Engy Saint-Ange, traits après traits

Engy Saint-Ange, traits après traits

Engy Saint-Ange, traits après traits

Rencontre avec l’illustrateur mis à l’honneur lors du tout premier Converse All Star Hangouts organisé à Paris.

Regarder Engy dessiner a quelque chose de fascinant. Accoudé sur une table haute au troisième étage du Citadium Caumartin, l’illustrateur croque avec facilité le photographe qui lui fait face. Engy profite de l’instant. Quelques années après ses débuts dans le dessin, il animera cette semaine le premier Converse All Star Hangouts à Paris, un événement gratuit qui offrira l’opportunité au public de venir exprimer toute sa créativité.
 
Cet événement se déroulera au sein du shop-in-shop Converse du Citadium Caumartin, un espace de 140m2 pensé comme une plateforme d’expression pour la jeunesse créative de la capitale. Deux ans après son inauguration, l’espace de la marque va enfin pouvoir accueillir son premier événement All Star Hangouts. Les participants pourront y retravailler des t-shirts Converse, des affiches et des tote-bags, en se basant sur plusieurs designs spécifiquement créés pour l’occasion par Engy. À raison de deux sessions de custom par jour, les invités du All Star Hangouts pourront laisser libre cours à leur imagination et repartir avec une pièce unique.
 
Cet événement vient matérialiser l’ambition du programme Converse All Star, qui vise à mettre en lien et à faire collaborer des talents émergents, issus d’univers complémentaires, comme la musique, la mode et le sport. Basé sur le mentorat, cette initiative est née pour encourager la transmission et l’échange entre différentes disciplines, élevant la créativité au rang d’art de vivre. À peine a-t-il eu le temps de finir son dessin qu’Engy s’installe face à nous pour nous raconter son parcours.

Pour s’inscrire au Converse All Star Hangouts, rendez-vous sur ce lien.

Quand as-tu commencé le dessin ?

Comme pour beaucoup de gens, ça remonte à l’école. C’est là que c’est devenu une vraie passion. Quand d’autres jouaient au foot à la récré, je restais sous le préau pour dessiner. Je n’étais pas un gamin solitaire, mais c’est vrai que je passais beaucoup de temps à dessiner dans mes cahiers. De la primaire jusqu’au collège, ils étaient tous jonchés de dessins.

Quand as-tu commencé le dessin ?

Comme pour beaucoup de gens, ça remonte à l’école. C’est là que c’est devenu une vraie passion. Quand d’autres jouaient au foot à la récré, je restais sous le préau pour dessiner. Je n’étais pas un gamin solitaire, mais c’est vrai que je passais beaucoup de temps à dessiner dans mes cahiers. De la primaire jusqu’au collège, ils étaient tous jonchés de dessins.

Tu as longtemps gardé ça comme une passion récréative ?

Je ne savais pas comment accéder aux métiers de l’illustration. Je viens d’une famille modeste, j’ai été élevé avec mon grand-frère par ma mère. J’étais dans une bulle. C’est plus tard que j’ai réalisé que je pouvais en faire quelque chose, quand je suis tombé sur le blog d’un élève qui faisait des études supérieures en art. J’ai commencé à comprendre qu’il y avait de vrais diplômes. Au même moment, dans mon entourage, on commençait à me dire que j’avais un truc. J’étais encore loin de l’objectif, mais je plaçais la barre haut. Je suis assez exigeant envers moi-même.

Tu as longtemps gardé ça comme une passion récréative ?

Je ne savais pas comment accéder aux métiers de l’illustration. Je viens d’une famille modeste, j’ai été élevé avec mon grand-frère par ma mère. J’étais dans une bulle. C’est plus tard que j’ai réalisé que je pouvais en faire quelque chose, quand je suis tombé sur le blog d’un élève qui faisait des études supérieures en art. J’ai commencé à comprendre qu’il y avait de vrais diplômes. Au même moment, dans mon entourage, on commençait à me dire que j’avais un truc. J’étais encore loin de l’objectif, mais je plaçais la barre haut. Je suis assez exigeant envers moi-même.

Dans quel type d’environnement as-tu grandi ?

Au-delà de Français, j’aime dire que je suis Parisien (rires). J’ai grandi dans un quartier du 19ème, c’est un arrondissement incroyable dans tout ce qu’il peut proposer. Il y a plein de zones différentes et au niveau social, tu retrouves une vraie diversité. C’est enrichissant de grandir là-bas, à plein d’égards. Quand je dis « quartier », ce n’est pas dans le côté « violent » que les gens peuvent avoir en tête. Je parle de l’énergie que tu peux en tirer. Tu peux très vite voir des choses, parce que dès très jeune, tu passes tout ton temps dehors. Ça m’a permis de voyager dans plusieurs univers.

Dans quel type d’environnement as-tu grandi ?

Au-delà de Français, j’aime dire que je suis Parisien (rires). J’ai grandi dans un quartier du 19ème, c’est un arrondissement incroyable dans tout ce qu’il peut proposer. Il y a plein de zones différentes et au niveau social, tu retrouves une vraie diversité. C’est enrichissant de grandir là-bas, à plein d’égards. Quand je dis « quartier », ce n’est pas dans le côté « violent » que les gens peuvent avoir en tête. Je parle de l’énergie que tu peux en tirer. Tu peux très vite voir des choses, parce que dès très jeune, tu passes tout ton temps dehors. Ça m’a permis de voyager dans plusieurs univers.

C’est un environnement qui t’a inspiré dans tes dessins ?

Forcément, toute la culture du 19ème se ressent dans mon travail. Mes dessins sont imprégnés de ce qui m’entoure. Je vais chercher un imaginaire à travers la singularité des gens. En grandissant,
d’autres choses se sont rajoutées, comme la mode qui m’inspire beaucoup. J’essaie de porter un regard sur le vêtement, sur comment je le dessine et sur ce qu’il peut représenter. C’est pareil pour la musique. Je suis aussi très influencé par l’animation et la bande-dessinée. Je peux dire merci à Akira Toriyama pour Dragon Ball Z, c’est lui qui m’a initié au dessin. J’étais fou de son univers. Mon challenge, c’était de reproduire DBZ à main levée. Je me suis tué sur ça, j’ai rempli un classeur énorme. Vers mes 10 ans, j’ai compris qu’il fallait que je crée mes propres oeuvres et que j’arrête de reproduire.

C’est un environnement qui t’a inspiré dans tes dessins ?

Forcément, toute la culture du 19ème se ressent dans mon travail. Mes dessins sont imprégnés de ce qui m’entoure. Je vais chercher un imaginaire à travers la singularité des gens. En grandissant, d’autres choses se sont rajoutées, comme la mode qui m’inspire beaucoup. J’essaie de porter un regard sur le vêtement, sur comment je le dessine et sur ce qu’il peut représenter. C’est pareil pour la musique. Je suis aussi très influencé par l’animation et la bande-dessinée. Je peux dire merci à Akira Toriyama pour Dragon Ball Z, c’est lui qui m’a initié au dessin. J’étais fou de son univers. Mon challenge, c’était de reproduire DBZ à main levée. Je me suis tué sur ça, j’ai rempli un classeur énorme. Vers mes 10 ans, j’ai compris qu’il fallait que je crée mes propres oeuvres et que j’arrête de reproduire.

Tu avais les moyens de tes ambitions ?

Mon esprit était peut-être un peu trop avant-gardiste pour la technique que je possédais (rires). J’étais vite frustré de ne pas réussir à créer un univers entier à seulement 10 ans. Mon style graphique s’apparentait surtout aux choses qui me plaisaient à l’instant T. Il y a eu l’influence Dragon Ball, les artworks de Gorillaz ou encore une série américaine, pas très connue en France, The Boondocks. Elle a été très importante pour moi, car c’était la première fois que je voyais des personnages Noirs dans l’animation. Ça m’a beaucoup inspiré. Quand je me basais sur les mangas, je ne retrouvais pas de personnages qui me ressemblaient physiquement. Même moi, je dessinais des personnages qui ne me ressemblaient pas. Ça ne s’est pas fait dans une démarche revendicatrice, c’est juste que j’avais envie de faire des choses qui me représentaient.

Tu avais les moyens de tes ambitions ?

Mon esprit était peut-être un peu trop avant-gardiste pour la technique que je possédais (rires). J’étais vite frustré de ne pas réussir à créer un univers entier à seulement 10 ans. Mon style graphique s’apparentait surtout aux choses qui me plaisaient à l’instant T. Il y a eu l’influence Dragon Ball, les artworks de Gorillaz ou encore une série américaine, pas très connue en France, The Boondocks. Elle a été très importante pour moi, car c’était la première fois que je voyais des personnages Noirs dans l’animation. Ça m’a beaucoup inspiré. Quand je me basais sur les mangas, je ne retrouvais pas de personnages qui me ressemblaient physiquement. Même moi, je dessinais des personnages qui ne me ressemblaient pas. Ça ne s’est pas fait dans une démarche revendicatrice, c’est juste que j’avais envie de faire des choses qui me représentaient.

À quel moment commences-tu à gagner de l’argent avec le dessin ?

J’ai commencé des études en art, que je n’ai jamais réussi à terminer. Je suis passé par plusieurs thématiques : art appliqué, art graphique, art plastique… Malheureusement, l’école, ce n’était pas pour moi. Par nécessité, j’ai du travailler assez vite. Tu as 15 ans, tu veux aller à Citadium, il te faut de l’argent (rires). J’ai fait une formation de graphisme en alternance, ce qui m’a permis d’avoir un peu d’argent, tout en étant en lien avec un projet créatif. J’ai commencé à bosser un peu plus tard. Le premier projet, ça a été le Festival AfroPunk, à la Villette en 2015. Ils m’avaient demandé de faire une fresque. Pour être payé, il fallait que j’ai un statut d’auto-entrepreneur. J’ai foncé. Les choses se sont enchaînées graduellement jusqu’à aujourd’hui.

À quel moment commences-tu à gagner de l’argent avec le dessin ?

J’ai commencé des études en art, que je n’ai jamais réussi à terminer. Je suis passé par plusieurs thématiques : art appliqué, art graphique, art plastique… Malheureusement, l’école, ce n’était pas pour moi. Par nécessité, j’ai du travailler assez vite. Tu as 15 ans, tu veux aller à Citadium, il te faut de l’argent (rires). J’ai fait une formation de graphisme en alternance, ce qui m’a permis d’avoir un peu d’argent, tout en étant en lien avec un projet créatif. J’ai commencé à bosser un peu plus tard. Le premier projet, ça a été le Festival AfroPunk, à la Villette en 2015. Ils m’avaient demandé de faire une fresque. Pour être payé, il fallait que j’ai un statut d’auto-entrepreneur. J’ai foncé. Les choses se sont enchaînées graduellement jusqu’à aujourd’hui.
Avec ma dégaine en jogging-baskets, les gens ne se doutent pas que je fais ça. Quand je commence à sortir mon carnet pour dessiner, je vois souvent des regards qui changent.
Engy Saint-Ange
Avec ma dégaine en jogging-baskets, les gens ne se doutent pas que je fais ça. Quand je commence à sortir mon carnet pour dessiner, je vois souvent des regards qui changent.
Engy Saint-Ange

Tu as également travaillé pour le restaurant Paperboy.

C’est un endroit qui a été très formateur pour moi. Paperboy m’a permis de graviter dans cet univers parisien, où tu rencontres beaucoup de monde. J’ai pu voir pas mal de gens et échanger avec eux. C’est un endroit où tu peux avoir ton identité, tu n’es pas qu’un simple serveur. J’ai aussi beaucoup travaillé sur la partie graphique et la direction artistique, c’est vraiment plaisant d’avoir pu développer une image de marque. Quand tu lies tout ça, c’est la formation que je n’ai pas pu faire à l’école.

Tu as également travaillé pour le restaurant Paperboy.

C’est un endroit qui a été très formateur pour moi. Paperboy m’a permis de graviter dans cet univers parisien, où tu rencontres beaucoup de monde. J’ai pu voir pas mal de gens et échanger avec eux. C’est un endroit où tu peux avoir ton identité, tu n’es pas qu’un simple serveur. J’ai aussi beaucoup travaillé sur la partie graphique et la direction artistique, c’est vraiment plaisant d’avoir pu développer une image de marque. Quand tu lies tout ça, c’est la formation que je n’ai pas pu faire à l’école.

Justement, quel rôle peut jouer un artiste dans le développement d’une marque ?

Collaborer avec une marque en tant qu’artiste, c’est toujours un exercice particulier. Elles ont des identités fortes, bien à elles. C’est parfois compliqué de vraiment s’imprégner, il faut avant tout apprécier la marque. Ça m’arrive de refuser des projets, parce que sur la forme, ça ne me parle pas. Aujourd’hui, les marques ont parfois tendance à davantage mettre en avant la personnalité d’un artiste que son travail. Parfois, ça peut me déranger. J’apprécie le fait d’être un « mec cool » mais ce n’est pas une fin en soi, ce n’est pas comme ça que je veux me présenter. C’est pour ça que j’aime travailler avec Converse, ils arrivent à mettre en avant mon travail et mon projet artistique, avant tout le reste. C’est ce que je préconise avant de bosser avec une marque : il faut que ce soit d’abord l’artistique. L’illustrateur, comme n’importe quel artiste, peut apporter la part de liberté qui manque à une marque. Là où les marques sont cadrées dans pas mal de choses, l’artiste va pouvoir se permettre d’autres trucs, de part sa singularité. C’est ce que j’essaie d’apporter dans chaque collaboration. Je suis toujours à l’écoute, mais si je peux être force de proposition, je n’hésite pas. Quand tu es artiste, au bout du compte, c’est ton travail qui prime. Si ton travail finit en 4×3 dans le métro et que tu ne l’aimes pas, c’est dur à vivre (rires). Ce n’est vraiment pas le but de ce métier.

Justement, quel rôle peut jouer un artiste dans le développement d’une marque ?

Collaborer avec une marque en tant qu’artiste, c’est toujours un exercice particulier. Elles ont des identités fortes, bien à elles. C’est parfois compliqué de vraiment s’imprégner, il faut avant tout apprécier la marque. Ça m’arrive de refuser des projets, parce que sur la forme, ça ne me parle pas. Aujourd’hui, les marques ont parfois tendance à davantage mettre en avant la personnalité d’un artiste que son travail. Parfois, ça peut me déranger. J’apprécie le fait d’être un « mec cool » mais ce n’est pas une fin en soi, ce n’est pas comme ça que je veux me présenter. C’est pour ça que j’aime travailler avec Converse, ils arrivent à mettre en avant mon travail et mon projet artistique, avant tout le reste. C’est ce que je préconise avant de bosser avec une marque : il faut que ce soit d’abord l’artistique. L’illustrateur, comme n’importe quel artiste, peut apporter la part de liberté qui manque à une marque. Là où les marques sont cadrées dans pas mal de choses, l’artiste va pouvoir se permettre d’autres trucs, de part sa singularité. C’est ce que j’essaie d’apporter dans chaque collaboration. Je suis toujours à l’écoute, mais si je peux être force de proposition, je n’hésite pas. Quand tu es artiste, au bout du compte, c’est ton travail qui prime. Si ton travail finit en 4×3 dans le métro et que tu ne l’aimes pas, c’est dur à vivre (rires). Ce n’est vraiment pas le but de ce métier.

Avant de bosser avec eux, c’était une marque que tu appréciais déjà ?

Peu importe ton univers social, ton style, ton appartenance, la Chuck Taylor va parler à tout le monde. Déjà de par son prix, l’un des moins excessifs du marché. Il y aussi la multitude de modèles… Au collège, il y avait une vraie mode autour de la Chuck, c’était qui allait avoir le meilleur print, le meilleur tissu… Il y avait tellement de possibilités que chacun pouvait arriver avec quelque chose de différent. Avec mon grand-frère, on se lançait dans ces collections où il fallait toutes les avoir, les paires les plus chaudes. Au-delà de ça, quand tu regardes un programme d’animation, le personnage kids est souvent représenté avec des paires qui ressemblent à des Chuck. Dès que je dessine un personnage enfantin, je vais avoir tendance à faire cette paire. Tu peux la retrouver chez Chucky, dans plein de personnages du folklore et de la pop culture. La Converse est présente dans n’importe quel univers, du hip-hop au rock. Ils ont su traverser les époques. Ils ont une base basketball, qu’ils ont développé avec les milieux underground, le skateball ou la mode. C’est plaisant de travailler avec une marque qui a un tel pedigree.

Avant de bosser avec eux, c’était une marque que tu appréciais déjà ? 

Peu importe ton univers social, ton style, ton appartenance, la Chuck Taylor va parler à tout le monde. Déjà de par son prix, l’un des moins excessifs du marché. Il y aussi la multitude de modèles… Au collège, il y avait une vraie mode autour de la Chuck, c’était qui allait avoir le meilleur print, le meilleur tissu… Il y avait tellement de possibilités que chacun pouvait arriver avec quelque chose de différent. Avec mon grand-frère, on se lançait dans ces collections où il fallait toutes les avoir, les paires les plus chaudes. Au-delà de ça, quand tu regardes un programme d’animation, le personnage kids est souvent représenté avec des paires qui ressemblent à des Chuck. Dès que je dessine un personnage enfantin, je vais avoir tendance à faire cette paire. Tu peux la retrouver chez Chucky, dans plein de personnages du folklore et de la pop culture. La Converse est présente dans n’importe quel univers, du hip-hop au rock. Ils ont su traverser les époques. Ils ont une base basketball, qu’ils ont développé avec les milieux underground, le skateball ou la mode. C’est plaisant de travailler avec une marque qui a un tel pedigree.
Les marques sont ce qu’elles sont grâce à leur clientèle. Il faut faire vivre sa communauté, ce n’est plus tolérable de vendre un produit. Avec le programme All Star, Converse arrive à fédérer cette communauté.
Engy Saint-Ange
Les marques sont ce qu’elles sont grâce à leur clientèle. Il faut faire vivre sa communauté, ce n’est plus tolérable de vendre un produit. Avec le programme All Star, Converse arrive à fédérer cette communauté.
Engy Saint-Ange

Quelles sont tes attentes par rapport à ce premier All Star Hangouts à Paris ?

J’attends vraiment de vivre ça, sur le moment. C’est un exercice nouveau, donc je préfère ne pas trop l’appréhender. Je vois ça comme un moment d’échange. Je ne veux pas me placer dans une position trop professorale, ce n’est pas le sens que je veux donner à ça. L’idée, c’est de prendre du plaisir.

En quoi est-ce que ce genre d’initiative est important pour inspirer la jeune génération ?

Les marques sont ce qu’elles sont grâce à leur clientèle, grâce à ce que font les jeunes de leurs paires, de comment ils se les approprient dans leur quotidien. Une marque ne peut pas profiter de ça, sans rien donner en retour. Toutes les marques se sont réveillées sur cette question. Il faut faire vivre sa communauté, ce n’est plus tolérable de se contenter de vendre un produit. Avec le programme All-Star, Converse arrive à fédérer. Tu te rends compte qu’ils sont en train de créer une armada de créatifs (rires) ? On a la chance d’être sur des événements intéressants, de par leur identité et les intervenants qu’ils font venir. Tu ne peux qu’apprécier, car Converse fait les choses très bien.

On a une dernière question. À ce qu’il parait, tu peux dessiner partout, dans toutes les conditions. C’est vrai ?

C’est réel (rires). On m’appelle le Death Note, j’ai toujours mon carnet en cuir noir sur moi, avec mon petit feutre. C’est un exercice classique pour tout dessinateur. Tu dois avoir ton petit carnet qui te permet de faire du dessin à vue. Tu dois être capable de dégainer très vite. Cet exercice m’a permis d’être en confiance dans mon trait. Il faut aller vite, saisir la globalité avant le détail. J’ai poussé le truc où je suis devenu le mec qui va se poser dans un coin pendant un événement, pour juste dessiner. Tu peux me croiser dans le métro en train de croquer quelque chose ou dans mon coin lors d’une soirée entre amis. C’est le meilleur moment, parce que ça te permet de prendre en compte plein de petits éléments, de te concentrer sur des détails. Quand je pars en voyage, c’est un truc que j’aborde sous forme de carnets de voyage. C’est quelque chose qui va me suivre jusqu’au bout, parce que je commence à avoir une sacrée collection. C’est comme rentrer dans un album photo, c’est ma manière d’immortaliser mes souvenirs. Ça représente beaucoup de choses.

On imagine que ça mène aussi des rencontres.

Totalement, et pas toujours pour le mieux (rires). Au moment où je rentrais à la fac, je devais avoir 17 ans, le prof nous pousse à faire ça. J’étais vraiment timide, je trouvais ça bizarre de faire ça en public. J’entame un dessin dans le métro, d’un petit garçon trop mignon dans une poussette. D’un coup, sa mère me tombe dessus et hurle dans le wagon. J’étais tout penaud, j’ai bafouillé que j’étais en école d’art. Elle m’a terminé (rires). Ça m’a stressé pendant deux semaines, je me suis dit que je rentrais trop dans l’intimité des gens. Mais au final, cet exercice t’amène à vivre des moments magiques, où tu rencontres vraiment les gens. C’est triste à me dire, mais avec ma dégaine en jogging-baskets, les gens ne se doutent pas que je fais ça. Quand je commence à sortir mon carnet pour dessiner, je vois souvent des regards qui changent. Ça reste quelque chose très personnel, je ne montre pas souvent ces dessins. Si quelqu’un me demande, je veux bien le montrer, mais c’est le Death Note, il se referme aussi vite qu’il l’ouvre. Je viens de recroiser quelqu’un que j’avais dessiné il y a un mois, je lui ai demandé s’il se rappelait de ce moment-là et on a rigolé ensemble. Le dessin est fédérateur. C’est quelque chose de tellement naturel, on fait ça depuis la préhistoire. Il y a un truc très personnel, quand tu dessines les gens, ça les renvoie à eux-même.

Quelles sont tes attentes par rapport à ce premier All Star Hangouts à Paris ?

J’attends vraiment de vivre ça, sur le moment. C’est un exercice nouveau, donc je préfère ne pas trop l’appréhender. Je vois ça comme un moment d’échange. Je ne veux pas me placer dans une position trop professorale, ce n’est pas le sens que je veux donner à ça. L’idée, c’est de prendre du plaisir.

En quoi est-ce que ce genre d’initiative est important pour inspirer la jeune génération ?

Les marques sont ce qu’elles sont grâce à leur clientèle, grâce à ce que font les jeunes de leurs paires, de comment ils se les approprient dans leur quotidien. Une marque ne peut pas profiter de ça, sans rien donner en retour. Toutes les marques se sont réveillées sur cette question. Il faut faire vivre sa communauté, ce n’est plus tolérable de se contenter de vendre un produit. Avec le programme All-Star, Converse arrive à fédérer. Tu te rends compte qu’ils sont en train de créer une armada de créatifs (rires) ? On a la chance d’être sur des événements intéressants, de par leur identité et les intervenants qu’ils font venir. Tu ne peux qu’apprécier, car Converse fait les choses très bien.

On a une dernière question. À ce qu’il parait, tu peux dessiner partout, dans toutes les conditions. C’est vrai ?

C’est réel (rires). On m’appelle le Death Note, j’ai toujours mon carnet en cuir noir sur moi, avec mon petit feutre. C’est un exercice classique pour tout dessinateur. Tu dois avoir ton petit carnet qui te permet de faire du dessin à vue. Tu dois être capable de dégainer très vite. Cet exercice m’a permis d’être en confiance dans mon trait. Il faut aller vite, saisir la globalité avant le détail. J’ai poussé le truc où je suis devenu le mec qui va se poser dans un coin pendant un événement, pour juste dessiner. Tu peux me croiser dans le métro en train de croquer quelque chose ou dans mon coin lors d’une soirée entre amis. C’est le meilleur moment, parce que ça te permet de prendre en compte plein de petits éléments, de te concentrer sur des détails. Quand je pars en voyage, c’est un truc que j’aborde sous forme de carnets de voyage. C’est quelque chose qui va me suivre jusqu’au bout, parce que je commence à avoir une sacrée collection. C’est comme rentrer dans un album photo, c’est ma manière d’immortaliser mes souvenirs. Ça représente beaucoup de choses.

On imagine que ça mène aussi à des rencontres.

Totalement, et pas toujours pour le mieux (rires). Au moment où je rentrais à la fac, je devais avoir 17 ans, le prof nous pousse à faire ça. J’étais vraiment timide, je trouvais ça bizarre de faire ça en public. J’entame un dessin dans le métro, d’un petit garçon trop mignon dans une poussette. D’un coup, sa mère me tombe dessus et hurle dans le wagon. J’étais tout penaud, j’ai bafouillé que j’étais en école d’art. Elle m’a terminé (rires). Ça m’a stressé pendant deux semaines, je me suis dit que je rentrais trop dans l’intimité des gens. Mais au final, cet exercice t’amène à vivre des moments magiques, où tu rencontres vraiment les gens. C’est triste à me dire, mais avec ma dégaine en jogging-baskets, les gens ne se doutent pas que je fais ça. Quand je commence à sortir mon carnet pour dessiner, je vois souvent des regards qui changent. Ça reste quelque chose très personnel, je ne montre pas souvent ces dessins. Si quelqu’un me demande, je veux bien le montrer, mais c’est le Death Note, il se referme aussi vite qu’il l’ouvre. Je viens de recroiser quelqu’un que j’avais dessiné il y a un mois, je lui ai demandé s’il se rappelait de ce moment-là et on a rigolé ensemble. Le dessin est fédérateur. C’est quelque chose de tellement naturel, on fait ça depuis la préhistoire. Il y a un truc très personnel, quand tu dessines les gens, ça les renvoie à eux-même.
Propos recueillis par Julien Perocheau
Photos : Homayoun 
Propos recueillis par Julien Perocheau
Photos : Homayoun