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Révisionnisme historique et craquage émotionnel : Le premier meeting de campagne de Kanye West est un fiasco intégral

Anti-avortement et pro armes à feu, le rappeur inquiète.

Le 4 juillet dernier, Kanye West officialisait son intention de se lancer dans la course à la Maison Blanche. Une annonce qui a suscité de nombreuses interrogations, comme c’est souvent le cas avec les projets de Yeezy. Et alors que plusieurs médias avaient récemment annoncé qu’il renonçait à se présenter, Kanye a tenu son premier meeting ce dimanche. C’est du côté de Charleston en Caroline du Sud, un état acquis à la cause républicaine et aux conservateurs, que le rappeur a lancé sa campagne présidentielle. Relativement inattendu, cet événement a tourné au fiasco. Vêtu d’un gilet pare-balle “SECURITY” et arborant une coupe de cheveux sur laquelle était inscrite “2020”, Kanye West a débarqué sur scène devant une foule composée de curieux et de fans.

Diffusé en direct sur plusieurs chaînes de TV locales et sur les réseaux sociaux, ce meeting s’est apparenté à un moment hors du temps, au cours duquel les séquences lunaires se sont enchaînées. S’adressant à la foule sans micro, Kanye West a abordé une infinité de sujets, allant de l’avortement aux démocrates, en passant par les armes à feu, la religion et sa fortune personnelle. Ye a tout d’abord demandé “un silence et un ordre absolus” à la salle, tout en exigeant que les gens qui chuchotent soient dénoncés par le reste de l’audience. Parti sur les chapeaux de roue, le meeting va ensuite sombrer dans un registre pour le moins lamentable, qui interroge sur l’état de santé mentale de Kanye West. Après avoir expliqué qu’il s’en foutait d’être élu président, le rappeur a abordé un thème plus que sensible aux États-Unis : l’esclavage.

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Et si tout le monde se souvient du tristement célèbre “slavery was a choice” prononcé dans les bureaux de TMZ, Kanye en a remis une couche ce dimanche. Il a ainsi remis en cause les actions d’Harriet Tubman, une icône du combat anti-esclavagiste. Après avoir réussi à échapper à ses maîtres, Tubman avait organisé et géré un gigantesque un réseau d’entraide, qui permettait aux esclaves de fuir vers les états du Nord. Si elle est considérée par beaucoup comme une figure majeure de l’histoire américaine, Harriet Tubman ne représente visiblement pas grand chose pour Kanye : “Elle n’a jamais libéré d’esclaves, elle a juste laissé les esclaves partir travailler pour d’autres blancs.” Un (nouveau) dérapage qui a choqué plus d’un membre du public, des personnes allant même jusqu’à quitter la salle dans la foulée.

Yeezy a conclu sa réflexion en expliquant que “la NBA n’était pas détenu par les Noirs et qu’Universal Music n’étaient pas non plus détenus par les Noirs.” Sur un autre sujet très sensible de l’autre côté de l’Atlantique, Kanye a repris des idées très républicaines : “Tirer avec une arme est fun. Si vous décidez de retirer toutes les armes de la circulation, qu’un autre pays vient nous envahir et que nous n’avons pas d’armes, que pensez-vous qu’il va arriver ? Vous finirez esclaves. Les armes ne tuent pas les gens. Ce sont les gens qui tuent les gens.” Une aspiration républicaine qui se confirme lorsqu’il déclare : “Les démocrates n’ont jamais rien fait pour les Noirs.” Pourtant, Kanye ne veut pas entendre parler de l’impact de sa candidature, qui risquerait de diviser les votes en faveur de Joe Bidden et de profiter à son ancien ami à Donald Trump. “C’est la chose la plus raciste que j’ai entendue” a ainsi expliqué le rappeur.

L’apogée de ce meeting irréel sera toutefois atteinte lors d’une prise de position anti-avortement, exprimée par un Kanye en larmes. Il a notamment confessé qu’il avait encouragé sa femme Kim Kardashian a avorté de leur premier enfant, North. Après avoir vécu une “révélation divine”, le rappeur aurait finalement compris qu’il devait avoir sa fille. “J’ai presque tué ma fille” a expliqué Ye en sanglotant, avant de parler de son passé familial : “Ma mère m’a sauvé la vie. Mon père voulait qu’elle avorte. Ma mère m’a sauvé. Il n’y aurait pas eu de Kanye West car mon père était trop occupé (ndlr : pour élever un enfant).”

Comme tout candidat à la présidentielle, Kanye West a donc proposé des mesures. Sur l’avortement, il souhaite offrir une aide de 50 000 dollars à toutes les mères célibataires, sans toutefois rendre l’avortement illégal. “Je n’ai pas réglé la question du financement, mais j’ai la plateforme pour présenter mes idées” a-t-il précisé, en révélant qu’Israël et le continent africain pourraient participer à la mise en place de cette réforme. Oscillant continuellement entre rage, tristesse et joie, Kanye West a offert un spectacle très inquiétant ce dimanche. Nul besoin d’être médecin pour comprendre que le rappeur est dans un état psychologique instable, et que ce genre d’événements n’aidera sans doute pas à l’améliorer. Surtout, ce meeting interroge sur les motivations de l’entourage de Kanye, qui aurait tout intérêt à l’empêcher de ternir un peu plus son image publique.

Entre un révisionnisme historique pour le moins choquant et des idéaux archaïques sur le droit des femmes, la campagne présidentielle de Kanye West commence bien mal. Espérons que cette mauvaise blague touche bientôt à sa fin.

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