C’est le grand gagnant du confinement et de la période (transitoire ?) actuelle, le digital est désormais un indispensable pour tous. Bien sûr, la période d’avant COVID n’était pas l’âge de pierre et les usages digitaux étaient déjà multiples, mais la restriction de mouvements puis la nécessité de maintenir au maximum la distance sociale ont été une sorte d’accélérateur à la digitalisation tant au niveau personnel que professionnel.
Sur le plan personnel, les écrans ont été une solution idéale pour tuer l’ennui des très longues journées. Si les plateformes sociales ont toutes vues leurs taux d’utilisateurs actifs augmenter considérablement (+ 14% pour Twitter, nombre d’appels visio multipliés par deux sur Whatsapp et Messenger ) le grand gagnant reste Tik Tok, passé en quelques mois d’application pour les (jeunes) amateurs de chorégraphies à un phénomène mondial se positionnant en tête des applications les plus téléchargées dans le monde.
Plus que de simples outils de divertissement, les jeux vidéo sont devenus des plateformes d’échanges et d’expériences
Autre secteur qui a pu tirer bénéfice du confinement, celui des jeux vidéo. Le mois de mars a vu le nombre de téléchargements de jeux mobiles bondir de 30% par rapport à l’année précédente, tandis que les consoles et les jeux ont été également pris d’assaut dans les magasins. Et comment oublier ce raz-de-marée Animal Crossing et son très capitaliste business de navets ou l’incroyable concert de Travis Scott dans Fortnite ?
Plus que de simples outils de divertissement, les jeux vidéo sont devenus des plateformes d’échanges et d’expériences à part entière, soutenues par des médias dédiés comme Discord ou Twitch qui permettent de pousser l’interactivité à son paroxysme.
C’est ainsi que Twitch, plateforme initialement dédiée à la consommation de vidéo gaming en direct, s’est popularisée à vitesse grand V. Pour preuve, la catégorie “discussions et débat” est désormais plus regardée que celle sur les jeux vidéos. Le succès de Twitch tient avant tout sur la possibilité d’interaction (via le chat, via des sondages ou des jeux…) qui modifie l’expérience du spectateur. Celui-ci n’est plus passif, il devient un élément actif de l’émission.
Le public doit il accepter que les marques soient plus intrusives sous prétexte d’une expérience plus poussée ?
Devant ces modifications du comportement, les marques ont très vite cherché à se positionner pour continuer à exister et si certaines avaient déjà un coup d’avance (Nike en tête avec son flagship House of Innovation), d’autres se retrouvent à devoir impulser une stratégie de dernière minute au risque de se voir complètement largué par la concurrence.
Hors désormais, le public souhaite plus que jamais vivre une expérience lorsqu’il s’agit du digital et c’est là que le bat blesse : si la consommation du digital a augmenté sur le plan de la consommation de contenus, le public doit il accepter que les marques soient (encore) plus intrusives sous prétexte d’une expérience plus poussée ? Dans cette période post-confinement où chacun a pu faire son introspection, on parle d’un nouveau monde, de nouveaux modes de consommations, d’un retour au local et à des valeurs plus simples.
Ces volontés sont elles compatibles avec les objectifs commerciaux de digitalisation des marques ? On parle ici de télécharger une application pour pouvoir profiter d’un pick-up in store ou d’une expérience en magasin plus poussée basée sur nos goûts, nos choix et du flot de data récoltée par ces mêmes marques pour mieux cerner nos profils, nos habitudes et convertir le tout en achats. Il semble être important de prendre conscience que la plupart de ces stratégies sont basées sur des considérations économiques bien loin des discours bienséants mis en avant depuis la fin du confinement.
Le monde de demain sera digital c’est une certitude. C’est aussi une chance tant cela offre des possibilités inimaginables, en revanche, loin d’un discours manichéen, cette digitalisation soulève un flot de questions intéressantes. Tant sur la place des consommateurs que sur celle des grandes enseignes qui souhaitent profiter de ces nouveaux outils pour se rapprocher encore plus de leurs cibles. Une relation de je t’aime moi non plus façon Daenerys Targaryen et Jon Snow, avec une issue un peu plus positive on l’espère…
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