Il suffit parfois de très peu pour réaliser qu’un artiste est spécial, qu’il possède un facteur X pouvant faire de lui une immense star. C’est exactement la sensation que procure la musique de Roddy Ricch.
Il a beau être de Compton, Roddy Ricch n’a pas grand chose à voir avec le rap de Los Angeles et plus globalement de la Californie, en tout cas pas si l’on écoute sa musique d’une oreille. Musicalement, l’artiste de 20 ans est un produit de l’influence et de l’impact du rap sudiste. Lil Wayne quand il était petit puis par la suite Speaker Knockerz, Young Thug ou encore Future, le style actuel de Roddy Ricch se ressent parfaitement dans les artistes qu’il a écouté par le passé. Cadences, flows, gimmicks, capacité à faire de chaque son qui sort de sa bouche une mélodie, tout cela n’est pas sans rappeler certains de ses mentors cités plus haut. Pour autant, Roddy Ricch n’est pas un énième copycat que l’on oublie vite. Son talent immense lui a déjà permis de s’émanciper de ses influences et d’être l’un des nouveaux visages de sa ville. Car oui, bien qu’il soit beaucoup plus proche de Gunna et Lil Baby que de ScHoolboy Q ou Kendrick Lamar, Roddy Ricch reste un rappeur de Los Angeles. Sa capacité à dépeindre la réalité des rues de Compton dans sa musique nous le rappelle bien, à l’image de l’excellente intro sur Feed The Streets 2.
En novembre 2017, Roddy Ricch sort sa première mixtape Feed Tha Streets avant de sortir la seconde un an plus tard. Si ces deux projets ont évidemment fait grand bien au développement de sa carrière, c’est bien un morceau spécifique qui a fait passer un énorme cap à sa notoriété et à la reconnaissance de son talent : “Die Young”. L’histoire de ce titre remonte au 18 juin 2018. Ce jour-là, XXXTENTACION est sauvagement assassiné à Miami et comme beaucoup de fans, Roddy Ricch est choqué et touché. La nuit qui a suivi, celui qui avait alors 19 ans ne dort pas, et au lieu de ça, il a écrit un morceau partiellement inspiré par le rappeur tout juste décédé. Finalement produit par l’incontournable London on da Track et dévoilé en juillet 2018, le titre est un “hit internet” et, de loin, le plus gros succès de sa jeune carrière. Il cumule aujourd’hui près de 120 millions d’écoutes sur Spotify. Entre mélancolie et musicalité, la recette de “Die Young” peut paraître simple, mais elle est pleinement portée par le charisme et l’omniprésence au micro de l’artiste angelino. À côté de ça, l’urgence qui s’y dégage et le propos auquel on peut facilement s’identifier ne font que renforcer la puissance de ce premier hit de Roddy Ricch.
Globalement, entre sa sélection aux Freshman de XXL, ses collaborations très réussies avec Nipsey Hussle, Mustard ou encore Gunna, tout récemment, font que Roddy Ricch connaît une année 2019 tout aussi, voire encore plus prolifique que la précédente. C’est donc fort de cette ascension et d’un deal fraichement signé avec la maison de disque Atlantic qu’il sortira le 6 décembre prochain son premier album Please Excuse Me For Being Antisocial. De ce nouvel album, on connaît déjà les morceaux “Start Wit Me” et “Big Stepper” et on en attend évidemment beaucoup. Ce projet sera l’occasion pour le californien de s’affirmer définitivement comme l’une des nouvelles stars de l’industrie musicale et surtout, l’un de ses talents plus excitants. Roddy Ricch possède en tout cas toutes les clés pour que l’avenir lui appartienne.
Mais qu’importe ce que l’on pense de lui, Roddy Ricch a déjà gagné lorsque l’on sait pourquoi il a commencé le rap : “Le nombre de morts dans nos rues. En grandissant, on perd des amis en prison. T’as donc tendance à faire quelque chose qui t’aideras à sortir de ça.” Avait-il expliqué à Fader. Pas étonnant non plus que l’un des premiers conseils que Meek Mill lui a donné en le rencontrant a été : “Sors du quartier“. Promis à un environnement difficile, voire très violent, à Compton, Roddy Ricch est en train de réussir son pari d’utiliser le rap pour s’offrir une existence dont il aurait rêvé étant adolescent. Et ce, complètement à la force de son talent. Sur le morceau “Clope sur la lune”, Isha disait l’année dernière : “Le rap nous a sauvé la vie, il mérite d’être aux Beaux-Arts.” Ce n’est clairement pas Roddy Ricch qui dira le contraire.
Son plus récent projet Feed Tha Streets II est disponible en streaming.
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