Ariana Grande body shaming

Ariana Grande et la tyrannie du “body shaming” – The Word

On devrait être plus tendres dans notre façon de parler du corps des autres, elle dit. Là, sans eye liner et queue haute. Ariana Grande s’est affinée. On lui fait bien remarquer. Son corps, exhibé aux yeux du monde, est scruté et jaugé et culpabilisé.

Trop ci. Pas assez ça. Gras, maigre, flasque, plat. Ça n’en finit pas de critiquer les plastiques. Considérées comme des objets publics, on s’octroie tous les droits. 

Je connais le sentiment. Ce qu’on m’a rabâché que je devrais perdre du poids, en prenant l’air bienveillant. Que c’était pas joli, ces lignes épaisses, puis un peu alarmant. Je m’en fous bien, moi, de rentrer dans leurs rangs. On leur doit quoi, à ces autres ? Ceux qui arbitrent selon leur goût, leurs standards et leur idée d’un corps sain. Tout à leur aise, ils distribuent les points.

Faut du bien gaulé, du tonique, du sans aspérités. À force que nos doigts font défiler des perfections virtuelles, les beautés truquées s’érigent en modèles. On en oublie la texture, la forme, les irrégularités des corps vrais. Leurs variations infinies aussi, qui rayonnent toutes à leur façon.

Les idoles pop ont, moins encore, droit à l’imperfection. Déesses contemporaines, leurs qualités esthétiques nourrissent leur divinisation. Bourrelets, cellulite, acné, rides et autres traits humains abîment leur puissance d’attraction. 

Les réseaux sociaux comme la presse people exposent et moquent leurs « défauts ». Les mots cinglent, humilient, sans qu’on ne s’en soucie. On les croit inébranlables. Pourtant. Les artifices, le clinquant, les paillettes planquent des âmes vulnérables.

Pour échapper au jugement, Billie Eilish s’engloutit dans des vêtements trop grands. Personne ne peut avoir d’avis parce qu’ils ne voient pas ce qu’il y a en dessous. Ça contrarie le tribunal public. On se plaint de ce que sa peau est couverte, ses courbes pas moulées. Ça voudrait la contraindre à l’impudeur. Besoin de voir, de commenter.

On s’appartient. Pas à eux. Que vous pensiez qu’un corps est en bonne santé, en mauvaise santé, maigre, gros, sexy ou pas sexy, ne faites pas de commentaires. Personne ne devrait en faire. Ariana Grande conclue comme ça. La bienveillance est le meilleur des remèdes. À ça. Mais aussi à tout. 

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