La déception est de taille. En arrivant chez Alice Pfeiffer, nous espérions débarquer dans un musée du mauvais goût. Récemment autrice de l’essai Le goût du moche aux éditions Flammarion, la journaliste mode ne cache plus sa fascination pour le kitsch, le vulgaire, l’inesthétique. Pourtant, son intérieur respire la sobriété. Tranquillement installée sur son canapé, Alice sirote son café en répondant à quelques mails. Rien d’illogique pour cette plume rompue aux colonnes de Vogue, i-D ou Le Monde.
Sur sa table basse trônent Le Consentement de Vanessa Springora, un paquet de Camel et quelques emballages de Schocko-bons. Dans sa corbeille à fruit, on distingue même un passeport. Pour déceler l’essence du dernier livre d’Alice, il faut s’attarder sur les détails. Entre une collection de Crocs aux coloris flashy et une assiette ornée d’un imprimé représentant des doigts humains, le kitsch imprègne tout de même le foyer de la journaliste.
À peine son ordinateur refermé, Alice entame la conversation. On se rend vite compte qu’il sera difficile de rester concentré. Car pour Alice Pfeiffer, le moche n’est pas qu’une question d’esthétique. Il est avant tout une question de société, au même titre que la mode dans son ensemble. Politique, engagé, conscient, le moche est partout, tout le temps. Il est grand temps de le réhabiliter, et surtout, de le comprendre.
Quelle est ta définition du moche ?
Le moche n’est pas un contraire parfait du beau, qui fonctionnerait de la même façon. Le contraire du beau serait plutôt le laid. Les deux ont des qualités symboliques, bibliques. On parle d’un beau divin et d’un laid associé à des valeurs diaboliques. Le moche, c’est plutôt son petit frère un peu ridicule. C’est ce qui est attendrissant malgré son manque de beauté classique, c’est le vilain petit canard. Le moche, c’est tout ce qui va tomber dans la sphère du ridicule.
En lisant ton livre, on a l’impression que le moche dépend toujours d’un contexte et de références.
Toujours. Par rapport à son âge, aux a priori, à notre éducation, aux origines sociales, ethniques, aux clichés qu’on a subis, à ceux qu’on essaie de fuir… Le moche est un miroir sur nous même. Dès qu’on trouve quelque chose de moche, c’est une façon de dire : je ne suis pas cette personne, je ne suis pas ce consommateur, je ne suis pas le beauf qui aime ça.
Du côté des élites, tu décris une condescendance immuable quand ils comprennent que des gens cherchent à les imiter, à s’approprier leurs codes esthétiques ou vestimentaires.
Il faut une vraie souplesse sociale pour se dire : je me réapproprie le moche et je n’ai pas peur de recevoir les critiques qui lui sont habituellement affublées. Toute la logique de distinction fonctionne par mépris et par rejet de la classe qui “aspire à être comme nous.” En clair : On est nous, on n’est pas comme vous. On se construit en miroir inversé de celui qu’on rejette. On a tous en nous ces récits d’exclusion, de douleur, ces choses qu’on va ressentir jeune quand on ne va pas avoir LA marque de sneakers et qu’on va avoir un truc un peu moins cher. On a tous été le beauf de quelqu’un. C’est ce qui traverse tout le livre, tous les moments où j’ai fait des erreurs, où j’étais vulgaire en pensant que j’étais super chic, où ma famille faisait plouc en pensant être riche… C’est le cœur du moche accidentel, ce moment où on pensait être chic, comme la maman qui n’a pas tellement d’argent, qui se fait toute belle avant de rencontrer une classe sociale plus aisée et de paraître un peu ridicule. Ce sont tous ses souvenirs un peu tristes, mais qui habitent énormément de personnes. Ces souvenirs où on est gênés par ses parents, par ses origines, par sa ville…
Tu évoques une spécificité française à ce propos, voire parisienne.
Ce sont effectivement des fonctionnements qu’on ressent énormément à Paris. Les termes “beauf”, “plouc” ou “caille-ra”… Tous ces mots qui sont faits pour dénigrer quelqu’un qui n’a pas forcément le même capital social et culturel que nous. Ce n’est pas tellement fréquent dans d’autres pays, où il y a une logique de progression sociale. En Amérique, c’est une success story quand tu progresses dans ta vie. Ici, on dit que tu es un parvenu ou un nouveau riche. À quel moment ce n’est pas bien d’avoir réussi à gagner plus que ses parents ?
Tu évoques le registre vulgaire, qui est en plein dans l’actualité avec la polémique du crop top, récemment relancée par Macron. Pourquoi est-ce que la tenue des femmes se retrouve encore une fois au cœur des débats selon toi ?
Crop top et voile en même temps ! C’est fou. Si tu es découverte ou au contraire trop couverte, tu es une sale conne. C’est tombé sur le crop top parce qu’il y a un gros retour de la mode des années 90-2000. Dans les années 60, ça aurait été la minijupe, le décolleté à une autre époque… On est dans la diabolisation, dans le prêt d’attention à une partie du corps qui n’est pas tabou, pas interdite. Ça ne tombe pas hors des règles de décence, on ne parle pas des organes sexuels, des seins : on parle du ventre. C’est une régularisation du corps féminin et une responsabilisation d’une fille si jamais il lui arrivait quelque chose. Je ne sais pas ce qu’est un “vestiaire républicain”, mais ça répond à des règles de chasteté qui sont absolument terrifiantes. Ça m’a bien fait rire que la même semaine, Emmanuel Macron et Brigitte reçoivent Justin Bieber et Hailey Bieber. Elle est arrivée en crop top et j’ai trouvé ça génial, c’est l’ironie parfaite. C’est une espèce de contre première dame d’une Amérique populaire, qui vient d’un milieu redneck et qui parle au très, très grand public. Ils règnent sur leur monde avec des crop tops, c’est parfait.
Dans l’affaire du crop top, on parle surtout de lycéennes, de collégiennes, de filles jeunes. C’est une sexualisation assez étrange non ?
C’est le regard posé sur ces filles qui est gênant. Le crop top raconte plein de trucs, c’est un peu le corps qui aurait grandi trop vite, qui déborderait un peu. Dans la mode actuelle, le crop top est souvent un haut plutôt chaste qu’on aurait un coupé un peu plus haut ou qu’on aurait rétréci. C’est le corps qui s’enfuit du joug parental, mais de là à sexualiser un ventre… On voit les joueurs de foot torse nu, ça ne gêne personne. Je ne sais pas à quel moment le ventre est devenu sexuel. Parce que c’est entre les seins et le pubis ? Cette intention est née du regard masculin. Ça me rappelle l’Angleterre puritaine, où les chevilles étaient considérées comme sexuelles. Du coup, on mettait même des chaussettes sur les pieds de piano parce que ça évoquait des pieds nus.
Quand on lit le livre, on a l’impression que le vulgaire est condamné par les mêmes personnes qui vont le vendre et le promouvoir.
C’est une boucle qu’on a créé tout seul. Ça va être une même logique capitaliste, empreinte de male gaze, qui va mettre ces pièces sur le marché. Puis cette même logique patriarcale va te dire : “séduis” et en même temps “ne séduis pas trop.” La mode est l’un des revenus les plus importants pour la France : Macron a bien conscience que ce sont les marques dont il dépend qui vont mettre en marche les tendances comme le crop top. C’est un cycle qui est complètement terrifiant.
Que ce soit sur le voile ou le crop top, on a l’impression que les politiques tentent encore et toujours de dicter la juste taille des vêtements des femmes. Comment on peut en arriver là ?
Quand une femme présente un corps qui ne répond pas à une logique puritaine et à une sexualité normée, on va lui tomber dessus. La fille qui est “trop” ou “pas assez” allumeuse sera fautive dans les deux cas.
On voit tout de même des icônes pop s’approprier les codes du vulgaire, comme Kim Kardashian, afin d’en faire un marqueur de pouvoir et de féminité. Quel regard portes-tu sur ce phénomène ?
Kim Kardashian reprend plein de codes de la culture drag queen, de la féminité queer, de la féminité afro… Ce n’est pas qu’elle est vulgaire, c’est qu’elle puise dans des sous-cultures qu’elle ne connaît pas bien. Son ultra-sexualisation se réfère à beaucoup de féminités auxquelles elle n’appartient pas. Mais à titre personnel, je la trouve extrêmement drôle. Elle joue son personnage jusqu’au bout. Elle est allée au Vatican récemment, avec une tenue incroyable. Elle s’est déguisée en veuve sicilienne, ce fantasme de la fille italienne sensuelle, qui dans le même temps va au Vatican et joue donc à la femme diabolique, à l’allumeuse. Elle a un langage de provoc’ où elle est constamment sur scène, dans une performance de féminité où elle joue à ce qu’elle veut. Les féminités pour elle, ce sont des tenues interchangeables.
On a l’impression que c’est le cas pour tout le clan.
Regardez Kourtney Kardashian. Elle a un copain rockeur, donc maintenant sa nouvelle identité est rock. C’est hyper drôle. Elle cite The Cure dans toutes ses légendes Instagram, elle apprend à faire du tatouage, elle s’habille tout en noir avec des Dr Martens… Le rock est une culture à part entière, tu ne peux pas juste te dire : “je suis punk rock” alors que tu étais quelqu’un d’autre la semaine d’avant. Les Kardashian ont tellement réduit la mode et les sous-cultures à une coquille purement esthétique, ça en devient un jeu pour elles. Rien de plus. Elles ont même réussi à nous convaincre qu’elles n’étaient pas blanches ! Kylie Jenner a l’air rebeu, que s’est-il passé ?! Tu regardes des photos d’elle jeune, elle avait un tout petit nez retroussé et des taches de rousseur. Elle se maquille quatre teintes plus foncées et c’est soudainement accepté ? Uniquement parce que c’est une des femmes les plus riches au monde ?
Que penses-tu des créateurs, comme Rousteing avec Kim chez Balmain ou Jean-Paul Gaultier à un moment avec Nabilla, qui remettent ses muses là dans des perspectives plus symboliques ? Tu penses que les personnes qui maitrisent les codes de la mode arrivent à s’approprier ces coquilles un peu vides au départ ?
Un Olivier Rousteing répond à certains codes liés à une culture afro, mais la France n’est absolument pas prête à consommer une campagne avec un couple afro-américain. Ils ont besoin d’une blanche quelque part, ils se disent : “Kim l’est, mais pas trop, c’est parfait”. Et parfois les choses ne marchent pas du tout, comme avec la marque de Rihanna chez LVMH qui vient de s’arrêter. On a dit qu’elle n’était pas assez présente, mais c’est surtout tout un imaginaire luxe qui n’est pas prêt à tolérer une fille de la Barbade fumant des joints. Parce que si Rihanna n’est pas une icône, je ne sais pas qui l’est. Mais les clients du luxe n’achetaient pas sa marque, donc on peut se demander ce qu’il s’est passé. C’était des vêtements bien foutus, l’équipe créative était bonne, les pièces répondaient aux normes et aux standards d’une maison de luxe actuelle. Les gens n’étaient pas prêts à associer Rihanna et haute-couture.
Quelles icônes du luxe as-tu en tête en évoquant ça ?
J’avais fait un voyage de presse Chanel à Singapour, c’est très chic dit comme ça (rires), où les clientes se levaient pour littéralement toucher Karl Lagerfeld. Hedi Slimane a été une icône de cette trempe à un moment. Sur cette marque, le public n’a pas réussi à assimiler que Rihanna était le visage et la source de l’investissement de LVMH.
On en revient à cette élite décisionnaire, qui définit le beau et le moche dans la mode ?
Ils avaient besoin d’une nomination forte, ils ont pris Rihanna après Black Lives Matter. Il y a eu un gros mouvement de recrutement de personnes racisées dans la mode. Ce qui est bien, ça montre une volonté de diversification. Mais Rihanna qui fait un an chez LVMH, c’est hyper triste.
Pour rester sur le même groupe, quel regard portes-tu sur le travail d’un Virgil Abloh chez Vuitton ?
J’espère qu’il va durer un peu plus longtemps. Il a la crédibilité d’avoir été proche de Kanye, d’avoir été dans le rap au moment où ce courant explose sur les podiums. Côté mode, il a compris un truc. C’est un excellent homme d’affaire. Il a très bien saisi ce qui faisait vendre et ce qui parlait aux plus jeunes.
Sur notre Instagram, on est récemment revenus sur la célèbre photo de Kanye, Don C et Abloh en 2009 à la Fashion Week, quand ils se font refouler des défilés. Leurs outfits sont très chers, mais ils restent des parias, pris de haut par l’élite de l’époque. Que s’est-il passé en 10 ans pour que ces gars-là dominent la mode ?
Est-ce qu’on peut parler d’effet de mode ? C’est quand même terrible qu’on parle de physique et de couleur de peau comme d’une mode. Très régulièrement, la mode se blanchit, réalise que c’est super excluant, se re-diversifie, exclut les personnes qu’elle avait inclus quelques saisons avant… Ce n’est pas vraiment la première fois. Jean-Paul Gaultier et Jean-Paul Goude avaient eu un réveil soudain, qui n’a pas duré. On est arrivé au tournant des années 2000 et c’était reparti pour de la Kate Moss, ce genre de silhouettes. On s’est pris 10 ans de rock infernal dans la gueule. Des skinny jeans, des corps blancs très minces… Le fer de lance de ce mouvement, Hedi Slimane, est nord-africain et il ne veut absolument pas qu’on lui en parle. Il n’y a jamais fait allusion dans son boulot ou dans ses interviews. Je suis contente que le slim soit enfin sortis de mode, on peut de nouveau avoir des seins (rires).
La perception du corps a changé selon toi ?
On en sort enfin de cette vision du corps très chaste, habillé de contre-cultures caucasiennes, comme le mod, le rock, les chaussures pointues, les mulets… Le public en a eu marre et s’est rendu compte de l’exclusion géante, créant un effet de balancier. Il y a eu beaucoup de prises de paroles dans l’ère du temps. Le mouvement BLM a aidé à mettre en avant des problématiques avec lesquelles la mode a flirté.
Est-ce qu’on n’est pas tombé dans l’extrême inverse ? Dans le chapitre sur le “joli-laid” tu charges les bobos qui s’extasient devant des barres HLM et sur la street-culture. La mode actuelle fait-elle de l’appropriation culturelle ?
Complètement. Ce ne sont pas seulement les mannequins noirs. En général, on rattache tout ça à un univers de rap, qu’on veut rattacher à un univers dit street, donc extrait de classes populaires. Il y a une fascination de classes, de barres d’immeubles, de brutalisme… C’est encore une façon de se rappeler, qu’en miroir, on est privilégiés.
Les gens sont fascinés par des choses qu’ils n’ont pas connues.
C’est pratiquement colonial quand on y pense. Au lieu de voyager dans des contrées lointaines, on dépasse le périphérique.
Est-ce que ce n’est pas une dérive inhérente à “l’encanaillement” du milieu de la mode, qui cherche toujours à être subversif ?
C’est très juste. Mais ce qui me gêne ici, c’est que ça touche à une histoire coloniale qui n’est absolument pas adressée. Si on se moquait des white trash, est-ce que ça me poserait moins de problèmes ? Si on était allé dans la Drôme, chez des rednecks américains, chez des chavs anglais ? On parle ici des seuls coins de Paris qui sont invisibilisés, fortement métissés et avec une population majoritairement issue de l’immigration. Ce ne sont pas des lieux de beaufs blancs.
Surtout que financièrement, le profit retombe toujours dans les mêmes poches, celles des grands groupes. Tout au long de ton livre, on a l’impression que cette élite dominante, quoi qu’elle fasse, ne tombera jamais sous le coup du moche. Tu l’expliques bien en parlant des fripes, qui sont jugées cool par les bobos et à l’inverse, comme un symbole d’échec pour les classes populaires. On a l’impression que les riches ne pourront jamais se tromper stylistiquement.
C’est systémique. La structure entière est faite pour que l’erreur n’existe jamais. Tu retomberas toujours sur tes pattes, au prix des pattes coupées des autres.
C’est comme le jean troué, un aveu de faiblesse pour quelqu’un issu de la classe populaire, alors que pour un riche…
Pour un riche, ce sera subversif. C’est un schéma de domination classique. Les tresses plaquées sur une meuf afro-descendante, les gens vont dire que ça fait souillon. Mais ça devient un statement de subversion, de chic et d’avant-garde uniquement quand c’est porté par une personne à qui ce n’est destiné.
À terme, tu penses que toutes les esthétiques jugées moches vont tomber sous le joug de cette élite et de ces grands groupes ?
J’ai peu espoir. On a une lecture tellement affinée de ce qui est moche, de comment on peut en jouer et de comment la réinjecter dans l’avant-garde. Le luxe est extrêmement rapide, vorace. Il a le nez creux. Toute tendance bascule extrêmement vite dans un système capitaliste affuté.
Que penses-tu d’une marque comme Balenciaga, qui enchaîne les buzz autour de son travail sur le moche, le non-naturel ?
J’en ai marre. Demna Gvasalia fait vraiment un moche de redneck. Il a grandi dans la banlieue géorgienne, il y a une espèce de kitsch d’Europe de l’Est que j’ai vu moi-même dans ma famille. Les street kids russes, les nappes à fleurs cirées, la babouchka, le bling de l’ancien bloc soviétique… C’est un imaginaire qu’on n’avait pas vu depuis longtemps et qui fait sa différence.
On a l’impression que Demna ne peut pas s’empêcher de faire ce qu’il sait faire, alors qu’un créateur comme Kim Jones va quand même plus respecter l’histoire de sa maison.
C’est très juste. Demna Gvasalia a été tellement sacralisé en tant que it-boy de la mode, qu’on le laisse parler de lui. Il évolue parce que c’est une modasse, il en a marre de ce qu’il faisait il y a trois ans. Et nous aussi on en a marre. Tout le monde en a marre très vite. Demna vomit ce qui lui plait. C’est le jour et la nuit avec le Balenciaga d’avant. Il n’a pas fait l’effort d’avoir une passation un peu tranquille avec le créateur d’avant. C’était une rupture complète.
Il parvient quand même à rester très consensuel, avec du Balenciaga en typo bold sur des t-shirts, des hoodies, des sneakers à succès… Il est subversif, mais il imprime du hoodie et du t-shirt à foison pour le très grand public.
On les voit partout, c’est vrai. L’expérience est toujours la même, tu vas aux Puces de Clignancourt, tu vois ce qui a été copié. Et la Triple S, elle est encore partout. J’en avais vu une marquée Triple C un jour (rires). J’adore les contrefaçons quand elles expérimentent et qu’elles proposent un modèle qui n’a même pas été créé par la marque. Quand les TN étaient à la mode, il y avait des variantes contrefaites incroyables. Pareil pour les bananes et sacoches Vuitton, des pièces qui ont seulement existé en contrefaçon. C’est une relecture vraiment unique.
CRÉDITS
Photos : Tony Raveloarison (@tony.r3)
Interview : Julien Perocheau (@julienperocheau)
Production : Julien Bihan (@julienbihan)
Graphisme : Noémi Bonzi (@duchessebonzi)