais ça se fait tout seul. Il y a quelque temps, j’avais fait une photo avec ma pote Malina sur ma moto pour le sac COMME des GARÇONS x Gucci. J’étais sur ma moto, tout en noir, avec le casque. Ma moto qu’elle a d’ailleurs fait tomber par terre (rires). Avant de shooter, tout ce que je savais, c’est que je voulais un mood futuriste, noir et gris, à la Rick Owens. C’est tout. Je n’avais absolument aucune idée de comment j’allais faire mon truc. C’est pour ça que je parle d’instinct. C’est sur le moment que je vais avoir des idées. À partir de là, un truc va se créer et boum !

En tant que personnalité influente sur les réseaux, comment arrives-tu à maintenir un équilibre entre vie privée et vie publique ?

La différence se fait par rapport à ma personnalité. Pour voir ce que j’ai vraiment à l’intérieur, il faut me débloquer. J’avais une stagiaire qui s’appelait Emmy, elle venait de Bordeaux. Elle arrive à Paris, je vais la chercher à la gare et elle m’avoue vite qu’elle n’avait aucune idée de qui j’étais humainement, de comment notre collaboration allait se passer. Depuis sa fenêtre, j’étais juste une machine à poster des trucs qu’elle jugeait beaux. Elle m’a dit qu’on ne percevait pas mon intimité. Le fait d’arriver à différencier le Jean-Jacques d’Instagram et le Jean-Jacques de ma vie privée, ça permet de conserver un équilibre. Pour vivre heureux, vivons caché (rires).

Tu es désormais très bien implanté dans la mode, un univers qui se veut de plus en plus décloisonné…

(Il coupe) Il faut dire merci à Kanye et Virgil. Ce sont eux les précurseurs. Ça aurait pu arriver avec quelqu’un d’autre, mais non, ça n’a pas été quelqu’un d’autre. C’était grâce à eux et on leur doit tout. 

Ce sont des personnalités qui t’inspirent ?

Comme on disait tout à l’heure, ce sont des gens qui essaient. Peu avant sa mort, Virgil expliquait que c’était bien de dire que tu allais faire un t-shirt, mais que si tu ne le faisais pas dans les 30 minutes suivant ta déclaration d’intention, ça ne valait rien. C’est la réalité montrée par ces gars : il ne faut pas avoir peur de faire les choses. Ils m’ont inspiré, comme beaucoup d’autres, grâce à leur force de caractère, leur capacité à se démarquer et à toujours mener les projets comme ils l’entendaient, sans se soucier des autres. Si tu ajoutes le fait que ce sont deux Noirs qui ont fait tout ça… Tu as de vrais modèles. On n’est pas nombreux dans la mode et on n’est pas tant mis en avant. Ce que Virgil et Kanye ont apporté sur la question de la représentativité, je veux aussi le faire à mon niveau. Pas seulement pour les Noirs, mais pour tous les jeunes qui se disent : « Je ne peux pas y arriver, parce que… ». Je viens d’Asnières dans le 92, je suis parti à la campagne en Haute-Normandie, je n’étais pas du tout prédestiné à réussir dans la mode. J’ai intégré ce milieu par la seule force de ma volonté. Si Virgil et Kanye ont pu le faire, pourquoi pas moi ? Et si j’ai pu le faire, pourquoi pas d’autres ?

En tant que personne racisée, tu as déjà été victime de discriminations dans l’industrie de la mode ?

Je vois très bien la façon dont certaines personnes peuvent me regarder, mais encore une fois, je m’en fous complètement. Si tu n’es pas content que je sois là, c’est ton problème. Mais dans trois ans, tu viendras me voir parce que tu voudras bénéficier de mon travail. Je n’ai pas besoin de l’approbation des gens qui ne m’aiment pas. Si j’ai confiance en moi, tout ira bien. Même si j’ai été confronté à des problèmes par rapport à ma couleur de peau, que je l’ai remarqué ou pas, ça ne m’arrêtera jamais. Ça ne m’a jamais stoppé, au contraire. Je le prends comme un défi. Quand il m’arrive un truc du genre, n’importe quel mauvais truc, le premier réflexe que j’ai, c’est d’en sourire.

En plus de la mode, tu es également fasciné par l’architecture et le design d’objet. Qu’est-ce qui t’attire dans ces disciplines ?

La folie. Par exemple, un Frank Gehry fait des bâtiments qui n’ont aucun sens. Avec lui, tu as l’impression que tout peut s’écrouler. C’est ça que j’aime. Tu retrouves ces concepts dans la mode, comme quand COMME des GARÇONS fait une robe avec d’énormes épaules et un bas ultra fit. J’adore les choses déstructurées, déconstruites. Ce qui me plait aussi dans l’architecture, c’est que tu peux t’éclater à 100%. Il y a cet aspect récréatif et très libre, qu’on retrouve aussi dans la mode et le design. Pour le coup, c’est marrant qu’on parle d’architecture, parce que je suis en train d’y réfléchir sérieusement. Il faut que je fasse un bâtiment dans ma vie. Un ou plusieurs, au Congo ou ailleurs dans le monde, mais je suis obligé d’y toucher.

Tu as déjà des pistes concrètes ?

Non, je n’ai pas encore de contacts dans ce milieu. Dieu seul sait, ça arrivera peut-être en 2022 et on se reverra en fin d’année pour parler de ce bâtiment (rires). Dans le design, j’ai plusieurs touches par contre. Je suis en train de discuter avec une belle marque de design, pour faire une collaboration autour de plusieurs pièces. Je me projette dans un avenir en évolution constante. Je ne compte jamais stagner ou faire la même chose, il faut toujours apporter une perspective différente dans son travail. Dans tout ce que tu fais d’ailleurs, il faut toujours chercher à le faire d’une façon unique : la tienne, à toi et toi seul.

Quand tu parles d’instinct, on imagine aussi qu’il y une part de réflexion. Comment établit-on la direction artistique de sa propre personne ? 

Je ne pourrais pas donner de « guide » pour construire une identité forte en ligne. Mon feed semble très organisé, et, c’est vrai que ça l’est. C’est très épuré, tout va bien ensemble, mais ça se fait tout seul. Il y a quelque temps, j’avais fait une photo avec ma pote Malina sur ma moto pour le sac COMME des GARÇONS x Gucci. J’étais sur ma moto, tout en noir, avec le casque. Ma moto qu’elle a d’ailleurs fait tomber par terre (rires). Avant de shooter, tout ce que je savais, c’est que je voulais un mood futuriste, noir et gris, à la Rick Owens. C’est tout. Je n’avais absolument aucune idée de comment j’allais faire mon truc. C’est pour ça que je parle d’instinct. C’est sur le moment que je vais avoir des idées. À partir de là, un truc va se créer et boum ! 

En tant que personnalité influente sur les réseaux, comment arrives-tu à maintenir un équilibre entre vie privée et vie publique ? 

La différence se fait par rapport à ma personnalité. Pour voir ce que j’ai vraiment à l’intérieur, il faut me débloquer. J’avais une stagiaire qui s’appelait Emmy, elle venait de Bordeaux. Elle arrive à Paris, je vais la chercher à la gare et elle m’avoue vite qu’elle n’avait aucune idée de qui j’étais humainement, de comment notre collaboration allait se passer. Depuis sa fenêtre, j’étais juste une machine à poster des trucs qu’elle jugeait beaux. Elle m’a dit qu’on ne percevait pas mon intimité. Le fait d’arriver à différencier le Jean-Jacques d’Instagram et le Jean-Jacques de ma vie privée, ça permet de conserver un équilibre. Pour vivre heureux, vivons caché (rires).

Tu es désormais très bien implanté dans la mode, un univers qui se veut de plus en plus décloisonné…

(Il coupe) Il faut dire merci à Kanye et Virgil. Ce sont eux les précurseurs. Ça aurait pu arriver avec quelqu’un d’autre, mais non, ça n’a pas été quelqu’un d’autre. C’était grâce à eux et on leur doit tout.

Ce sont des personnalités qui t’inspirent ?  

Comme on disait tout à l’heure, ce sont des gens qui essaient. Peu avant sa mort, Virgil expliquait que c’était bien de dire que tu allais faire un t-shirt, mais que si tu ne le faisais pas dans les 30 minutes suivant ta déclaration d’intention, ça ne valait rien. C’est la réalité montrée par ces gars : il ne faut pas avoir peur de faire les choses. Ils m’ont inspiré, comme beaucoup d’autres, grâce à leur force de caractère, leur capacité à se démarquer et à toujours mener les projets comme ils l’entendaient, sans se soucier des autres. Si tu ajoutes le fait que ce sont deux Noirs qui ont fait tout ça… Tu as de vrais modèles. On n’est pas nombreux dans la mode et on n’est pas tant mis en avant. Ce que Virgil et Kanye ont apporté sur la question de la représentativité, je veux aussi le faire à mon niveau. Pas seulement pour les Noirs, mais pour tous les jeunes qui se disent : « Je ne peux pas y arriver, parce que… ». Je viens d’Asnières dans le 92, je suis parti à la campagne en Haute-Normandie, je n’étais pas du tout prédestiné à réussir dans la mode. J’ai intégré ce milieu par la seule force de ma volonté. Si Virgil et Kanye ont pu le faire, pourquoi pas moi ? Et si j’ai pu le faire, pourquoi pas d’autres ?

En tant que personne racisée, tu as déjà été victime de discriminations dans l’industrie de la mode ? 

Je vois très bien la façon dont certaines personnes peuvent me regarder, mais encore une fois, je m’en fous complètement. Si tu n’es pas content que je sois là, c’est ton problème. Mais dans trois ans, tu viendras me voir parce que tu voudras bénéficier de mon travail. Je n’ai pas besoin de l’approbation des gens qui ne m’aiment pas. Si j’ai confiance en moi, tout ira bien. Même si j’ai été confronté à des problèmes par rapport à ma couleur de peau, que je l’ai remarqué ou pas, ça ne m’arrêtera jamais. Ça ne m’a jamais stoppé, au contraire. Je le prends comme un défi. Quand il m’arrive un truc du genre, n’importe quel mauvais truc, le premier réflexe que j’ai, c’est d’en sourire.

En plus de la mode, tu es également fasciné par l’architecture et le design d’objet. Qu’est-ce qui t’attire dans ces disciplines ? 

La folie. Par exemple, un Frank Gehry fait des bâtiments qui n’ont aucun sens. Avec lui, tu as l’impression que tout peut s’écrouler. C’est ça que j’aime. Tu retrouves ces concepts dans la mode, comme quand COMME des GARÇONS fait une robe avec d’énormes épaules et un bas ultra fit. J’adore les choses déstructurées, déconstruites. Ce qui me plait aussi dans l’architecture, c’est que tu peux t’éclater à 100%. Il y a cet aspect récréatif et très libre, qu’on retrouve aussi dans la mode et le design. Pour le coup, c’est marrant qu’on parle d’architecture, parce que je suis en train d’y réfléchir sérieusement. Il faut que je fasse un bâtiment dans ma vie. Un ou plusieurs, au Congo ou ailleurs dans le monde, mais je suis obligé d’y toucher.

Tu as déjà des pistes concrètes ?

Non, je n’ai pas encore de contacts dans ce milieu. Dieu seul sait, ça arrivera peut-être en 2022 et on se reverra en fin d’année pour parler de ce bâtiment (rires). Dans le design, j’ai plusieurs touches par contre. Je suis en train de discuter avec une belle marque de design, pour faire une collaboration autour de plusieurs pièces. Je me projette dans un avenir en évolution constante. Je ne compte jamais stagner ou faire la même chose, il faut toujours apporter une perspective différente dans son travail. Dans tout ce que tu fais d’ailleurs, il faut toujours chercher à le faire d’une façon unique : la tienne, à toi et toi seul.
Propos recueillis par Julien Perocheau
Photos : Félix Devaux pour Views
Propos recueillis par Julien Perocheau
Photos : Félix Devaux pour Views