Julien Toretto montres horlogerie

Julien Toretto nous plonge dans les montres les plus mythiques de l’horlogerie

Marchand de montres, Julien Toretto a transformé sa passion pour l’horlogerie en un quotidien professionnel. Autodidacte, il s’est formé avec des vieux livres et sur internet, transformant son obsession des mouvements, des cadrans et des boîtes en un savoir-faire unique qui lui permet de conseiller les personnes à qui il vend ses montres.

Ancien employé chez Comme des Garçons, il lie toutes ses inspirations mode et cinéma pour cultiver un sens à sa vision de l’horlogerie. Avec lui, on a parlé des montres les plus mythiques du septième art, de collaborations rares et de Kantieme, qui regroupe ses objets en vente, des articles spécialisés et un moodboard consacré à l’aura des archives de l’art horloger.

Qui es-tu, Julien ?

Je m’appelle Julien Toretto, j’ai 30 ans, j’habite à Paris, je suis un marchand de montres vintages et je fais ça depuis 5 ans maintenant. Je viens de Romans-sur-Isère, qui est globalement le Sud des Parisiens et le Nord des Sudistes.

Julien Toretto, photographié à Paris par Moïse Luzolo

Quel est ton parcours jusqu’à devenir marchand de montres ?

Je n’ai pas vraiment fait d’études. J’ai un bac STG (Sciences et Technologies de la Gestion) et c’est à peu près tout. Je me suis lancé dans un BTS qui n’a pas été très concluant. Je me suis rapidement lancé dans la vie active. À l’époque, j’étais vraiment passionné par les montres mais aussi par la mode. Avec l’un de mes meilleurs potes, on a décidé de créer notre propre e-shop et une boutique physique à Valence.

On proposait une sélection faite de Rick Owens, Raf Simons ou Carven. Ça n’a pas du tout marché, mais ça nous a permis de nouer quelques connexions dans le milieu de la mode. J’ai continué ensuite à travailler dans la mode, en bossant pour une marque japonaise [Comme des Garçons, ndlr.] bien connue à Paris.

C’est là que tu accentues ton attrait pour les montres ?

C’est pendant cette période que je me suis mis à fond dans les montres. J’ai commencé à les acheter pour les collectionner dans un premier temps, puis j’en ai vendu, racheté, pour avoir une bonne rotation. Au bout d’un moment, j’ai commencé à gagner de l’argent avec ça, alors je me suis dit qu’il était temps de faire ma vraie transition pour m’y engager à temps plein.

Photo : Moïse Luzolo

Comment cette passion pour les montres s’est-elle développée ?

Je pense que j’ai toujours eu une passion pour tout ce qui était des accessoires. J’aime les lunettes de soleil, j’aime les bijoux et j’aime les montres. Il y a un événement personnel qui a été marquant pour mon amour des montres, et j’ai rapidement assimilé l’objet à un signe extérieur de richesse, alors qu’à l’époque je n’avais pas beaucoup d’argent. Ensuite, il y a le côté design. J’ai toujours aimé les belles choses, bien dessinées, bien pensées. La montre concentre la technique, l’artisanat et le design.

Quelle est ta montre préférée ?

C’est une Rolex Day-Date tout en or. C’est la même montre portée par Tony dans “Les Soprano”.

Tony Soprano et sa Rolex Day-Date 36mm

Tu l’aimes pour cette raison-là ?

Je l’aime d’une part pour cette raison-là, mais aussi parce que c’est une montre qui combine à peu près tout. Elle a deux complications, la date et le jour en plus de l’heure. Elle a un design intemporel. Je veux d’ailleurs préciser que la Day-Date est en 36mm et pas 41mm. C’est pour moi la seule taille qui devrait exister. Elle est tout en or, donc elle concentre vraiment tout ce que j’aime.

L’horlogerie semble être un milieu difficile d’accès, avec un lexique délicat. Comment, sans études, arrive-t-on à devenir spécialiste de montres ?

Je suis 100 % autodidacte. Je ne connais personne de ma famille qui était dans les montres. J’ai dû faire ce chemin-là tout seul. Pour ça, le meilleur outil à disposition est internet. J’ai passé beaucoup de temps sur les forums spécialisés, sur lesquels il y a du bon et du mauvais. Le mieux, c’est l’expérience. J’ai beaucoup appris par l’achat et par l’erreur.

Quand j’ai acheté une montre qui était naze, et que je pensais bien, je suis allé essayer de la revendre et on m’a expliqué pourquoi elle était naze, et comment elle pourrait être bien. Il y a aussi encore énormément d’informations dans les livres anciens. Je passe quasiment autant de temps à chercher des montres qu’à chercher des vieux livres qui parlent de montres. Ils me donnent des informations très précises sur un mouvement, un design.

Tu mentionnes des sites et des forums de montres, as-tu des exemples ?

Le site qui m’a le plus aidé pour mon éducation horlogère est un site français qui s’appelle “Les Rhabilleurs”. Concernant les forums, Chronomania comptent beaucoup d’utilisateurs actifs. Après, j’ai passé du temps sur le forum Omega ou sur d’autres forums américains.

Photo : Moïse Luzolo

Comment se rend-on compte, comme tu le dis, qu’une montre est “naze” ?

Il faut entraîner ton œil. C’est comme tout. Personnellement, je suis surtout spécialiste des montres allant des années 70 aux années 90. Tu vas t’apercevoir qu’une montre n’est pas forcément bonne si elle a été trop polie. Elles peuvent n’avoir quasiment aucune rayure mais aussi plus aucune matière. La forme originale peut avoir été modifiée. À force d’entraînement, tu peux remarquer ces choses-là.

Ensuite, il va y avoir d’autres détails spécifiques. Par exemple, cela peut être les cadrans, où on constate qu’ils ont été modifiés ou changés. Tous ces détails-là rendent la montre belle et cohérente.

Comment établis-tu ta collection de montres ?

J’ai pris le parti de n’acheter uniquement ce que j’aime. Si je n’aime pas la montre, même si le prix est intéressant, que je peux avoir une vente assurée, je ne vais pas acheter car ça va me bloquer de la trésorerie et ne pas me faire vibrer. Je n’achète que des choses qui me parlent à 100 %. Ça me permet de trouver des pièces qui vont parler à des gens qui ont mon profil, car je fais ça avant tout pour démocratiser l’horlogerie.

En tant qu’expérience client, je n’ai jamais retrouvé un interlocuteur qui parlait le même langage que moi. Ce que j’essaie de faire, c’est qu’une personne qui ne s’y connaît pas vraiment, qui a l’impression qu’elle va être prise de haut, puisse se sentir à l’aise de parler avec moi.

À quoi ressemble le business model ? Tu achètes avec des fonds propres ?

C’est exactement ça. Les premiers gros achats font peur, car ils immobilisent beaucoup de trésorerie. J’ai lancé le business sans vraiment le savoir. J’ai acheté une montre car elle me plaisait, je me suis retrouvé à vendre cette montre un peu plus chère. Je me suis acheté une autre montre, que j’ai elle-même revendu plus chère. Avec ces deux marges que j’avais fait, je me suis dit : “Est-ce que ce n’est pas le moment de faire ça à temps plein ?”

Photo : Moïse Luzolo

J’imagine qu’un tel défi doit être un peu effrayant…

Je ne dirais pas “effrayant”, mais c’est un bon challenge. Quand tu commences à arriver sur des gros montants, je me dis qu’il ne faut pas que je me plante. Si je me plante, ça s’arrête net quoi.

Quelle est la toute première montre que tu as vendue ?

La toute première montre que j’ai vendue, c’est une Seiko. C’était une SKX, une petite plongeuse. Je l’avais acheté sur eBay, et je l’avais revendue 150 €. Je me disais : “Wow, c’est incroyable !” J’avais dû gagner 50 € sur la montre. Plus tard, la première “vraie” montre que j’ai vendue, c’est une Rolex Datejust 1601. C’est la première fois que je me suis dit : “Bon, là y’a quelque chose à faire”.

Quelle est la toute première montre que tu as eue ?

La toute première montre que j’ai eue, ça devait être une G-Shock offerte par mon grand-frère.

Tu la possèdes toujours ?

En effet ! Elle est en mauvais état, mais à l’époque, je me tuais au au rap, et la G-Shock était à la mode. J’avais cette espèce de char d’assaut au poignet, et si je devais aujourd’hui racheter une G-Shock, ça ne serait probablement pas celle-là.

Quelle est la montre que tu voudrais porter aujourd’hui ?

Alors j’en ai deux ! J’ai d’abord la Day-Date dont je te parlais, que j’aime beaucoup. Et j’ai aussi une Cartier Tonneau que je porte énormément.

La Cartier Tonneau, imaginée en 1906 (Photo : Majors)

Quel est ton processus de vente ? Tu apprends à connaître tes clients ? Cherche à cerner leur personnalité pour mieux l’orienter ?

J’ai plusieurs typologies de clients. Dans un premier temps, je vends beaucoup aux professionnels, de marchand à marchand. Si tu as une boutique, je peux tout à fait venir et te proposer des montres que tu revendras ensuite. Lui connaît très bien les montre, parfois mieux que moi-même.

Mon deuxième type de client, c’est le client qui me connaît, et qui me sollicite pour un conseil. Enfin, le dernier type de client est celui qui soit n’a pas d’idée, soit a besoin d’être rassuré au niveau de son achat. Je peux alors sourcer une montre particulière pour lui.Il existe un adage qui dit : “Le prix s’oublie mais la qualité reste.” C’est pour moi la règle n°1 à avoir. Il vaut mieux surpayer un produit en parfait état que payer un prix que tu vas penser juste, pour une montre qui n’est pas belle.

Les “belles montres”, par les plus grandes marques, sont-elles accessibles ?

Aujourd’hui, il faut dissocier deux choses. Il existe d’une part le marché des montres modernes, où même si tu as l’argent, c’est très compliqué d’acheter une montre neuve. Chez Rolex par exemple, il y a des listes d’attentes, alors tu dois migrer vers le marché “gris”, où tu risques de surpayer une montre qui est en production.

Autrement, le marché de collection, où j’opère, regroupe de la quantité. Imaginons qu’une personne veuille une Cartier Tank, mais n’a pas forcément les moyens de la payer, je lui dirais que ce n’est pas très grave. Si le design de la “Tank” a été signé par Cartier, il existe des milliers de marques qui ont fait dans les années 1950, 1960, 1970, des “Tank” qui honorent le même design.

Photo : Moïse Luzolo

L’horlogerie possède aussi la particularité d’avoir des pièces mythiques, sans qu’elles soient forcément chères.

Tout à fait d’accord. Que ce soit pour les très grandes marques qui portent de grandes histoires, comme la Rolex Explorer qui est allée sur l’Everest ou la Speedmaster d’Omega qui est allée sur la Lune, mais j’aime aussi les marques anonymes. J’aime l’idée de remonter la source, de comprendre l’origine de la marque, qui produisait les cadrans de la marque.

Archives publicitaires de la Omega Speedmaster

J’aime me dire que ces montres ont traversé les époques, et que ces des objets qui auraient pu être portés par mon père ou mon grand-père. Des gravures à l’arrière peuvent féliciter une fin d’études, ancrer un événement, ça donne une âme géniale à ces produits.

Quelle a été ta plus grosse vente ?

La plus grosse s’est faite de marchand à marchand, alors je ne peux pas vraiment la dire. Pour un particulier, c’était une vente de 40 000 € sur une Rolex Daytona.

Est-ce que tu vends des montres à des personnalités connues ? Et peux-tu en parler ?

Avant d’être à mon compte, j’ai bossé pour des maisons d’enchères et des gros marchands sur la place européenne, et j’ai vendu des montres à des gens très très connus. Là, c’est 100 % confidentiel. On n’a ni le droit de dire ce qu’on a vendu, ni le droit de révéler le client. Ça fait partie du charme de ce métier-là.

Quelle est l’importance pour ces célébrités qui cultivent l’image d’être amateurs de montres, d’avoir les bons contacts de marchands ?

Il n’y a rien de plus décevant que d’arriver à un endroit où tout le monde porte la même montre. Les Patek Philippe Nautilus, les Rolex Daytona ont été déjà très vues. Ces célébrités veulent quelque chose de différent. Soit ils sont conseillés, soit ils vont chercher d’eux-mêmes un design particulier. C’est ainsi que Tyler [The, Creator] s’est retrouvé en maison d’enchères pour acheter une Cartier Crash. Jay-Z est connu depuis très longtemps pour avoir un goût horloger prononcé. Il a déjà collaboré avec Audemars Piguet. On l’a vu récemment avec une Rolex Daytona Vintage cadran Paul Newman, qui est prestigieuse et rare. La montre n’est plus seulement un objet “bling-bling” mais aussi une culture, un art.

Historiquement, certaines marques horlogères collaborent entres elles autour d’un seul objet. Peux-tu nous en dire plus ?

Il y a des marques qui ont tout ce qu’on appelle “in-house”. Ils vont tout manufacturer. Leur propre mouvement, leur propre bracelet, leur propre boîte. Il existe néanmoins un excellent exemple de collaboration entre Cartier et Jaeger-LeCoultre. Les deux fondateurs sont amis, et leur proximité entraîne des mouvements Jaeger dans des montres Cartier, à avoir même des Cartier “Reverso”, qui est un brevet déposé par Jaeger-LeCoultre.

Ainsi, tu peux retrouver dans des montres Boucheron des mouvements Omega, dans des montres Cartier des mouvements Jaeger-LeCoultre ou European Watch Company. Chez Rolex, leurs “Chronograph” antérieures à 2000, c’est un mouvement Zenith ou encore avant, un mouvement Valjoux.

Par-dessus tout ça, tu as ce qu’on appelle les “double-signatures”. Par exemple, tu as un cadran Rolex avec une signature Tiffany & Co., cela signifie que ces montres-là étaient vendues dans les boutiques Tiffany & Co. À l’époque, le prestige ne venait pas de Rolex mais de Tiffany, le distributeur. Je possède un exemple avec une Audemars Piguet, marquée par Chaumet.

Pendant longtemps, Hermès vendait des montres, notamment des Universal Genève. Elles étaient gravées à l’arrière ou signée sur le cadran. C’est en quelque sorte un symbole de validation.

Comment fonctionnent les “custom” dans l’horlogerie ?

À partir du moment où tu customises ta montre, et que ça n’a pas été fait par la maison, tu dévalues totalement la montre. Acheter une montre, la paver de diamants, ne fait pas du tout prendre de la valeur à l’objet.

Tu viens de lancer “Kantieme”, ton gros projet autour de l’horlogerie. Peux-tu le présenter ?

Je n’avais pas vraiment de vitrine pour parler de ce que je faisais, pour exprimer ma vision de l’horlogerie. Je me suis retrouvé avec mes amis, tous de cette jeune génération de marchands, et je me suis dit qu’on a une vision particulière de cet art. Kantieme est un cabinet de curiosité. Tu vas retrouver des montres, des goodies autour de l’horlogerie, des articles que j’ai écrit.

C’est un moodboard de tout ce que j’aime. Toute une partie sur le site, appelée “vision”, incarne vraiment mon approche de l’horlogerie, toutes mes influences. Ça regroupe des rappeurs qui portaient des montres, des acteurs.

Où vas-tu chiner ces inspirations ?

Je scanne beaucoup de magazines. Je crois que Tumblr n’a pas encore fermé son site car ils voient qu’il y a encore quelqu’un actif. Instagram est aussi une excellente source d’infos.

Sur Kantieme, on découvre également de nombreux accessoires autour de l’horlogerie. Peux-tu me parler de ce marché-là ?

L’horlogerie est accompagnée de nombreux objets publicitaires. Les marques faisaient aussi de nombreux cadeaux. On peut retrouver des parfums Rolex, des cendriers Cartier, un parapluie Patek Philippe… Ces cadeaux étaient souvent offerts aux clients fidèles. Aujourd’hui, on voit beaucoup de collectionneurs de goodies.

Un très bon ami, Jojo La Montre (@jojolamontre), est un fin collectionneur de ces objets qui représentent un peu une époque précise.

Julien Toretto, photographié à Paris par Moïse Luzolo

Sur Instagram, de nombreuses pages spécialisées en montres sont apparues. Comment te sers-tu du tiens (@sadtoretto) ?

Instagram est devenu mon canal n°1. Que ce soit en termes de ventes, d’achats et de connexions. Il y a aussi ce truc de quand tu tombes sur une photo d’une belle montre, tu as envie d’interagir. Ce côté “communauté” horlogère est très présent sur Insta.

Des grandes associations ont marquées l’histoire des montres. On pense à Federer et Rolex, aujourd’hui Richard Mille avec Nadal ou les pilotes de F1…

Richard Mille est le parfait exemple de la tool watch contemporaine. À l’époque, on utilisait des montres de plongée, où c’était vital d’avoir une montre étanche. Richard Mille prouve qu’on peut porter une montre, être à plus de 300 km/h et que la montre marche parfaitement. Pour Rafael Nadal, cela montre qu’elle peut résister à des mouvements brusques d’un match de tennis.

Des montres t’ont-elles marquées pour leur prestige, leur design ?

L’exemple de la Reverso est très bon. Cette montre qui se retourne pour avoir une protection lorsqu’on joue au polo, c’est très séduisant. Quand quelqu’un porte aujourd’hui une Reverso, personne n’a regardé de match de polo mais connaît l’histoire.

Archive d’une publicité de la Jaeger-LeCoultre Reverso

Il y a aussi Triton et ZRC, qui sont deux marques de plongée, qui au lieu d’avoir la couronne de remontage de leur montre à 3 heures, avait la couronne à 6 heures ou à midi. Afin d’avoir une protection et ne pas risquer d’accrocher la couronne en plongeant.

Existe-t-il des montres qui t’ont inspirées au cinéma ?

Il y a des montres qui ne me parlent pas plus que ça, mais que je trouve tellement cohérentes. Tom Cruise, dans Top Gun, porte une Porsche Design qui colle parfaitement avec son personnage, avec l’utilité de la montre. On parlait de Tony Soprano précédemment.

Lui, c’est un boss de la mafia new-yorkaise, je ne le vois pas avec autre chose qu’une Rolex Day-Date qui est, comme le disait la pub, “la montre du président”. Dans Drive, Ryan Gosling porte une Patek Philippe “Calatrava”, j’aime cette cohérence parfaite avec le personnage.

Tu m’avais parlé d’une Piaget portée par De Niro, dans Casino.

Complètement ! C’est pareil, là, je me dis que la montre colle parfaitement. Il porte une Piaget Polo, c’est une montre en or, typique des années 1970, un bracelet intégré, c’est parfait. Dans The Irishman, De Niro porte une Mathey-Tissot en or, bracelet intégré tissé, qui est juste et complète parfaitement le personnage.

La montre Mathey-Tissot en or, portée par Robert De Niro dans “The Irishman”

Enfin, comment vois-tu l’avenir des montres anciennes, alors que les montres connectées ne cessent de se développer ?

C’est une bonne question qui me permet de faire un parallèle avec l’histoire de l’horlogerie. Au début des années 70, l’industrie horlogère suisse est frappée par la crise du quartz. Les Japonais arrivent avec ce nouveau mouvement, qui est le mouvement à quartz, à pile, et qui décime l’horlogerie suisse sur plusieurs années. À l’époque, tout le monde annonçait la mort de l’industrie horlogère suisse en affirmant “les montres mécaniques, c’est terminé !”.

Et puis il y a eu un rebond impulsé par le consommateur qui cherchait à retrouver l’art horloger, les belles complications. Cet aspect romantique de l’horlogerie. Même si aujourd’hui, le premier vendeur de montres au monde est Apple, je pense que le marché de la montre de collection ne s’est jamais aussi bien porté que maintenant. Les gens n’achètent plus de montres pour avoir l’heure, mais aussi pour une esthétique.